2013 en Tunisie : la présidence Castafiore de Moncef Marzouki *
Avec la fin de l'année, c'est l'heure des bilans. Le premier conseiller du président de la république
chargé de la communication, Mohamed Hnid, vient d'estimer que la popularité de Moncef Marzouki est
actuellement à son zénith; et de s'en prendre aux médias qui chercheraient à
noircir Moncef Marzouki.
Une réputation au nadir
Ayant milité un temps dans le parti du président avant de le quitter
déçu par son manichéisme et l'illusion qu'il entretient sur une prétendue
symbiose entre l'islam et la démocratie, et ayant toujours eu du respect pour
le militant des droits de l'Homme que fut le président de la République, je
dois à la vérité de dire, faisant le bilan de ses deux années passée à Carthage,
que la réputation du militant des droits de l'homme qu'il fut est bien au
nadir. Et je qualifie sa présence à Carthage de présidence Castafiore.
Dans la bande dessinée Tintin du Belge Hergé, le personnage de la
Castafiore est celui d'une cantatrice de renommée internationale dont la
caractéristique majeure est d'avoir une voix puissante qui fait fuir tous ses
amis, son art vocal leur échappant. Tintin, qu'elle propose de prendre en
auto-stop dans l'un des épisodes de ses aventures, préfère continuer à pied son
long chemin que d'avoir à subir sa voix.
Ainsi, réagissent de plus en plus aujourd'hui ceux qui ont fait un
bout de chemin avec Marzouki, préférant continuer sans lui leur militantisme
pour les droits de l'homme. Cela risque aussi d'être le cas pour la Tunisie en
voie de démocratisation. Ils ne se comporteront que comme le fidèle compagnon
de Tintin, le capitaine Haddock, sur lequel la cantatrice a pourtant jeté son
dévolu; il a une particulière aversion pour son type d'air d'opéra; et elle
n'est pour lui que la Castafiole ou la Castapippe.
Cette représentante caricaturale du bel canto, qui aurait été
inspirée par une véritable soprano américaine chantant faux, résume bien les
deux années de présidence de Marzouki faite de convictions fausses, d'annonces
tonitruantes sans contenu réel et d'une agitation politique castratrice pour
les valeurs.
Cela est devenu encore plus évident avec l'initiative malheureuse
du livre noir qui paraît faire définitivement du locataire provisoire de
Carthage, ainsi que l'a dit une ancienne secrétaire d'État en France qualifiant
sa collègue au gouvernement de Castafiore, quelqu'un qui « énerve tout le monde
et (que) le monde fuit ».
De fait, le 12 décembre 2011, le militant Moncef Marzouki en
entrant à Carthage, réalisait ce dont il semblait avoir rêvé toute sa vie, en
tout cas depuis avoir remis les pieds en Tunisie après la Révolution du peuple.
Il y est rentré avec la détermination de prendre Carthage comme on prendrait
d'assaut le char de l'ennemi en guerre. Son passage à la tête de l'État de
Monsieur Marzouki risque demain, à l'heure des comptes, de laisser peu de
traces, sinon d'être qualifié de présidence Castafiore.
Tintin à Carthage
Assurément, c'est par une interjection que répondra demain
l'histoire sur le bilan des deux années du président Marzouki en matière des
droits de l'Homme : tintin !
Jugeons-en succinctement en points illustratifs avant d'aborder
plus loin quelques péchés capitaux :
L'abolition de la peine de mort, une cause supposée éminente pour lui et pour
son parti. Il ne fit rien pour l'insérer dans la Constitution au prétexte que
son partenaire islamiste y opposait un veto définitif. Pourtant, j'ai
personnellement enregistré une évolution certaine de nombre de membres de ce
parti sur la question, envisageant favorablement l'idée que j'ai défendu de
transformer les couloirs de la mort en des ères de spiritualité. C'est que,
dans le même temps qu'une sacrée évolution en termes symboliques de la
démocratie tunisienne, cela permettait des retrouvailles avec l'esprit tolérant
de la vraie spiritualité islamique, faisant entrer la religion en prison pour
la bonne cause.
Le conservatisme supposé de la société tunisienne est le pari de M. Marzouki. Tablant dessus, en
faisant un dogme, il a accepté les lubies de son partenaire au prétexte qu'il
avait le poids écrasant pour imposer ses vues. Pourtant, à son entrée à
Carthage, il était censé militer pour une sorte de compromis historique
réunissant les islamistes et les non islamistes dans une union sacrée où la
Tunisie s'enrichit de ses différences, une Tunisie occidentalisée et
francophile, attachée aux valeurs de la modernité, et une autre tournée moins
vers l’Orient, mais se reconnaissant dans la référence à l’islam.
Obnubilé par le conservatisme supposé du pays et se trompant sur
l'aura du parti islamiste, M. Marzouki n'a pas eu de peine de mettre ses
valeurs sous le boisseau. Son erreur à ce niveau est d'avoir mal apprécié
l'attitude de la seconde Tunisie, certes plus nombreuse que la première, mais
pas aussi conservatrice qu'il ne le croit. De fait, son attachement à l'islam
est plus culturel que cultuel, et s'il semble aux couleurs intégristes, ce
n'est que dans son apparence officielle,
car l'islam populaire reste foncièrement tolérant quand il n'est pas
instrumentalisé par les activistes idéologiques.
L'alignement sur les vues de Nahdha qui n'était pourtant qu'un colosse aux pieds
d'argile, tirant sa force de la faiblesse de ses partenaires. Outre la peine de
mort, il n'eut aucune difficulté pour imposer ses vues économiques libérales,
Moncef Marzouki s'affichant pourtant pour une réforme agraire ou la révision du
système fiscal. Or, même sur ces questions, le président a fait profil bas,
conseillant même à ses députés les plus actifs à l'Assemblée nationale de ne
pas être trop radicau x dans l'exigence de l'audit de la dette refusé par ses
partenaires, notamment par Nahdha a la vision économique ultralibérale.
Le maintien des lois liberticides de l'ancien régime. À défaut de mettre en œuvre son programme
socio-économique volontiers interventionniste et régulateur, Monsieur Marzouki
aurait pu influer encore plus sur les excès de l'idéologie de Nahdha en mettant
concrètement en avant les fondements universalistes et démocratiques de son
parti, ses valeurs d'origine reniées une fois au pouvoir. Ayant capitulé sur ce
qui constituait l'essentiel de son programme économique et social, il va
surenchérir en s'adaptant à la vision liberticide de Nahdha qui s'est coulée le
plus naturellement du monde dans le moule de l'ancienne dictature, usant de son
arsenal juridique pour réaliser son rêve d'un tour de vis moral et idéologique pour
le pays.
Le président est nu
À Carthage, le président a sans conteste mué, passant du militant
des droits de l'Homme en ce scribe d'une tour d'ivoire s'autocélébrant. Après
avoir raconté son rôle dans ce qu'il appelle l'invention d’une démocratie en
Tunisie, il a mis ses pas dans ceux de son prédécesseur en veillant à la publication
par ses services d'un ouvrage ayant la fausse ambition d'assainir la situation
dans le domaine de l'information en lieu et place des autorités dont c'est le
rôle et l'obligation en démocratie.
Parlons plutôt de l'ouvrage précédent pour démontrer à quel point
notre président était comme l'empereur du conte d'Andersen, à ceci près que
dès, le départ, il n'était même pas question de costume neuf, mais de guenilles
tellement usées que le président ne pouvait se doutait d'être à poil. Était-ce de
sa part un risque calculé ou une surprenante option pour le naturisme, comme
synonyme de dénuement en une époque où la confusion des valeurs fait prendre
les vessies pour des lanternes?
Une démocratie ne s'invente pas, elle s'épiphanise. C'est ce qu'a oublié le président Marzouki en rejetant
son passé. La démocratie est le peuple souverain, et si la souveraineté peut
apparaître et disparaître selon les contingences, le peuple lui est toujours
là. Or, c'est ce que ne se remémorent plus les dictateurs.
Dans son livre, il parle de sa détermination à participer à
l'invention d'une démocratie du XXIe siècle, or, on ne peut que participer à
l'avènement de cette démocratie et non à son invention, car la démocratie est
déjà présente de par l'esprit de contestation propre à nos sociétés arabes, et
la nôtre bien plus particulièrement. Ce qui manque, c'est juste les mécanismes
pour donner une réalité à cet esprit. Et à choisir entre un mécanisme formel
vidé de tout esprit concret et un esprit sans instruments pour l'incarner,
c'est l'esprit qu'on doit préférer, car il est plus facile de créer un
instrument que l'esprit pour l'animer, son moteur véritable.
Une distance avec la réalité, pour ne pas dire déphasage avec la vérité, apparaît quand le
président parle d'urgence éthique de la démocratie tout autant que technique.
Or, sous les deux années qui viennent de passer, on n'a eu ni l'une ni l'autre;
et encore moins cette esthétique consubstantielle aujourd'hui à l'éthique.
Parlant d'ailleurs de son quotidien, il avoue être coupé du peuple
puisqu'il ne peut se déplacer sans une cohorte de policiers à ses basques.
Jusqu'à quand se complaire dans cette mentalité voulant que le personnage
politique ait besoin nécessairement de protection? Pourquoi cette hantise? S'il
n'a rien à se reprocher, le politicien a-t-il raison d'avoir peur d'un peuple
qu'il est censé incarner?
Quand on souhaite un destin véritablement national, on se doit de
réussir une meilleure identification avec le peuple. Pourtant, M. Marzouki a
bien vu, aux premières heures de la révolution, que les plus jeunes qui sont la
majorité de ce peuple ne l'avaient pas reconnu lors de son escapade en voiture
sur les routes de Tunisie; mieux, ils n'ont eu aucun égard particulier pour lui,
alors qu'il s'attendait à être porté en triomphe.
Le militant n'accompagne pas une évolution, mais influe sur son
cours, non pas pour maîtriser sa
dynamique, mais pour l'orienter. Or, M. Marzouki dit dans l'introduction du
livre avoir eu pour tâche d'accompagner l'évolution en cours en Tunisie sans
grande prétention sur sa capacité à maîtriser cette dynamique extraordinaire.
Il aurait donc dû afficher et défendre ses convictions et les causes pour
lesquelles il dit avoir voué sa vie, car elles étaient justement menacées par
ce partenaire. C'est ce qu'il a d'ailleurs reconnu en avouant dans son livre sa
terreur d'avoir le sentiment « que les mécanismes qui se mettent en place
aujourd'hui portent en eux une force » qui vous dépasse.
On l'a vu avec l'épisode de notre hôte libyen. Ce fut d'ailleurs
le moment où il aurait fallu démissionner; ce qu'il avoue avoir envisagé avant
d'en abandonner l'idée. Or, il ne fallait pas, car Nahdha a su alors avoir la
carte blanche pour continuer de phagocyter le modèle démocratique agissant
comme une araignée tissant lentement sa toile devant finir par étouffer les
libertés au pays.
Le conformisme logique a été la loi d'airain de la politique sous les deux années
passées. Que ce soit sur Jabeur Majeri, Amina ou Weld 15, pour ne citer que les
cas les plus célèbres, sans parler des exactions et des tortures reprenant de
plus belle dans les commissariats et les prisons, outre l'usage disproportionné
de la violence par les forces de l'ordre, Marzouki n'a jamais dit mot, donnant
l'impression d'être sur une autre planète, alors qu'il est au cœur des événements.
Expliquant la longévité des dictatures arabes, Marzouki cite dans
son livre à juste titre certains facteurs externes, évoquant l'instrumentalisation
par elles de la cause palestinienne. C'est de bonne guerre de le rappeler, mais
qu'a-t-il fait durant deux ans pour se distinguer sur ce chapitre du
conformisme dogmatique de son partenaire, et chercher à imposer un discours
honnête et sérieux sur cette question? Bourguiba l'avait fait depuis si
longtemps, pourtant !
Dans ce livre. M. Marzouki cite Marc Klein dont l'expérience comme
juif l'a le plus influencé après celle de son père. Son admiration pour cet
homme n'aurait-elle pas pu être en mesure de l'aider à aller contre le courant
de conformisme logique dominant la scène politique actuelle en Tunisie?
N'était-il pas dans ses capacités d'innover en matière de politique étrangère
arabe en ce début de siècle où l'on voit une reviviscence d'antisémitisme, non
seulement en son sens faussé de racisme anti-juif, mais aussi de racisme
anti-arabe, les juifs et les Arabes étant tous sémites?
Une diplomatie sans sens ni âme est la marque de fabrique de la Tunisie
aujourd'hui. Et le président, qui a des compétences avérées en la matière, y
est pour quelque chose. Malgré cela, il ne manque pas de dire avoir osé, par le
passé, paraître faire du donquichottisme quand il s'agissait de pédagogie
démocratique. Où est donc ce courage d'oser aller au-delà de l'utopie en
matière de politique extérieure, l'anomique d'aujourd'hui étant le canonique de
demain? Ni lui ni ses conseillers n'osent faire ni du donquichottisme ni
l'accepter. Cela ne les empêche pas de parler, mais dans le vide, de la
nécessité de construire une Méditerranée démocratique; que disent-ils de
concret pour cela, au vrai?
L'islam politique vrai n'est pas celui de Nahdha auquel M. Marzouki s'est finalement identifié
alors qu'il prétendait militer pour un islam de gouvernement qui relève le défi
démocratique. Car cela ne se fait pas avec un double langage, mais par des
actes et des initiatives. Qu'a fait donc Nahdha sinon batailler pour un islam
obscurantiste quitte à céder sous la pression de la société civile sur des
détails, lâchant juste du lest pour rester au pouvoir où elle continue d'agir
pour s'implanter durablement et rétablir un régime autoritaire?
M. Marzouki, en tant que médecin qui fait des diagnostics et des
pronostics, devait savoir que c'est par élimination souvent que l'on finit par
poser le diagnostic. Pourquoi n'a-t-il pas procédé de la sorte avec son
partenaire qu'il continue à présenter comme modéré et qui est loin de l'être,
sinon en tant que façon de trompe-l'œil, ses actes et ses comportements
prouvant qu'il agit en douce pour un islam obscurantiste?
A-t-il reconnu les différences dans le domaine des mœurs? A-t-il
abandonné l'antédiluvien crime de blasphème et d'atteinte au sacré? A-t-il osé
criminaliser tout anathème pour athéisme? A-t-il reconnu le droit à l'apostasie
en islam?
On suit difficilement M. Marzouki quand il parle du défi
démocratique de l'islam politique tel que l'a incarné la troïka. A-t-on abrogé
les lois liberticides ? Non ! A-t-on arrêté d'y recourir en s'abstenant de
poursuivre des innocents pour avoir exercé librement leur droit à l'expression
ou pour avoir assumé leurs mœurs ou affiché leurs préférences éthiques et
morales différentes de l'ordre moral Qu'on veut imposer de force au pays? Que
nenni ! Et du droit à l'impertinence, consubstantiel à la démocratie qui se
respecte? Point !
Tout cela prend du temps, certes; mais qu'a fait pendant deux ans
le militant des droits de l'Homme pour que les choses aillent dans le bon sens?
Le risque de la dictature est à combattre, mais n'autorise pas le manichéisme. La
dictature en Tunisie a toujours été soit éclairée, sous Bourguiba, soit
veillant à garder le sourire ou à respecter un minimum de formes, à conserver
une façade démocratique. C'est que notre position géostratégique et l'ouverture
du pays à l'altérité, aussi bien sociale et humaine qu'économique, imposent à
ses gouvernants certaines contraintes indépassables permettant qu'il y ait un
minimum de souffle, une liberté interstitielle. Aussi, quand on parle de retour
de la dictature en notre pays, elle se fera bien évidemment avec les formes et
les précautions nécessaires. Toutefois, même cela ne pourra plus marcher dans
un pays dont le peuple ne veut plus d'autoritarisme; car la peur ne l'habite
plus, ou du moins ne l'habite plus tout seul; elle est aussi dans le camp de
ceux qui veulent le diriger.
C'est instrumentaliser une mythique peur du retour de la dictature
que de se comporter en dogmatique et manichéen pour soi-disant s'y opposer.
Comment prétendre contrecarrer le retour de la dictature quand notre partenaire
au pouvoir fait tout pour confisquer à son seul avantage les acquis de la
révolution, plaçant ses partisans partout et profitant de l'arsenal juridique
liberticide de la dictature déchue maintenu en l'état?
Le rêve et la folie
Avec ce tour d'horizon minimaliste dans la pensée de notre
président provisoire, force est de constater qu'en le lisant, on ne peut que
craindre qu'il n'ait fait que croire durant ses deux années passées à Carthage,
que les rêves d'aujourd'hui seront toujours des rêves, mais qu'il vaut mieux
les vivre pour ne pas voir les cauchemars qu'ils sont en fait !
Le président Marzouki se disait aussi être un président citoyen,
recevant tous ceux qui le lui demandaient. Pour l'avoir personnellement
vérifiée, comme tant d'autres, cette affirmation était une autre illusion de ce
tissu dont il a fait son superbe habit royal invisible.
En notre culture arabe, nous sommes d'ailleurs familiers avec une
notion qui s'est imposée en sociologie contemporaine, puisque les contes des
Mille et une Nuits parlent souvent de ces voyages initiatiques entrepris sans
objectif, sinon de voguer vers une île imaginaire, des horizons nouveaux, mais
finissant par faire accoster sur une terre enchanteresse, la légendaire Serendip,
qui n'est que l'ancien nom du Ceylan actuel.
C'est ce qu'on nomme aujourd'hui serendipity, pour désigner
l'esprit de la méthode postmoderne se voulant moins rationaliste que de raison
— une raison qui est d'abord sensible — et moins dogmatique que dogmatiquement
rétif à tout dogme, étant ouvert à tout, y compris à l'irrationnel ce
non-rationnel qui ne peut qu'être, tôt ou tard, rationnel autrement. C'est que
l'erreur d'ici est la vérité d'ailleurs et l'anomie d'aujourd'hui est le canon
à venir.
Ceci pour dire que la crise que vit la Tunisie a du bon, étant ce
jugement (et c'est son sens oublié aussi) porté sur les uns et les autres en un
pays en plein réveil à son être, l'entièreté de cet être, pour l'élaboration du
nouveau paradigme devant remplacer celui ayant eu cours en un passé dépassé
révolu.
N'ayant pas fait attention à cette réalité, le président Marzouki
a apporté la preuve, deux ans durant, qu'il s'était coupé de la jeunesse de ce
peuple qui ne l'a plus reconnu. Or, c'est la jeunesse, puisque c'est le peuple,
qui est la maîtresse véritable du pays, son roi clandestin. La harceler,
l'embastiller, c'est mettre tout le peuple en prison. Et cela ne saurait durer,
le règne de tout tyran n'ayant que la durée d'un songe.
Aussi, M. Marzouki, mais aussi tout ancien véritable militant
comme il l'a été, devrait méditer une question inévitable. Dans une vie
forcément éphémère, ne valant que par la trace qu'elle laisse, où l'on n'existe
que par et pour autrui, que vaut-il mieux : réaliser un rêve fou ou être fou
pour vivre ce rêve réalisé?
* Ancien article remanié