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dimanche 6 août 2023

Libre penser, essence du libéralisme 8

En quoi Kaïs Saïed a raison, en quoi il a tort



Personne, en Tunisie, ne doute certes de l'intégrité du président Kaïs Saïed et de son abnégation au service de sa patrie et de ses compatriotes. Si le doute à ce niveau n'est pas permis, il l'est - et est même recommandé, sinon impératif - en tant que doute méthodique, élément capital de la réflexion se voulant cartésienne. C'est d'ailleurs le véritable sens du fameux cogito qui est loin de mettre la pensée comme preuve ontologique, la vraie preuve étant le doute si l'on va au bout du sorite : Je doute donc je pense, je pense donc je suis, je doute donc je suis. Voici le sorite d'origine : Dubito ergo cogito, cogito ergo sum, dubito ergo sum.

Par conséquent, le fait d'avoir des convictions, ne pas douter de leur véracité, en être même certain, ne doit pas signifier être certain de tout ; cela implique même, en bon esprit de justesse, d'être plutôt incertain sur tout le reste, y compris ce qui heurte ses convections propres. Particulièrement si autrui fait du contraire ses propres convictions et, pareillement à soi, ne doute pas de leur véracité. Le doute étant ici de rigueur, il a le mérite de vérifier, étant méthodique que, parfois sinon souvent, même ce qui semble irrationnel peut se révéler rationnel autrement. Ainsi compte moins notre appréhension de nos valeurs, pouvant ne pas être juste, être faussée, se retrouvant biaisée, mais l'intégrité de ces valeurs. À savoir ce qui suppose leur respect en tant que valeurs et pas comme doxa, slogan même ; d'où l'obligation axiologique de ne jamais manquer de vérifier leur contenu, ce qu'elles recèlent de principes réellement au service de l'être humain, de sa valorisation incessante. 

C'est en cela que se résout l'humanisme véritable et sa preuve par qui s'en réclame, y compris au nom de sa religion, dont la foi d'islam qui, dans son acception que je défends, est une religion de droits et de libertés, d'égalité parfaite et de négation de la moindre atteinte à la dignité humaine. Ce qui impose pleine sa place au doute pour conforter les convictions affichées en les vérifiant par une veille permanente afin de ne pas les laisser se transformer en slogans creux et mots d'ordre stériles assis sur un comportement dogmatique en totale contradiction avec l'essence même d'une foi se voulant scientifique, universelle et intemporelle.   

Pour preuve, citons l'exemple du Calife Omar, ce modèle du juste en islam qu'il est arrivé à Kaïs Saïed de citer, sinon de suivre. En effet, malgré ce qu'on sait de sa parfaite rectitude, à la veille de sa mort, pris du remords du mourant, il a douté d'avoir toujours été dans le droit chemin, réalisant à quel point il n'a pas, ou si peu douté, de n'avoir pas été préservé de l'erreur durant sa vie, notamment lors de l'exercice du pouvoir suprême tant par lui-même qu'en tant que premier conseiller du premier calife. Or, comment ne pouvait-il pas se tromper, Dieu n'en ayant même pas préservé son prophète qu'Il a voulu d'abord être humain, imparfait donc tels tous les humains, exception faite, comme de bien entendu, des choses essentielles de la révélation où Il le dirigeait ?

Aussi, Kaïs Saïed en tant que président actuel de la Tunisie, honorerait-il sans en douter les plus nobles convictions, le plus juste des comportements, comme tout humain n'a pas été, n'est pas et ne peut être indéfiniment à l'abri de l'erreur. Déjà, elle est humaine par nature ; puis, c'est l'erreur même qui fait l'humain honorant sa prétention à agir à être parfait, l'admettant en première condition à remplir pour mériter la perfection souhaitée pour être juste de voix et de voie. Ce serait même lui manquer de respect que de ne pas l'évoquer, faisant comme ceux qui, autour des puissants du moment, ne font que les tromper, ne leur tenant qu'un discours panégyrique.  

Après deux ans de pouvoir quasi- exclusif depuis le contrecoup raté du peuple du 25 juillet 2021, osons donc évoquer en quoi Kaïs Saïed a-t-il eu raison et en quoi a-t-il eu tort au service de l'intérêt bien compris de la Tunisie. 

S'il a raison de vouloir servir le pays selon ses convictions, de vouloir faire le bien du peuple quitte à ce que cela se fasse contre son gré, il a tort toutefois, en cette entreprise délicate et de longue haleine, semée d'embûches aussi, de ne se fier qu'à sa propre conscience, de ne voir autour de lui qu'ennemis et profiteurs. Ce qui n'est ni juste ni pertinent pour qui est censé rassembler et non diviser davantage. De plus, cela ne fait que redoubler sons sens du sacrifice, avec le risque d'être vécu en une manie, car ce qui est basiquement une vertu, vérifiée chez les natifs de son signe astrologique des Poissons, se transforme bien vite en un défaut rédhibitoire de se croire sauveur envers et contre tous alors que l'on n'est assuré de réussir et bien mieux qu'en agissant envers et pour tous.     

S'il croit avoir eu raison d'insister sur la référence nécessaire à la religion de la majorité du pays et d'y insister dans la nouvelle Constitution, il a tort de ne pas en avoir fait encore la lecture d'une foi de droits et de libertés comme l'islam de la révélation l'est indubitablement. Qu'attendre donc de rouvrir la porte à une exégèse renouvelée de la jurisprudence musulmane obsolète sur nombre de ses thématiques ? N'est-ce pas ce que commande éthiquement et légalement cette éminente disposition constitutionnelle ? 

S'il a raison - et ô combien - d'insister sur la souveraineté du peuple, il a tort forcément de ne pas avoir aboli jusqu'ici les lois de la dictature et du protectorat qui nient cette souveraineté, ne reconnaissant pas aux tunisiens leurs droits basiques dans la vie quotidienne et leurs libertés citoyennes fondamentales. Quel intérêt alors de claironner appliquer la loi à tous sans exception quand cette loi, pénale notamment, est celle – bien scélérate - du dictateur déchu ? 

S'il a raison d'appeler à un nouvel ordre international plus juste, invitant notamment l'Europe à modifier sa politique migratoire, il a tort de ne pas demander, exiger même - le remplacement du visa actuel, désormais criminogène, par le visa biométrique de circulation auquel j'appelle depuis si longtemps et qui est parfaitement sécurisé en plus d'être respectueux du droit humain de libre circulation en compensation de la concession à la souveraineté nationale avec la levée des empreintes digitales par des autorités étrangères sur le sol national.  

S'il a parfaitement raison de refuser la levée de la compensation des produits de base et de ne pas céder au diktat des économistes capitalistes, il a le tort cependant de ne pas mettre encore en place la parade pour le maintien de ce système par prélèvements compensatoire pour le soutenir sur les revenus des riches qui en profitent aussi.


Ce sont là, parmi tant d'autres, quelques exemples précis de ce que le président Kaïs Saïed pourrait et devrait méditer afin de ne pas être au final injuste envers son peuple malgré ses bonnes intentions, car comme dit l'adage des anciens que le juriste qu'il est ne saurait ignorer : Summum jus summa injuria (Excès de justice, excès d'injustice) !