Que le grand perdant des législatives se rattrape à l'occasion de la présidentielle !
Il ne s'agit pas ici de partis politiques, mais de l'instance qui supervise les élections; c'est elle qui est la grande perdante des législatives !
Dans sa conférence de presse du 31 octobre à la Cité des Sciences, sous l'intitulé « Élections législatives 2014 : entre l’affirmation de la citoyenneté et la faiblesse de l’ISIE », l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a été sévère quant à la prestation jugée pour le moins médiocre de l'ISIE, estimant négatif son bilan à la veille de la présidentielle.
De graves infractions non sanctionnées
L'association a recensé pas moins de 9821 infractions dans les 27 circonscriptions électorales avec une influence certaine sur le résultat final pour cause d'argent sale impliquant nombre de partis, notamment ceux arrivés aux trois premiers rangs : Nida, Nahdha et UPL.
L'ATIDE est surtout sévère pour la suite négative donnée par l'ISIE à son travail au prétexte — estimé manifestement contestable — de manque de preuves.
Outre l'argent, les intimidations et la propagande illégale, ATIDE dénonce, preuves à l'appui, la non-neutralité de certaines instances de l'ISIE et assure que des bureaux de vote étaient notoirement infiltrés par des intérêts politiques, y compris au niveau de la présidence de certains bureaux.
Des pratiques graves, de nature à influencer le résultat, ont également été rapportées, comme l'ouverture de certaines urnes en dehors de la présence d'observateurs ou la non-conformité des registres de signature et des listes électorales.
D'ailleurs, la grande faiblesse de l'opération électorale s'est située au niveau de la tenue de ces listes, des électeurs dûment inscrits n'ayant pas trouvé leur nom et d'autres s’étant retrouvés inscrits ailleurs que dans leur circonscription d'origine.
Une légèreté coupable
L'association est particulièrement amère pour ce qu'elle qualifie de laxisme de l'ISIE qui, malgré des compétences étendues, a rarement réagi ou bien trop tard aux infractions qu'on lui rapportait.
Cette légèreté dans la sanction des infractions est à rapprocher de l’attitude concernant l'usage de l'encre électorale dont on a assez prouvé l'inutilité quant à la protection contre la fraude; or, l'ISIE continue à l’utiliser même si elle admet son caractère non obligatoire.
À la veille du prochain rendez-vous électoral capital, l'ISIE a donc intérêt à corriger nombre d'imperfections, en commençant par bannir cette encre honteuse avec laquelle elle s'obstine à stigmatiser l'électeur tunisien comme s'il n'était pas assez mûr pour qu'on lui épargne cette marque semblable au fer rouge qu'on appliquait aux bagnards.
Ce faisant, l'ISIE montrera son indépendance vis-à-vis des intérêts qui sont derrière une telle encre, et pour qui ces élections sont juste une aubaine pour faire des affaires.
Ce serait un fort signe symbolique de la part de l'ISIE pour une attitude crédible par rapport à l'argent par trop envahissant en politique aujourd'hui en Tunisie.
Publié sur Leaders