Aïd-el-Kébir : Hygiène de vie et hygiène de croire et de penser
Bonne fête du sacrifice à toutes et à tous ! Voici, à cette occasion, une réflexion qu’imposent les visions rébarbatives de nos moeurs à cette occasion majeure dans nos vies. Ce faisant, et même si le propos paraîtra pour d’aucuns iconoclaste, il ne fait qu’user de ce principe cardinal de notre foi consistant à livrer la juste parole de justesse, celle qui est axée sur l’effort de cogiter devant être continuel en islam vrai, cet ijtihad délaissé bien à tort.
Hygiène de vie laissant à désirer :
Qui douterait aujourd’hui de l’importance d’une bonne hygiène pour vivre sainement ? L’esprit sain est bien dans un corps sain qui est dans une saine hygiène de vie. Or, un pays, tout pays, le nôtre y compris, est une société, un corps social qui, tout comme le corps humain, impose l’entretien, la bonne hygiène. Aussi, sans risque aucun de nous tromper, on pourrait dire que ce qui distingue les pays, développés et sous-développés, c'est bien leur degré d’hygiène de vie, et donc de penser la vie.
Certes, cela dépend pour grande partie de leurs moyens économiques et surtout financiers, de leurs richesses donc; mais on sait le lien étroit entre la richesse et le haut niveau d’une pensée évoluée.
Ainsi, pour rester dans l’actualité du jour, la fête du sacrifice, n'est-ce pas un manque d'hygiène de vie qui la fait transformer chaque année nos villes, déjà sales et salies, en bergeries et nos maisons en boucherie ? Et ce manque d’hygiène de vie n'est-il pas tout simplement un déficit d'hygiène de penser notre foi dont on se contente de suivre aveuglément non les préceptes avérés, mais l'interprétation qui en a été faite, devenue pourtant obsolète ?
Au surplus, le constat sociologique oblige à noter que ceux qui défèrent encore à la tradition du sacrifice chez nous d'un mouton sont les moins riches se sentant obligés de suivre l'esprit du temps. Or, il est célébré par qui entretient le défaut de pensée libre en islam, des commerçants de la foi, pour l'essentiel, et leurs complices dans les sphères du pouvoir politique et religieux.
C'est que la misère, surtout celle en termes de la pensée, est une arme redoutable pour gouverner, exploiter les masses et servir ses propres privilèges en instrumentalisant la religion.
Hygiène de pensée faisant défaut
L’habitude populaire de croire cette fête du sacrifice un rituel obligé de l’islam est certes aussi une cause éminente venant s’ajouter à la mauvaise hygiène générale de la vie chez nous chez les masses pour cause de la misère généralisée.
Elle ne s’ajoute pas moins à un autre type de misère, celle des élites, religieuses comme politiques, qui fait que l’on accepte la situation sans essayer de la changer, préférant l’accompagner, sinon l’encourager, et bien pis en profiter !
Or, il n’est quasiment plus de doute permis sur la nature commerciale aujourd'hui de l’Aïd-el-Adha qui n’est un rite religieux que dans le strict cadre du pèlerinage. Hors la Mecque, cet aïd n’est qu’une tradition populaire de plus en plus mercantile.
De plus, contrairement à la croyance qui s’est imposée chez les musulmans en contradiction avec la conviction des premiers musulmans, le sacrifié n’est pas Ismaël, mais Isaac. Le Coran ne dit rien à ce sujet, mais la Bible l’affirme; or, l’islam confirme les Écritures saintes dans ce qu’il n’a pas rectifié.
Il est vrai, Ismaël est le premier fils d’Abraham; seulement, il n’est que fils d’esclave. Aussi était-il dénué du droit d’aînesse revenant à son frère puîné, ayant la chance d’être légitime. Au demeurant, comment sacrifier un fils chéri qu’on a abandonné aux loups du désert après la répudiation de sa mère ?
Ce sont des vérités qu’on ne peut plus taire et que les autorités du pays ne doivent plus taire, car leur responsabilité éthique pour le moins est d'agir à stopper la dérive intégriste qui gagne le pays insidieusement. Or, elle est alimentée par l'ignorance de la vraie foi.
Par conséquent, il est impératif que l'on cesse, au niveau du gouvernement, d’entretenir une tradition devenue néfaste pour l’économie du pays et pour l’hygiène générale de la vie en notre pays. C'est ce qui permettrait à terme d'avoir ce courage de la vérité qui manque encore alors qu'il est si nécessaire pour aider à sortir des mythes gouvernant les esprits, ce terrorisme mental qui contrarie l'évolution démocratique de la Tunisie.
Ce qui impose de dire les choses telles qu’elles sont en arrêtant de reproduire un discours éculé, relevant de la religiosité. Car il n’a pour résultat que de ferrer l’islam dans son état actuel de religion obscurantiste, sinon criminelle, ainsi qu'il se donne à voir chez Daech.
Responsabilité éminente des autorités
Nos autorités religieuses, mais aussi politiques ayant un référentiel religieux, sont concernées par ce courage manquant qu'ils doivent à la vérité et à l'éthique. Tous nos responsables, à quelque degré de responsabilité que cela soit, le mufti de la République et le ministre des Affaires religieuses plus particulièrement, sont tenus de dire le vrai sur ces fêtes qu’impose moins la religion que la tradition.
Une telle obligation orale des politiciens est aussi un commandement national et religieux; c'est qu'il y va du salut à long terme du pays et de l’islam dont on doit veiller à la pérennité sur cette terre. Ce qui ne peut plus se faire qu’en revenant au dogme pur sans l’altération qui le caractérise de nos jours qui en a fait la foi antéislamique qu'incarne Daech. Or, ce dernier, le mécanisme qui lui a donné naissance est dans les esprits ignorants de leur vraie foi. Agissons donc pour une hygiène de penser notre foi ayant été révolutionnaire à sa naissance et devant le redevenir !
L’islam est aujourd’hui malade du fait de la mauvaise foi de ceux qui se sont érigés en autorités cléricales alors qu’il n’est nulle église en cette religion par définition libertaire. Il est donc impératif de penser à un ensemble de principes et de pratiques visant à favoriser le retour de sa santé, ce qui lui avait permis déjà une riche civilisation universelle. Or, cela ne se fera pas par un retour au texte, cet intégrisme qu’encourage l’Occident capitaliste et qui l’a amené à s’allier aux religieux les plus rétrogrades pour pérenniser sa mainmise sur le monde et maximiser ses profits.
Cela impose une hygiène de vivre et de penser l’islam afin de trouver les soins appropriés pour revitaliser un corps qui, s’il n’est pas traité tant qu’il est temps, ira à sa perte. Ce qui suppose, pour retrouver la santé de l’islam, de rompre avec les pratiques actuelles d’agir et de penser cette foi des droits et des libertés afin de renouer avec l’islam des Lumières.
C'est donc d'un retour à la foi spirituelle des origines qu'il s'agit, celle d'avant l’apparition des intégristes, sectateurs de tous bords, à la faveur de la première grande discorde de l’islam qu’on date depuis le premier crime politique de notre religion, celui du troisième calife majeur. Car l'islam politique date de ce moment-là qu'on oublie si vite.
Nota : Le texte a été légèrement remanié et publié à l'occasion du jour de l'an de l'hégire sur ma page Facebook :
Islam : Hygiène de vie et hygiène de croire et de penser, l'Aïd-el-Kébir en exemple
Nota : Le texte a été légèrement remanié et publié à l'occasion du jour de l'an de l'hégire sur ma page Facebook :
Islam : Hygiène de vie et hygiène de croire et de penser, l'Aïd-el-Kébir en exemple