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dimanche 6 juin 2021

Poléthique postmoderne 9

Vrais défis de la Tunisie 

et comment les relever

 

Kant parlait de focus imaginarius pour désigner ce foyer des fantasmes, mythes et autres imaginaires constituant les principes de tout être-ensemble. C’est sous forme de mythes qu’apparaissent souvent les idées novatrices, et c’est le fait d’y croire qui les transforme en réalités tangibles. Ce qui va suivre paraîtrait mythique, simples rêveries ; pourtant c’est ce qui peut se réaliser si nos élites, les mieux intentionnés, se décident enfin à pratiquer autrement la politique, avec un minimum d'éthique, la poléthique.

Croire en soi : La Tunisie doit croire en son modèle, car le pays ne peut continuer à vivre dans sa situation actuelle de similidroit et de langue de bois généralisée. Pourtant, depuis 2011, il y a bien eu une révolution mentale, mais elle s'est limitée au mental du peuple qui ne peut en profiter pleinement du fait que celui de ses élites reste sclérosé. Témoin en est le maintien en l’état de la législation de la dictature et l’usage de slogans creux sans réalité, comme ceux de démocratie et d’État de droit. Aussi, si la Tunisie est sous-développée, ce n'est qu'au niveau du mental propre à ses élites, en harmonie avec celui des décideurs d’un Nord qui se satisfait du désordre actuel dans le monde, étant synonyme de préservation de ses privilèges. Or, le monde ancien est fini et un nouveau monde est en gestation, imposant de nouveaux concepts pour le comprendre et le gérer. C’est le sens de ce qui se passe en Tunisie où se dessinent les linéaments, non seulement d’une Tunisie nouvelle, mais aussi d’un monde nouveau. Cela fait l’exception Tunisie à laquelle il faut croire plus que jamais. Il est bien un modèle tunisien que les élites au pouvoir doivent servir. Ce qui suppose, en plus d’y croire, d’agir à le concrétiser. Il leur faut bien réaliser que la force et la faiblesse dans le même temps de la Tunisie est d’être originale. Certains de nos compatriotes en doutent, se jugeant même un modèle de honte. Ils ont tort. Prenons l’exemple paroxystique de jeunes Tunisiens jihadistes en illustration. S’ils sont les plus nombreux dans les rangs des terroristes, ce n’est pas à considérer en honte, mais la preuve de leur maturité qui les fait refuser de se satisfaire de la condition de minorité qui leur est faite dans leur pays, y étant privés de droits et de libertés, même ceux nécessaires pour vivre sainement leur vie. Avant de les juger coupables, jugeons nos lois scélérates encourageant leurs turpitudes. Sans parler de ceux qui les ont envoyés là où ils sont ! Ceux qui ne veulent rien faire usent bien évidemment de maints futiles prétextes, comme de dire que la Tunisie ne peut faire que la politique de ses moyens, n’ayant pas les moyens de sa politique. Ce qui est faux et de pure tromperie. Car, en notre monde postmoderne, ère des foules par excellence, personne ne peut prétendre tout contrôler sans la complicité de ceux qui se prétendent manipulés. Avec la mondialisation et les nouvelles technologies de l’information, il n’y a plus de pays développés et de pays sous-développés, il n’y a qu’un sous-développement mental qui est tout autant du Nord que du Sud. C’est à l’aune éthique que le développement se mesure désormais. Il y a belle lurette que les valeurs occidentales sont violées par les siens, les Lumières y étant éteintes, hélas ! Or, tout un chacun peut les rallumer, y compris et surtout les gens du Sud qui ont toujours soif des valeurs que l’Occident ne respecte plus. J’use, volontiers, à ce niveau de la parabole de l’échiquier qui représente le monde avec les pays qui sont ses pièces, de différentes valeurs certes, mais où un pion, s’il joue bien, peut se transformer en reine et même tenir en échec le roi adverse, faire même mat. C’est dire que la Tunisie, aujourd’hui simple pion, peut devenir demain une pièce majeure si ses élites cessent de ne pas croire à son modèle faisant d’elle une exception. Comment y agir ?    

Que faire ? D’abord, se persuader qu’il n'est nulle autre politique qui serve l'État de droit et la démocratie en Tunisie que celle des droits et des libertés, en tous domaines, notamment social et des mœurs, condition absolue pour la santé de toute société. Aussi, toutes les lois scélérates, se prétendant morales, doivent être abolies d'urgence, n'étant qu'immorales, desservant même l'islam, religion du pays, en perpétuant la mentalité du protectorat. À défaut, faute de courage politique, ou si l’on prétexte la politique des petits pas — très prisée chez nous —, on doit déclarer rapidement un moratoire à l’application des plus honteuses. En parallèle avec cette réforme législative d’envergure, qui doit réaliser aussi l'égalité successorale sans plus tarder, la diplomatie est appelée à retrouver son génie en osant ce qui est inéluctable : la demande de l’adhésion de la Tunisie à l’UE et, dans l’immédiat, la libre circulation pour les ressortissants tunisiens. Celle-ci doit se faire en transformant le visa actuel en visa de circulation qui sera à délivrer d’office et gratuitement pour une période minimale d’un an à tout Tunisien qui en fait la demande. Cela doit inaugurer une nouvelle ère en Méditerranée : un espace de démocratie qui suppose aussi que la Tunisie, sans plus tarder, renoue avec le legs de Bourguiba en normalisant ses relations avec Israël. En effet, malgré la crise suscitée par la décision américaine sur Jérusalem, les crimes israéliens dans les trritoires occupés et le texte farfelu appelant le parlement à criminaliser la normalisation, c’est ce qu’il faut faire pour servir véritablement la cause de Palestine. Car ce sera ainsi et pas autrement qu’on rappellera Israël à ses devoirs de respecter la légalité internationale. Ainsi donc doivent répondre les plus justes dans le pays aux inconscients qui bradent la cause palestinienne en trompant les masses. Dans le même ordre d’idées, il est temps de normaliser aussi les rapports diplomatiques de la Tunisie avec la Syrie. Que cela plaise ou non, c'est le sens de l'histoire et la diplomatie tunisienne doit renouer avec ses fondamentaux, redevenant éthique. Et à la veille du sommet du cinquantenare de la Francophonie devant se tenir à Jerba, la Tunisie soit appeler à l'adoption d'un visa francophone de circulation en signe de retrouvailles avec l'esprit d'origine de la vraie francophonie des pères fondateurs.

Opter pour la poléthique : On l'a dit et répété, c’est l’éthique qui manque le plus en politique. Or, en postmodernité, il n'est plus de place à la politique antique et obsolète qu'on pratique ; il est temps qu'elle s'épiphanise en poléthique ! Ainsi concrétisera-t-on, au plus tôt, le modèle tunisien en puissance, aidant à refonder la démocratie en crise en une inévitable postdémocartie. Au demeurant, la tragicomédie politicienne qui se poursuit en Tunisie depuis sa supposée révolution met bien en relief la pertinence de mes analyses quant à l’impératif catégorique de passer de la politique à la « poléthique » et à celle portant sur le rapport entre le droit et la politique. S’agissant de cette thématique, il importe désormais de relever, entre autres, que la bonne gouvernance est un équilibre à trouver entre ce que je nomme « minimax » et « maxinum » d’éthique dans l’action publique devant bien évidemment être éthique ; et c’est la « poléthique » ! Ce qui veut dire un minimum utile de cette éthique dont le maximum est imposé par l’esprit du temps dans les normes et la pratique juridique et politique où le maximum du droit ne saurait suffire à contrer l’emprise maximale de la politique sans éthique puisque l’adage le dit bien : summum jus summa injuria (l’excès de justice est un excès d’injustice !). Où sont donc les justes, modernites comme traditionalistes, pour contrer les injsutes de tous bords dans le pays ? En cette patrie martyrisée, il importe d'agir pour son salut, y avoir la parole juste montrant la voie à ce courage de la vérité qui manque tant, cette parrêsia grecque si cardinale dans la vie publique comme éthique de la vérité. Car on ne peut plus y pratiquer la fameuse reductio ad unum (réduction à l’un) de Comte, religieuse ou profane, ce dernier ayant lui-même fait évoluer son positivisme en tenant compte des aspects spirituels, négligés dans le positivisme d’origine. Or, chez nous, face aux dogmatiques religieux, on continue à s’y référer, négligeant la spiritualité qui est une marque éminente de notre époque postmoderne. D’où une complicité objective avec la dérive que nous constatons désormais vers la religiosité en un monde désenchanté, ajoutant à sa dévastation. Or, que cela soit pour le monde qu’en Tunisie dont le peuple a une fibre spiritualiste que manifeste la veine soufie de l’islam, le réenchantement du monde passe par le retour à une saine appréhension de la religion. En son sens étymologique (religare), elle est un lien entre les humains avant même de l’être entre eux et leur créateur ;  et c'est l'islam vrai où cette relation est directe, nul intermédiaire n’y étant légitime, malgré l’hérésie chiite à ce niveau.