Nouvelle polémique sur le nu, nullement péché en islam
C’est le Coran, non la Bible, qui doit être appliqué en Tunisie en conformité avec sa constitution. Or, le Coran est une religion de droits et de libertés, y compris en matière de nu artistique !
Après le torse nu de Carthage, voici le nu intégral de Tunis. On se rappelle la polémique, en notre festival d'été, ayant accompagné la prestation torse nu de notre artiste national Rochdi Belgasmi. Voici une autre polémique, cette fois en plein centre de Tunis, sur la scène du théâtre municipal, et qui est autrement plus révélatrice du grave danger qu’encourt le vrai islam en Tunisie, dénaturé par la tradition judéo-chrétienne de la peur de la chair et du nu.
Quand on applique en Tunisie la Bible et non le Coran
Dans les deux cas, on a crié à tort à la violation des valeurs du pays; or, quelles sont-elles ? Islamiques, bien évidemment, pour la majorité du peuple. Or, il n’est nul péché de la chair, et encore moins du nu, en islam où le pèlerinage se fait quasiment nu, et même complètement nu pour le tout premier après la conquête de la Mecque. Car il s'est fait selon la tradition arabe qui honorait le nu autour de la Kaaba, femmes et hommes, mélangés, ainsi que Dieu les a créés.
D’ailleurs, le jour du Jugement dernier, Dieu ressuscite ses créatures nues comme il les a créées et comme elles étaient au paradis, d’où elles n’ont pas été expulsées pour un quelconque péché originel, comme dans la tradition judaïque. Alors, est-ce qu’on applique en Tunisie le Coran ou la Bible ?
En vrai responsable, respectueux et de l’art et des vraies traditions du pays, le directeur du théâtre national, Zouheir Errayes, a pourtant défendu publiquement le droit à la création artistique, y compris par le recours à la nudité. Or, au lieu d'être soutenu, il a été contredit par le directeur des Journées théâtrales de Carthage, Hatem Derbel, démontrant ainsi n’avoir de vrai respect ni pour l’art ni pour l’islam.
Le premier, avec justesse et dignité, a bien situé dans son contexte l’acte qui suscite la fureur des faux musulmans, précisant à bon droit que la « pièce comporte beaucoup de messages sur la question du Moyen-Orient. Si l’acteur s’est déshabillé totalement sur scène, il ne faut rien y voir de sexuel ».
Par contre, obéissant manifestement à des ordres politiques et idéologiques, le second réagit à la manière des intégristes religieux. Il délaisse superbement le vrai « message interprété avec beaucoup de souffrance par l’acteur qui s’est déshabillé, et qui a exprimé de nombreuses douleurs, en se mettant à nu pendant 10 minutes sur scène”, ainsi que précisé par M. Errayes. Pour dire quoi à la place ? Une fausseté qui n'est plus valable en Tunisie, jugeant l’acte du comédien contraire à la morale et non professionnel.
C’est bien ce jugement qui est irresponsable et non professionnel, outre d’être immoral. Car le directeur des JTC ne semble pas croire à la liberté de l’artiste et à l’utilité de la nudité comme arme de dénonciation massive de toutes les violences faites aux humains, dont celle de la lecture intégriste de leurs croyances en usant de tromperies et de langue de bois.
C’est le cas du honteux communiqué de M. Derbel, où il se montre de plus irresponsable artistiquement et éthiquement, en prétendant que la nécessité de préserver la liberté d’expression est conditionnée par le respect des us et coutumes du public. Les services du dictateur Ben Ali ne disaient rien d'autre !
Honorer le nu artistique en Tunisie
Que sait-il vraiment des us et coutumes du peuple dont il se prévaut pour tuer la liberté artistique en son pays se voulant libéré de toutes les dictatures ? Ils sont loin d’être pudibonds en réalité, comme on le prétend. En effet, dans l’intimité des gens, loin des regards de la police des moeurs, nos compatriotes, dans leur immense majorité, s'ils sont pudiques, ne le sont pas au point d’être prudes ou puritains. Le nu ne les effarouche pas, car ce qui est contraire à leurs vraies traditions, ce sont les lois scélérates de la dictature et de la colonisation qu’on leur impose injustement encore en matière de mœurs.
Pour sûr, c’est cela qui est immoral et non pas une nudité utilisée en un lieu d’expression libre dont le directeur des Journées théâtrales démontre ne pas être à la hauteur de la mission pédagogique qui est de soigner les mentalités malades. Ainsi, refuse-t-on de se dénuder devant son médecin ? Il est vrai que certains intégristes religieux veulent l’imposer. M. Derbel serait-il donc l’un d’eux ? Alors sa place n'est pas à la tête de telles journées, du moins en Tunisie nouvelle République !
Rappelons, comme l’a fait M. Errayes, contrairement à ce qu’on l’a faussement colporté, que la scène n’a contrarié qu’une minorité des spectateurs, puisque « seulement 25 ont dû quitter la salle (parmi) 400 à 450 personnes présentes. »
Et dans le sillage de ce digne Monsieur qui fait honneur à l’art en toute responsabilité, terminons en disant qu’en matière d’art « il ne faut pas voir le corps comme un instrument sexuel. Pour un artiste, son corps est un instrument, son outil d’expression ». Doit-on interdire le nu dans les Beaux-Arts et voiler, comme cela se fait en un Orient désormais obscurantiste, les statues de nus et celles des dieux ithyphalliques ?
Par conséquent, il importe urgemment de saisir cette nouvelle occasion de violation caractérisée de l'islam vrai par ses prédateurs et camelots afin de réhabiliter le droit au nu en Tunisie; sa pratique doit y être parfaitement respectueuse de la foi islamique et non des lois issues de la religion du colonisateur. C’est le Coran et non la Bible qui doit être appliqué en Tunisie en conformité avec sa constitution démocratique ! Or, le Coran est une religion de droits et de libertés.
On attend donc avec impatience une position digne et responsable du ministère de la Culture, mais aussi des autorités politiques législatives pour enfin oser — et pour le moins — suspendre les lois scélérates en matière de mœurs. La Tunisie n'appartient pas à ces prédateurs intégristes minoritaires; elle est celle de ses masses majoritaires qui ont l’esprit bien libre, libertaire même.
Publié sur Réalités