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mardi 3 décembre 2013

Tunisie, un pays zawali 9

M. Zbidi serait-il le futur chef de gouvernement?


  
Le miracle semble demander encore du temps pour se réaliser, même s'il a été tout près de prendre forme par une entente in extremis sur le nom du futur chef du gouvernement de consensus. Pourtant, le secret fut bien gardé pour éviter l'échec des délicats pourparlers. Il semble, toutefois, que le nom de M. Zbidi revenu en force pour s'imposer ait suscité d'ultimes difficultés.
L'ancien ministre de la Défense aurait la côte aussi bien auprès des Américains, l'autre parrain bien occulte du dialogue national, que du chef de Nidé tounes dans le gouvernement duquel il a servi et bien servi. Et Nahdha, qui a toujours veillé à ne pas mécontenter l'allié de toujours d'outre-Atlantique, semblait ne plus pouvoir se permettre de ne pas se rallier à la realpolitik quitte à imploser.  
Certes, M. Zbidi est loin d'avoir tous les suffrages du côté du Front populaire ou de la troïka, notamment au CPR. Mais on sait que ce dernier n'est plus qu'une illusion politique, une carte ayant servi les ambitions du pouvoir de son président à la faveur de la stratégie islamiste.
Or, toute bonne stratégie évolue; et Nahdha n'a plus besoin des services du président Marzouki, surtout qu'il est désormais bien grillé auprès de ses anciens amis militants des droits de l'Homme. En effet, ces derniers en viennent même à douter de la sincérité de l'engagement du président pour les libertés, à voir l'extrême élasticité de son éthique en la matière.
De plus, il n'est un secret pour personne, malgré les dénégations des uns et des autres, que Nahdha n'a jamais cessé de caresser l'option d'un compromis historique avec l'incontournable BCE. N'était l'obstination de l'actuel occupant provisoire du palais de Carthage, cheikh Ghannouchi l'y aurait bien vu après son passage remarqué à la tête du gouvernement d'avant des élections réussies, un modèle du genre en Tunisie, ne serait-ce que parce qu'elles ont donné le pouvoir sur un plateau à Nahdha.
Toutefois, le parti de BCE n'existait pas encore au lendemain de ces élections; et il était encore trop tôt pour Nahdha de jouer cette carte, jamais abandonnée par son gourou.
Aujourd'hui, la donne a changé, et ce n'est pas uniquement l'intérêt partisan qui, pour une fois, commande l'action de cheikh Ghannouch. Il sait que les sacrifices en politique sont comme l'air qu'on respire, et que la bouffée salvatrice peut venir même d'un opposant, surtout à l'article de la mort.
Or, qu'on le veuille ou non, qu'on partage ses vues ou pas, BCE est le seul à pouvoir sauver Nahdha de l'impasse où elle s'est fourvoyée pour cause d'un exercice manichéen du pouvoir. Le parti islamiste a besoin d'une seconde virginité quêtée inlassablement par les moins dogmatiques dans ses rangs, qui pourraient enfin en rêver grâce au talent indéniable, l'aura et l'expérience de l'autre gourou de la politique tunisienne, celui d'une opposition qui a bien le vent de l'histoire en poupe. 
Et il est clair que l'ancien ministre de la Défense du premier gouvernement de la Tunisie révolutionnaire reste une carte maîtresse dans ce jeu de poker menteur où il ne suffit plus de bien mentir pour réussir la partie, puisqu'il faut bien tenir jusqu'à la fin.
Les qualités personnelles de M. Zbidi, son sens de l'État et surtout de l'éthique politique, n'ont pas peu compté dans le choix qui devait être final en se portant sur lui; or, l'argument éthique ne peut qu'avoir grande résonance pour un parti parlant au nom de l'islam ! Rappelons que c'est bien pour raison éthique que M. Zbidi a choisi de démissionner quand il a vu que le gouvernement dont il faisait partie versait dans une pratique dévergondée de la politique.
C'est une politique non politicienne qu'il serait appelé à mettre en œuvre si les conditions qu'il a posées ne sont pas toutes refusées. Ce qui, même s'il nécessite encore du temps, semblait acquis.
Ce faisant, ce serait un très mauvais cadeau que cheikh Ghannouchi ferait pour son ami stratégique de Carthage à la veille de l'anniversaire de ses deux années à la présidence. La politique n'a-t-elle pas ses raisons que l'amitié n'a pas?
Au vrai, M. Marzouki a prouvé durant ses deux années à la tête de l'État que c'était le pouvoir qui constituait sa seule ambition; aussi serait-il bien avisé de démissionner afin de se consacrer à l'objectif de sa vie en ranimant un parti moribond sans lequel il ne serait jamais entré à Carthage. Ce serait l'ultime conseil amical qu'aurait donné M. Ghannouchi à son ami de toujours.