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dimanche 2 juin 2024

Espace francophone de démocratie 9

De ces tabous 
qui défigurent la Tunisie


L'effervescence actuelle est grande autour de la question de la présence de ressortissants subsahariens sur le territoire national, et elle frise – sans oser les enfreindre ou, pour le moins, les discuter – nombre de tabous qui sont les véritables problèmes de ce pays qui n'en finit pas de se démener avec les relents de la dictature. Car non seulement sa mentalité et ses réflexes demeurent intacts chez nombre des nostalgiques de ce temps officiellement révolu, mais ils sont entretenus par le maintien de  la législation liberticide de la dictature et qui faisait sa réalité. 

Bis pis! De tels tabous occultent de réelles spécificités de la psychosociologie tunisienne, sa mentalité post-2011 revivifiée par ce que j'ai nommé coup du peuple, ce vrai coup d'État dont on ne parle pas et qui n'a fait que justifier tous les soubresauts connus par le pays, jusques et y compris ce faux coup d'État dont les opposants au régime en place n'arrêtent de parler et qui est moins avéré que celui sur lequel ils se taisent, les deux ayant bénéficié du soutien populaire et s'en étant réclamé. 

C'est ce que j'avais espéré être le contrecoup du peuple trahi par les dirigeants du pays au lendemain de 2011 se montrant loin d'être responsables en ne répondant pas à ses attentes pressantes à la concrétisation de ses légitimes exigences d'une démocratie véritable, non la caricature qu'on lui a servie, se suffisant d'élections comme si cela permettait à lui seul à fonder une démocratie. Or, celle-ci est d'abord et avant tout des lois justes et des libertés avérées. Aussi, c'est bien par les élections qu'ont été punis de tels supposés démocrates en élisant confortablement celui qui a mis fin à leur pouvoir, le président actuel.

Certes, Kaïs Saïed n'a pas encore satisfait aux mêmes attentes du peuple ignorées par ses prédécesseurs, mais il continue – à raison ou à tort – à avoir la confiance de la majorité des Tunisiens, son image d'intégrité demeurant intacte malgré les déboires dans la remise du pays sur la voie de la modernité démocratique que mérite amplement son peuple qui constitue bien une exception dans le monde arabe musulman.

C'est un tel retard, notamment dans l'abolition sans plus tarder du système juridique répressif de la dictature qui nuit à l'œuvre présidentielle et à sa pérennité, car elle n'arrête de consolider nombre de tabous qui défigurent la Tunisie et dont on évoquera certains ici.    

Et d'abord donc cet ordre juridique répressif avec lequel on s'accommode et qui brime, aujourd'hui comme hier, les Tunisiennes et les Tunisiens dans leur vie quotidienne et leurs attentes à être des citoyens libres dans leur vie privée et bénéficiant des droits basiques dans une démocratie. Or, les lois en vigueur dans le pays ont toujours privilégié l'autorité de l'État, au nom de son prestige, sur la liberté de ses citoyens. Ce qui a permis l'existence d'un arsenal de textes juridiques et administratifs pour le moins autoritaires sinon répressifs, dont une bonne partie remonte à la colonisation. Et s'ils restent en vigueur, c'est pour diverses raisons fallacieuses, notamment celles tenant à l'ordre public et une fausse exégèse de la religion du pays qu'on défigure en la transformant de la foi de droits et de libertés de ses fidèles en un dogme obscurantiste.

Ensuite cette conception dépassée de la souveraineté nationale qui heurte déjà l'idiosyncrasie de la Tunisie d'être un pays ouvert au monde, un pays monde. En effet, on en garde une vision archaïque supposant une liberté absolue à gérer la situation dans le pays alors que la mondialisation avérée impose des réalités faites d'interdépendance et d'imbrications d'intérêts où n'a plus cours l'argument de l'immixtion étrangère en politique interne, particulièrement quand cela porte sur des questions des droits humains. 

À ce propos, il est aberrant que la Tunisie, qui fait tant étalage de son attachement à une pareille conception radicale quoiqu'obsolète de la souveraineté nationale, n'aille pas jusqu'au bout de cette logique en refusant de se plier au diktat du visa actuel. Ce qui lui impose de réclamer qu'on y substitue le visa de circulation, tant en compensation de la concession du prélèvement des empreintes digitales sur son sol par des puissances étrangères, atteinte caractérisée à sa souveraineté, qu'au droit international. Sans parler de l'aide qu'elle apporte aux autorités étrangères briment ses ressortissants en les privant de leur droit inaliénable à circuler librement.

Pourtant, ce visa de circulation à exiger est parfaitement respectueux des réquisits sécuritaires des Occidentaux tout en ne bafouant pas le droit humain à circuler librement. Pour le moins, la Tunisie pourrait en faire état en tant que fondateur de la francophonie en exigeant la création d'un visa francophone den un espace francophone de libre circulation. Voilà un autre tabou dont le pays n'ose se défaire, ne faisant qu'ajouter à le défigurer et contrarier les slogans de ses dirigeants à veiller aux droits de leurs nationaux, au respect sourcilleux de leur dignité.