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dimanche 7 avril 2024

Pont cognitif axiologique 8

Philosophie axiologique :

La valeur comme moyen éthique



On a rarement une même et seule vision des moyens, changeant avant même de les avoir à disposition, qui change encore en les ayant et enfin encore après les avoir eus. Pourtant, ce sont toujours et invariablement des moyens pour une fin ; mais si avant d'en disposer, l'on peut en avoir une faim, insatiable parfois, vorace même, après leur disponibilité, on en fait souvent juste une fin de rassasiement ou encore une faim assouvie d'une envie jamais satisfaite en satiété ; ce qui fait fatalement oublier la nature intrinsèque des moyens en tant que valeurs autres que matérielles.
Et ce n'est qu'après s'en être défait, avoir osé se priver de tels moyens possibles et disponibles pour une aisance financière certaine que cette nature fait apparition ou réapparaît à nouveau si l'on en avait eu le pressentiment, la vocation étant plus spirituel d'esprit que matérialiste. Concomitamment alors, elle se révèle être de nouveau le moyen par excellence, nécessaire et suffisant, au service de la valeur qu'elle emporte foncièrement et sans lequel elle n'est que stérilité axiologique, au mieux une simple volition, sinon une pure vue théorique de l'esprit. Si du moins on a eu conscience de la double nature des moyens, et leur dimension foncière en termes de valeurs non mercantiles. 
Par exemple, la valeur de la charité est consubstantielle aux moyens possédés sans lesquels elle est purement virtuelle, simple manifestation de sentiment pieux, quand ce n'est pas l'assise d'une orientation idéologique dans l'intention, comme on en voit de plus en plus avec l'instrumentalisation capitalistique de la charité et des bonnes oeuvres. Ce qui est essentiel déjà, certes, mais fort réducteur en notre monde matériel de l'acte charitable pur. Car si cette charité, de moyens appréciables dotée, peut se concrétiser, elle n'a et n'aura pas la même intensité que si elle était venue après une répudiation volontaire préalable de ces moyens manquants et après avoir fait l'expérience de leur manque et du besoin résilient de charité ainsi contrarié. Or, alors, elle est une épiphanie de l'acte pure de charité sans arrière-pensée. 
En effet, c'est alors que l'on connaît, au vrai, le besoin authentique de charité, ce besoin de donner comme s'il était plutôt d'avoir, guère plus donc en auteur charitable qu'en récipiendaire dans le besoin théorique d'avoir en donnant, soit de la sorte d'avoir à donner comme si l'on recevait. Un tel changement de perspective, inversement la position du donneur et du receveur de l'acte de charité, le modifie du tout au tout, non seulement du fait qu' inverse les rôles, mettant le besoin à la place de la libéralité, mais surtout en transfigurant l'essence de l'acte charitable. Et du même coup rendant à la valeur son vrai sens de moyen, guère plus limité ou focalisée à l'aspect matériel.
De la sorte, la valeur qu'est la charité est confortée par la réalisation de son unité en tant que moyen non seulement utilisé pour lui donner réalité, mais aussi en étant la condition sine qua non de son existence. La valeur est ainsi bel et bien un moyen mais ne change pas de nature, car c'est le moyen qui est transmuté d'un simple truchement ou atout pour l'acte utile en son utilité même puisqu'elle en est à la fois le titre et la grandeur.
C'sr que, généralement, on agit bien plus en interprète du bien, par conviction ou par défaut en comédien jouant un rôle, faisant de l'ostentation, qu'en un acteur hors du théâtre des apparences, vivant de son acte  d'artiste, en auteur artiste créateur de sa vie par son acte, son œuvre de vie. Et créant donc par l'acte en oeuvre de bien la valeur ayant retrouvé toute son unité, valeur en intégralité, insusceptible de muter en non-valeur guère éthique, réduite en un pur moyen mercantile ou vénal.    
En tant que valeur éthique, la valeur des choses est aussi celle de la vie. C'est en acceptant de s'en dépouiller que l'on épiphanise sa vraie valeur en tant que vie dédiée à une action, de nobles princiers, valeur éminente et non juste une existence où l'on se limite à végéter, assurant la basique reproduction tant de la race que de la condition familiale ou le statut social. 
L'exemple récent de l'immolation d'un juste tel Aaron Bushnell, après tant d'autres gestes similaires de protestation macabres de consciences vives, est une parfaite illustration, quoique paroxystique, de ce sens radicalement authentique de la valeur des choses axiologiquement perçues par une conscience éveillée. Ce qui auréole de justesse le parcours existentiel tragique de la personne qui en est dotée en lui donnant le sort de cette chandelle condamnée à se consumer pour éclairer l'obscurité.