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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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mardi 20 octobre 2020

Maladie d’islam 2

Pour des assises rouvrant l’ijtihad en islam

 

Peut-on tuer au nom de l’islam ? C’est la question que l’on doit impérativement poser en un islam devenu malade de ses fausses interprétations et d’une pratique criminelles de certains de ses adeptes ou supposés fidèles. Car nombre de musulmans, parmi lesquels pas mal de gens de bonne foi, y répondront par la positive, arguant la légitime défense. Et c’est l’erreur, le piège même, dans lequel tombent ces personnes abusées qui croient défendre leur religion quand elles la défigurent et y font du tort. Exactement comme les y poussent, machiavéliquement, tous ceux qui veulent que l’islam, cette foi culturelle universelle, soit un simple culte obscurantiste, assassin qui plus est.

La parlote ne suffit plus

Ces vrais ennemis de l’islam ne sont pas que ses adversaires déclarés, car ils ont pour efficaces et plus actifs complices des musulmans déclarés, mais intégristes, ne comprenant l’islam qu’au degré premier de son moment historique, religion en construction dans un environnement d’adversité absolue, tout en ignorant son instant éternel qui est fait de principes fondateurs d'une foi spirituelle et libératrice, de droits et de libertés.

Or, ils sont dangereux, car vicieux, jouant avec maîtrise de l’art de la jonglerie. Et ils usent sans foi ni loi de tous les moyens pour justifier leur fin qui n’est que faire rimer la foi d’islam avec leurs intérêts. Surtout quand ils sont au pouvoir. On le vérifie régulièrement avec des instances ayant pignon sur rue, n’hésitant pas à condamner tout crime crapuleux perpétré au nom de l’islam, dont le dernier en banlieue parisienne, tout en couvrant l’apologie, par ailleurs faite, par des voix subalternes. On ne le sait que trop : quand on manque d’éthique, on n’hésite pas à parler dans le vide, se retenant surtout d’agir et à bon escient.

En Tunisie, le parti le plus nombreux au parlement vient de condamner publiquement le dernier crime terroriste endeuillant les enseignants de France. Et d’affirmer péremptoirement que « le phénomène du terrorisme (…) n’a pas de religion ».  Mais pourquoi donc, au vu de son poids électoral et de ce credo ostentatoire, ne prend-il pas l’initiative d’une déclaration sans circonvolutions de langage, tours et détours ? Par exemple, une adresse solennelle au parlement qu'il préside décrétant clairement que la cause du mal qu’est le principe sacré motivant les actes terroristes — le jihad mineur — est bel et bien close en islam ? Car il ne reste plus aujourd’hui que le jihad majeur, que le croyant se doit de livrer à ses pulsions, notamment criminelles, afin de les maîtriser et les éradiquer ! N’est-ce pas qu'ainsi on s’attaquera bien mieux, plus sincèrement et utilement au terrorisme pratiqué au nom d’un islam innocent de ce que lui prêtent les terroristes qu'on fait mine de condamner ?

Et le gouvernement qui a été prompt à assurer son homologue français de sa sympathie, à rappeler ses positions et ses efforts pour lutter contre le terrorisme et condamner ses auteurs, pourquoi ne saisit-il pas cette occasion en or pour agir efficacement, ne se limitant plus aux effets de manche en nommant le mal, y appliquant la médication qu'il faut, osant le remède de cheval qui s'impose désormais ?

Refonder le droit musulman

Au vu de la situation actuelle, le seul antidote qui est de nature à na pas être juste de l'ordre du cautère sur jambe de bois est d'appeler solennellement à des assises nationales en vue de refonder le droit musulman actuellement en vigueur. Il est impératif de réformer la lecture actuelle faite par les intégristes musulmans de leur religion en rouvrant la voie à l’ijtihad et à la refondation d'un fiqh devenu criminogène. N'oublions donc pas qu'il a inspiré et inspire le terrorisme de Daech, qu'il donne une conscience tranquille aux terroristes et qu'il justifie aussi les turpitudes d'un islam officiel appliquant encore et toujours les cogitations dépassées des jurisconsultes d'islam.

Or, ces derniers ont eu le mérite de faire l’effort d’interprétation de leur foi pour leur temps, essayant de bien en comprendre la philosophie humaniste selon l'esprit de leurs temps obscurs, sauvages même. Ils n'ont jamais prétendu leur effort juste ni intangible, car ils savaient pertinemment que si le Coran est éternel, que ses préceptes sont pour tout temps et espace, ce n’est nullement le cas de leur interprétation humaine imparfaite par définition, devant donc être revue et actualisée pour tenir compte des évolutions de la raison humaine.

N'est-ce pas, au reste, la caractéristique de la science qui se doit d'être réfutable ? N’est-ce pas aussi ce que Dieu lui-même a montré à ses fidèles en démarche scientifique, révélant son message d’une manière évolutive et progressive, appelant à toujours user de la raison, n’hésitant pas à faire évoluer ses préceptes au fil de la révélation ? Or, il le fit même pour des questions de dogme les faisant évoluer ; comment donc cela ne toucherait-il pas les aspects mineurs relatifs aux choses humaines ?

On le sait, c’est une décision politique qui a amené à la fermeture de l’effort d’interprétation en islam à la fin de la partie brillante de l'ère abbasside ; aussi, une autre décision politique dont venir annuler celle qui a précipité la déchéance de l’islam et sa banqueroute. Seule une nouvelle interprétation de la foi d’islam au vu de ses acquis en termes de civilisation grandiose et de culture raffinée est en mesure de le sauver de la périlleuse maladie dont il souffre et sortir ses adeptes les plus nombreux de cet islam virtuel, une conception purement théorique qui en fait une foi d’amour et de miséricorde, mais juste désincarnée, sans assise réelle concrète, et ce faute de droits avérés et de libertés effectives.

Ce qui commande, redisons-le avec force, d’oser répudier notre lecture datée de cette foi qui a été une modernité avant la lettre (ce que je nomme rétromodernité) pour retrouver au plus vite la vraie foi de l’islam pur, en phase avec la révélation première. Car l'islam éclos à La Mecque est une foi spirituelle de droits et libertés, une religion qui est d’abord une culture et une philosophie de vie avant d’être un simple culte comme l’ont été le judaïsme et le christianisme en leur temps avant d’évoluer grâce à la démocratisation de leurs sociétés.

Or, la Tunisie se veut en transition démocratique et cela impose d’intégrer en premier la réforme des mentalités en parallèle avec celle des lois, y compris la première entre toutes en un pays d’islam, celle de Dieu.  

Tribune publiée sur Réalités Magazine n° 1816

du 22 au 28 octobre 2020, pp. 16-17