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dimanche 28 décembre 2014

Une transcendance immanente 9

L'apostasie en Mauritanie : une instrumentation politique de la religion



Les médias se sont fait l'écho de la scandaleuse décision de la justice mauritanienne condamnant pour apostasie le jeune Ould Mkhitir pour un article de presse.
Certes, cette décision se veut légale en se fondant sur un texte juridique en vigueur au pays ; toutefois, ce texte est illégitime du fait qu'il se prétend à tort inspiré par la religion musulmane.
L'apostasie n'est pas interdite en islam
En effet, contrairement à une fausse idée répandue, il n'est aucune condamnation dans le Coran de l'apostasie. La foi y est libre, et la conversion aussi bien que l'apostasie relèvent du libre arbitre de la créature de Dieu qui n'a de comptes à rendre en islam qu'à son créateur.
C'est ce que confirme la tradition du prophète qui n'a jamais puni pour des faits relevant de la libre croyance des musulmans, allant jusqu’à accepter des hypocrites notoires dans la communauté.  
Si on rapporte de lui des dits interprétés à tort comme se rapportant à l'apostasie, ils n'ont concerné, en fait, que l'altération de la religion qui était alors l'ordre politique institué. Aussi, il n’a puni que des rebelles à l’ordre, coupables de tentative de coup d'État ou d’une action de subversion ; ce qui a toujours été interdit et continue de l'être dans toute société.
D'ailleurs, c'est bien en termes d'insurrection contre l'ordre politique que l'on définit aujourd'hui ce qu'on a appelé abusivement guerres d'apostasie et qui étaient bien des guerres, mais de contestation de l’ordre politique institué par la nouvelle religion.
Aussi, les condamnations prononcées en terre d'islam pour apostasie sont toutes illégitimes, étant anti-islamiques, violant non seulement l'esprit de notre fois et ses visées, mais aussi sa lettre même. Ipso facto, sont nulles et non avenues toutes les lois en la matière du fait même d’un tel fondement prétendument islamique.
Instrumentation politique de la religion
De fait, les condamnations pour apostasie ne sont prononcées que pour des raisons d'opportunité politique et/ou idéologique, ne faisant qu'instrumentaliser la religion au service des visées du pouvoir en place.
Ainsi, s'agissant du cas du jeune Mauritanien, il n'est dans son écrit nulle manifestation d'une quelconque apostasie ou attitude irrévérencieuse à l'égard de l'islam ou de son prophète. Son seul tort consiste juste à avoir contesté la situation faite à ses concitoyens par les religieux du pays au nom d'une mauvaise interprétation de la religion.
En effet, il ne fait que citer des textes parfaitement connus et respectés de la littérature officielle islamique et en tire argument contre les prétentions hégémoniques de seigneurs mauritaniens, faussement religieux, qu'il vilipende comme étant de véritables saigneurs du peuple.
C’est son seul et unique tort qui lui a valu la mort. C'est pourquoi la société internationale et tous les État démocratiques ont l’obligation de ne pas garder un silence honteux afin de dénoncer haut et fort une telle injustice flagrante.
À ce titre, la responsabilité est encore plus grande, ne serait-ce que moralement, incombant aux États musulmans, les plus influents notamment, qui doivent vilipender cette instrumentation de la religion à des fins politiques et obtenir des autorités mauritaniennes de casser un tel jugement injuste, innocentant le jeune Ould Mkhitir. Il y va de l'honneur même de l'islam !
Pour plus de détails sur cette question sensible, on peut se référer à l'essai* que j'ai publié sur la question, en arabe et en français, chez Afrique Orient à Casablanca au Maroc. On y vérifiera alors, preuves irréfragables à l'appui, qu'on commet à tort des crimes au nom de l'islam qui est absolument innocent de pareilles turpitudes.

Publié sur Leaders