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dimanche 1 novembre 2020

 Guignol politique tunisien

 

L'opéra-bouffe du guignol politique n'est certes pas propre à la Tunisie, mais les acteurs y excellent, la plupart de nos politiques n'ayant rien en tête que cet obscur objet du désir qu'est le pouvoir ; pour y rester, le garder ou l'avoir, ils seraient prêts à aller jusqu'à la pornographie politique. Peu leur importe qu'ils soient vus en guignols, se ridiculisant chaque jour davantage, espérant tromper un peuple bien plus intelligent qu'ils ne le jugent. Car s'il est une marionnette dans ce pays, ce n'est certainement pas le Tunisien du peuple !

Comme la tête des marionnettes, la langue de nos guignols politiques est faite de bois ; et si ce bois n'est pas de tilleul, c'est leurs propos qui sont faits de tel soporifique. Mais leurs bras sont similaires, rigides chez les deux, aussi bien à l'action véritable qu'à la dureté des diktats que subit de leur part le peuple. Et comme toute marionnette, nos guignols n'honoreraient pas le lustre des palais de la République dont ils raffolent s'ils n'étaient pas manipulés, particulièrement celui du peuple, son parlement. Une bonne partie des députés n'y sont que par les intérêts, capitalistes pour le moins, voulant faire de la Tunisie un marché ouvert sans compensation véritable, imposé à un peuple immobilisé dans une réserve, comme les Indiens d'Amérique.

Au Bardo, aujourd'hui, on a le trio bien connu du théâtre : Guignol, le personnage principal, tisserand ou ouvrier de la soie, qui a une personnalité complexe, à la fois honnête et sans scrupules, aux coups de bâton palliant l'astuce quand elle ne marche plus. Notre Guignol national réussit aussi à marier contraires et paradoxes ; il est une universelle araigne, comme on disait de Louis XI, filant de la soie d'araignée ; on sait à quel point la soie d'araignée éclipse les réalisations humaines en science des matériaux. Comme le monarque français, notre guignol nominalement hors du pouvoir exécutif, en gère tous les détails, usant de la ruse grâce à ses réseaux, ne misant sur la force qu'en cas d'extrême nécessité. Cela lui permet de rêver être le centre du pouvoir, au pays ou en son parti, indéfiniment. Nous y avons également Madelon, épouse ou fille dudit Guignol. Femme de caractère, acariâtre, cette « Mère la Grogne » est souvent battue à cause de son  bavardage. Ce sont exactement des traits de notre guignol politique qui est aussi attentif aux délices du pouvoir que Madelon l'est aux rentrées d'argent. Comme elle, se permettant des coups d'arquebuse pour se réchauffer, le nôtre ne dédaigne pas les faits d'armes, y compris avec les pétards mouillés. On a enfin Gnafron, compagnon de Guignol, héritier de Polichinelle. S'il est cordonnier, le nôtre n'est pas le plus mal chaussé, et il sait à merveille manipuler la besaiguë pour arrondir les angles, polir les aspérités de la politique. Il sait en faire également une arme pour ses propres intérêts, jouant au fanfaron quitte à se dédire s'il ne trouve pas chaussure à son pied.  

Ce guignol politique ne traduit rien de ce qu'a manifesté une révolution qui n'a pas été l'émanation des partis, le produit d'un encadrement. Or, nos politiciens députés prétendent incarner la volonté populaire alors qu'ils ne représentent que leur ego, le peuple en étant étranger ne serait-ce que du fait de leur âge, leur train de vie, leurs préoccupations. Ils ne font qu'installer la dictature de leurs partis au pouvoir, articulée à un ordre moral, religieux et profane, imposé à la société. Ils se soucient si peu des revendications de solidarité sociale, de dignité. Même les droits et libertés consacrés par la constitution grâce à l'activisme de la société civile ne sont pas encore concrétisés, le droit en vigueur étant celui de la dictature. On prépare à petit feu la sauce à laquelle sera mangé un peuple dédaigné. Au lieu de lui rendre sa souveraineté, ceux qui ont échoué à gérer le pays s'affairent à bétonner leur pouvoir par des élections renouvelant leur légitimité, asservir le peuple sur l'autel d'un capitalisme sauvage.

Sous prétexte d'autorité de l'État, la dictature des intérêts mercantiles revient au galop dans le pays à trevers un parlement en nouvelle dictature. La seule différence par rapport au régime déchu, c'est que ces intérêts ne profitent plus à une seule maffia. Il faut être aveugle pour ne pas voir l'état du peuple, sa faim de nouvelles réalités accompagnant la fin du monde ancien. Rien ne sera plus comme avant ; car à sa faim physique s'ajoute une faim spirituelle et politique. Les partis qui cherchent encore à instrumentaliser cet élan populaire ne réussiront pas à continuer de tromper et abuser, volant au peuple son œuvre pour réinstaurer la système déchu, mais un système de l'ombre cette fois-ci. Et pour tromper, au nom de la démocratie, on offre au peuple un cadre formel d'un mécanisme électoral vidé de sens, destiné à légitimer une camarilla au pouvoir ne représentant que ses intérêts. Or, la démocratie qu'exige le peuple est une démocratie revitalisée (une démoarchie) où les masses, dans leurs localités et régions, exercent le pouvoir, choisissant des élus qui leur rendent compte à tout moment selon un contrat de mission qu'ils sont tenus d'honorer au risque de mandat déchu. Ce peuple a donc bien faim d'une vraie démocartie et guère plus une daimoncratie, et qui soit une incarnation d'une politique éthique (poléthique). C'est le pouvoir de décision à l'intérieur du pays qu'il faut pour faire de la Tunisie une démocratie où le peuple gère ses intérêts selon ses besoins. On ne peut plus vivre avec un État centralisé où les décisions nationales se prennent verticalement, dans des cercles coupés des réalités de terrain. Avec son mode de vie, ses indemnités, le personnel politique fait honte en un pays pauvre où l'État n'a plus à avoir de somptuosités afin d'être celui du peuple. Aussi, dans notre pays zawali, les élites doivent-elles refléter la condition de leurs élus, sinon elles le forceront à squatter la rue comme eux squattent les allées du pouvoir. Ainsi, ils ne font que préparer imparablement une réplique du coup du peuple, l'acte second d'une révolution loin d'être finie, continuant dans les esprits, étant d'abord mentale. Or, l'esprit est désormais le maître souverain des actes, conscients comme inconscients !