Le non-cumul ou la prééminence des valeurs
On fait état de remous actuels au sein du parti
majoritaire dans le cadre de ses préparatifs pour la composition du nouveau
gouvernement. On rapporte que par certains aspects, ils auraient trait à l'intransigeance
du nouveau président quant à la prééminence de certaines valeurs quitte à
rompre avec des traditions bien établies dans le microcosme politique du pays.
Parmi ces valeurs une règle d'or que
contesteraient aujourd'hui certaines figures du parti, alors qu’elle a pourtant
été acceptée par les membres du parti, celle relative au non-cumul de la qualité
de député avec celle de membre du gouvernement.
On comprend, en effet, que nombre de députés
méritants se sentent lésés de ne pouvoir servir leurs idées et leur pays au
sein du futur gouvernement; mais on ne peut que donner raison à M. Caïd Essebsi
dans son intransigeance à faire triompher cette règle éminente de bonne gouvernance.
Certes, les personnes concernées par un tel
principe ont tout loisir de se réclamer de ce qui se passe à l'étranger où l'on
n'hésite pas à oublier les promesses faites et les principes dont on se
réclamait une fois au pouvoir.
Or, c'est mal connaître le nouveau président
qui, sur ce plan comme sur d'autres, se distingue par son sens affirmé de
l'État. Or, un État qui se respecte est un État qui aune seule parole. Quitte à
mécontenter ses plus zélés partisans. De plus, la Tunisie est en droit
d’innover en matière d’art politique. C’est même la vocation du nouveau staff
politique !
En Effet, pour Caïd Essebsi qui l'a démontré
dans sa riche carrière, ce sont les principes qui doivent avoir la prééminence,
et ce en toutes circonstances. Et on le voit avec la règle salutaire du
non-cumul, puisque nos politiciens ont l’obligation de s'habituer à l’idée que
le service de l'État ne se limite pas et ne doit surtout pas se limiter à un
poste de gouvernement ni même à la qualité de représentant du peuple.
En effet, la qualité de député est déjà un
sacerdoce auquel il importe de se consacrer corps et âme. De plus, le vrai
service de l'Etat est celui dont on s'acquitte efficacement, et ce quitte à demeurer
dans l'ombre, car c'est alors une manifestation parmi d'autres de sincérité et
de sérieux, loin des trompettes d'une renommée fallacieuse.
Outre ce principe, M. Caïd Essebsi cultive
particulièrement celui de la parole donnée. Aussi, en ce moment délicat de
négociations pour le nouveau gouvernement, il suffit de savoir s'il y a eu de sa
part une promesse en direction du parti Ennahdha de participation au pouvoir. Si c’est le cas, on sera alors en
mesure d'annoncer déjà sa participation inévitable.
C'est cela être un homme responsable ! C'est
également réaliser les acquis de la révolution par le haut, cette fois-ci,
rompant concrètement avec la politique politicienne d'antan !
Publié sur Leaders