En finir avec notre guerre de Religion larvée!
Le jugement inique ayant frappé récemment une blogueuse ne violente pas que le droit à la libre expression en Tunisie et l'État de droit ; il insulte l'islam qui n'a jamais été aussi maltraité. Or, cela ne vient point de la publication incriminée, somme toute insignifiante par rapport à ce que l'islam a connu et non seulement toléré, mais aussi encouragé ; l'insulte vient de la vicieuse interprétation qu'on fait de cette foi. Elle réduit l'islam des Lumières, qui a inspiré celles de l'Occident, en une religion obscurantiste ; et on prétend défendre l'islam!
Toutefois, ce ne sont peut-être pas les juges qu'il faut incriminer en premier, même s'ils ont manqué du courage de refuser d'appliquer des lois devenues illégales — ce qu'une bonne administration de la justice ainsi qu'une saine compréhension du droit permettent, imposent même —, mais les autorités en place qui refusent d'abolir, ou du moins geler, l'application de la législation liberticide fondant le jugement honteux incriminant la blogueuse.
Et ce n'est pas le comble de l'absurdité. Il suffit de lire les commentaires dénonçant le jugement qui se focalisent sur l'atteinte au droit, donc sur l'effet, ne se souciant guère de la cause. Or, elle est dans ces lois de la dictature toujours en vigueur, quoique devenues nulles de nullité absolue. Pourquoi donc ne pas en parler? Comme se fait-il que l'on se taise sur cette absurdité juridique : des lois illégales qu'on applique au moment même où l'on se revendique de l'État de droit ? Le Président de la République n'est-il pas un éminent constitutionnaliste ? Qu'attend-il pour faire étalage de son savoir et son talent en la matière?
À la vérité, aucun resposanble n'a la volonté de s'attaquer à la réforme législative plus qu'impérative, car l'on se satisfait de l'état actuel de guerre de Religion larvée. En effet, au mieux, l'on a peur qu'elle ne dégénère à vouloir y mettre fin et l'on préfère, comme de coutume, s'adonner à l'équilibrisme. Ce qui ne devrait plus durer, puisqu'il faut bien trancher, en finir avec cette absurde guerre larvée de Religion.
Il est temps d'oser réformer notre interprétation de la religion à laquelle réfère la Constitution, sinon aucune réforme de l'État n'aboutira. Tout est dans le mental ; or, il est vicié par une mauvaise lecture de l'islam et qu'on a intérêt à préserver en un fructueux fonds de commerce. En effet, intégristes comme laïcistes font leur miel de cette fausse lecture de la religion : les uns pour crier au péril qui la menace et les autres dénoncer son prétendu esprit liberticide.
Or, on l'a assez démontré, l'islam auquel se réfèrent les uns et les autres n'est pas le vrai islam, celui des origines, ayant été une foi de droits et des libertés. L'islam correctement interprété ne permet pas de condamner une blogueuse pour son impertinence, car elle n'a de compte à rendre qu'à Dieu, outre d'être libre dans l'enceinte de l'islam. C'est bien ce qui garantit sa qualité de fidèle, si elle adhère à l'islam. Et si elle n'y adhère pas, ce qui est le cas de notre blogueuse, c'est parfaitement son plus basique droit, l'islam s'honorant dans son aire de droits et de libertés de respecter la liberté de tous, croyants et non-croyants.
Il est clair qu'une telle saine lecture de notre foi qui a été moderne avant la modernité occidentale n'arrange ni les supposés modernistes, entichés des Lumières d'Occident clignotantes, sinon éteintes sous le coup de boutoir du matérialisme, ni leurs complices intégristes qui ont ainsi l'argument massue pour tromper les masses en criant à l'alignement des défenseurs des libertés privées sur les intérêts étrangers.
Il s'agit bien de complicité objective, ce capitalislamisme sauvage à l'origine de l'intronisation au pouvoir en Tunisie de faux musulmans progressistes. Aussi, lutter contre eux impose de leur ôter au plus tôt le monopole du discours sur l'islam, et ce en parlant de cette religion comme elle l'a été à l'origine : une foi de droits et de libertés. Et il faut agir au plus vite à les instaurer dans le pays en commençant par les sujets sensibles les plus symboliques.