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dimanche 13 septembre 2020

Éthique, impératif catégorique 5


Transfiguration du politique : 
une conscience objectivée 



Les juristes connaissent la pyramide de Kelsen, sa hiérarchie des normes mettant la constitution au-dessus du système juridique. Ce formalisme, s'il a rendu et rend service, n'est plus pertinent en une époque de confusion des valeurs. Nos normes juridiques sont à renouveler pour passer d'une démocratie minimaliste à une démocratie maximaliste que je nomme démoarchie. Car même dans un État de droit, le politique, aspect subjectif éminent, doit être pris en compte ; ce qui est évident en démocratie en transition. Si la politique y corrompt, vide de tout sens l'État de droit comme on le voit, il est seul parfois à l'édifier. Comme il ne suffit plus de parler d'État de droit, mais d'abord de société de droits, il importe aussi de parler de conscience et d'éthique des responsables, la société étant une constellation d'individus qui ne sont pas désincarnés, ayant une subjectivité. En tenir compte autorise une transfiguration du politique afin de sortir de la démocratie minimaliste, appelée représentative, réduite au formalisme des élections et à une représentation théorique pour une démocratie maximaliste, participative ou directe, se souciant du sort des institutions, du modèle économique de développement, des solidarités sociales et culturelles. C'est ce qu'il nous faut et ne se réduisant plus à ce qui se fait dans les pays dits démocratiques où il le système se réduit souvent à une coquille vide, la légalité se trouant d'illégalités. 
Pour y échapper, l'impératif de la conscience s'impose, car la politique sans conscience, tout comme la science, n'est que ruine de l'âme. On voit bien comment la souveraineté du peuple est illusoire, confisquée au profit de partis ne remplissant plus leur rôle classique, désormais servi par les associations et une société civile libérée. Aussi, le peuple ne peut exercer sa souveraineté qu'à l'échelle le plus à proximité de ses intérêts, soit à l'échelle municipale et régionale. Ainsi se saisit-il de ses affaires, reprenant confiance en la politique. Ce qui se ferait sur la base d'élus locaux, connus personnellement par les électeurs, élus sur des dossiers concrets, selon un contrat de mission dont ils seront comptables, autorisant d'avoir les élus crédibles au parlement. C'est ce que je nomme compétensuelle mettant à l'endroit la pyramide démocratique. Pour cela, il faut une élite politique qui parle en conscience ; des politiciens organiques, enracinés dans les soucis du peuple, ne reflétant que ses intérêts, ne s'adonnant pas à la politique politicienne. 
La politique compréhensive est d'être juste de voix et de voie, veillant à s'oublier pour se fondre dans la multitude, muer en un être collectif agissant en conscience. Elle est le retour de l'éthique en politique grâce à la foi et non la fausse morale de la religiosité. Le « devoir être », religieux ou profane et que Nietzsche appelait « moraline » est périmé ; c'est le « pouvoir être » qui est de mise, l'éthique en son sens d'esthétique, une sensibilité à fleur de peau aux peines des masses, une culture des sentiments nobles en soi. Nos politiques ont intérêt à faire leur propre révolution mentale s'ils veulent durer sur une scène devenue ardente où ils ne brilleront guère que telles des lucioles. Ils doivent relever de cette honnêteté évoquée par Montaigne et qui est aussi l'organicité dont parle Gramsci pour les intellectuels ; une congruence avec les sensations du plus humble ; cette modestie sans calculs ni arrière-pensées ignorée des allées du pouvoir. Dans notre tradition spirituelle, nous avons nombre de valeurs illustrant une telle conscience à placer à la tête de la nouvelle échelle kelsenienne. Il s'agit d'une sorte de transcendance immanente du fait populaire qui est une immanence transcendante du fait politique, l'organicité autorisant une fusion avec l'humain tel qu'il se manifeste chez le peuple réel, pris en totalité avec son humus, ses parts d'ombre, ses accents d'inimitiés et ses affections confuses. Politiquement, c'est une langue de vérité, jamais fourchue, ne se parant point de fausses vertus qui ne trompent que ceux qui veulent s'en illusionner. 
Nos politiques manquent encore de ce que je qualifie d'enracinement dynamique, ce qui les coupe du réel où la spiritualité est incontournable, en conformité avec la postmodernité qui est une alchimie entre la technologie sophistiquée et la tradition dans ce qu'elle a de plus immarcescible. Or, nos valeurs traditionnelles relèvent d'une marque indélébile, une lumière en soi, réduite à n'être aujourd'hui qu'un soleil de minuit dans l'obscurantisme intégriste religieux et profane qui nous envahit, d'Orient comme d'Occident. C'est un tel enracinement dynamique, oxymoron révélant l'esprit et le style de notre époque d'effervescences populaires, qu'incarnera la conscience nouvelle, plus haute norme de l'ordonnancement juridique. Impliquant les valeurs juridiques connues, celles impératives en démocratie, elle est aussi cette valeur spirituelle qu'on veut ignorer et qui n'est pas moins pertinente que les valeurs les plus scientifiques. Car elle marque davantage l'imaginaire en une structure anthropologique où l'on réalise à quel point la conscience est en mesure d'être une subjectivité objectivée. Il est donc temps pour nos juristes de sortir d'un juridisme se limitant au supposé visible, l'invisible n'étant pas moins tangible. Il leur faut se pencher sur cet élément subjectif de la conscience pour l'intégrer à l'ordonnancement hiérarchique objectif des valeurs juridiques; car sans la subjectivité humaine, l'objectivité purement formaliste est désincarnée. Pour que cette conscience relève de la pertinence scientifique, ne versant pas dans les dérives idéologiques, elle doit refléter les principes et valeurs normatives inférieures, tout en y ajoutant la plus-value éthique en mesure de leur donner effectivité. Ce ne sera alors plus du droit dévalué, mais augmenté, nous sortant de l'actuelle mythologie du juridisme et de la politique politicienne.