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jeudi 17 juillet 2014

Fair-pray, sportive politique 7

Le machiavélique jeu américain en Tunisie *



Personne ne doute aujourd'hui du jeu américain en Tunisie depuis ce que j'ai qualifié Coup du peuple pour qu'on ne verse pas dans une lecture part trop stéréotypée des faits qui bien que signés, ne sont pas moins soumis à une bonne dose d'imprévu, cet impondérable que même le plus futé des scénaristes ne peut prévoir. Voici schématiquement ce que fut et est encore le jeu machiavélique américain en Tunisie et ses motivations.
Le jeu initial 
Le sûr, comme je l'ai précisé ici même est que le dictateur déchu n'aurait jamais quitté de lui-même le pouvoir s'il n'y avait été poussé à le faire, obligé même. C'était une carte maîtresse de l'Occident dans le pays , mais elle n'avait plus rien de l'atout et le jeu imposait de s'en passer.
D'autres atouts, majeurs et mineurs, apparaissaient, imposés par la partie et on n'avait que le choix d'en user. Toutefois, et même si on n'a pas manqué de chercher à orienter la partie (avec les fameux snipers, par exemple), les Américains n'avaient pas le trait, comme on dit aux échecs ou n'étaient pas au service, ainsi qu'on dit au tennis. Cela veut dire qu'ils avaient beau dicter un scénario, ils n'avaient aucune certitude qu'il serait appliqué, car le peuple restait le maître du jeu, consciemment ou inconsciemment, directement ou indirectement.
Ainsi, le plan A des Américains était de changer la tête du pouvoir en Tunisie tout en gardant en place le reste du corps, et ce moyennant une transition douce vers une semi-démocratie. On tablait sur la caractéristique majeure du peuple qu'est l'indolence et sur une Administration bien structurée pour voir le tour réussir.
C'était compter sans la faim de changement chez le peuple, doublée d'une soif de libertés que mirent à profit tous les opposants à l'ancien régime tenant à prendre un pouvoir qui s'offrait à eux pour réaliser leurs visées politiques et idéologiques ou tout simplement avoir une revanche contre un destin qui n'était plus contraire.
Aussi, les Américains n'ont-ils eux que le choix de suivre le mouvement pour mieux le contrôler. D'où l'opération de transition démocratique et le premier scénario d'élections libres. 
Celles-ci furent surtout formelles, puisqu'elles ne manquèrent pas d'être entachées d'un certain nombre d'irrégularités, sans parler du taux risible de participation, bien insuffisant pour refléter honnêtement la volonté populaire. Mais cela importait peu, puisque l'essentiel était d'avoir une équipe stable aux commandes qui ne soit pas hostile au pouvoir yankee tout en ayant une certaine empathie auprès des masses les plus agissantes. 
Or, le parti de cheikh Ghannouchi avait tellement bien manoeuvré avant même la chute précipitée de la dictature qu'il a su s'ériger en nouvel atout dans la nouvelle donne du jeu américain. Il se présentait en garant des intérêts du capitalisme mondial dans le pays, son programme économique étant quasiment une copie antédiluvienne du capitalisme le plus sauvage. Et il ne reniait pas ses accointances avec l'islam radical, se présentant même comme ayant sur lui une certaine influence tout en se disant relever idéologiquement d'un islam tolérant. 
C'était bien plus que n'espérait l'oncle Sam dont étaient ainsi sauvegardés, non seulement les intérêts économiques, mais aussi stratégiques puisque, et c'est bien connu, les Américains ont toujours tenu à fréquenter le diable pour mieux le contrôler, en user s'il le faut dans ce péché mignon outre-Atlantique de faire servir par le diable une politique voulue angélique.     
Le jeu actuel
Cela explique les péripéties que nous avons vécues depuis l'arrivée de la troïka au pouvoir. On savait que les partenaires d'Ennahdha n'avaient rien de démocratique comme ambitions ni le moindre poids auprès du colosse islamiste, mais celui-ci sans eux avait les pieds d'argile. La vacuité des valeurs démocratiques du pouvoir pour cause de voracité pour le pouvoir et ses délices ne gênait en rien l'ami américain, l'essentiel à ses yeux étant garanti : une politique libérale ne se distinguant en rien de celle du régime déchu, sauf qu'elle ne servait plus exclusivement la maffia des Ben Ali et consorts, mais profitait en premier aux gourous de la finance internationale, les capitalistes occidentaux et leurs associés dans le pays.
Il est vrai le rendement de l'équipe au pouvoir ne fut pas à la hauteur des attentes américaines, surtout dans le contrôle et l'orientation des groupuscules religieux extrémistes. Ennahdha se faisait déborder et ne réussissait pas dans son grand écart entre les positions radicalement opposées : celles dictées par un comportement se devant d'être légaliste et modéré imposé par l'exercice du pouvoir et celles relevant de sa nature profonde et son inconscient foncièrement intolérant et dogmatique. Or, chassez le naturel, dit le proverbe, il revient au galop.
Et ce fut l'attaque de l'ambassade américaine qui, entre autres événements, amena les Américains à prévoir plus de plans de rechange qu'ils n'avaient pensé et n'auraient souhaité. De plus, le réveil de la société civile ne compliqua pas peu le jeu, augmentant la dose d'impondérables.
Aussi, il n'existe pas un seul plan B, mais plusieurs; cependant, il est toujours un jeu principal mis en place depuis l'acte majeur en Égypte qui devait servir tout autant pour la situation sur les bords du Nil qu'en Tunisie .
Il consiste à user de tous les éléments stratégiques que possèdent les Américains pour influencer sur la politique d'Ennahdha tant durant sa gestion au pouvoir qu'à la marge du pouvoir; et ils sont de taille, ce qui explique qu'Ennahdha est aujourd'hui aux petits soins avec son grand allié sans le soutien duquel le parti serait revenu aux décombres d'où il a été sorti, pour utiliser une expression chère  à cheikh Ghannouchi.
Le jeu idéal pour les Américains consiste à ce que le parti du cheikh reste au pouvoir moyennant une opération électorale sommaire dont l'intérêt est moins de réussir la transition démocratique que de sauvegarder les apparences. Pour cela, tout est bon, y compris de prétendre faussement que les actions terroristes cherchent à empêcher l'opération électorale tout en cherchant à en profiter pour revenir au pouvoir même contre la volonté de la majorité et renouveler ainsi une légitimité perdue depuis longtemps.
C'est la dernière chance qui reste à Ennahdha et elle le sait. En effet, si les élections ont lieu, eu égard au cadre dans lequel elles se déroulent et le scrutin apprêté selon les intérêts du parti, la majorité n'échappera pas au parti islamiste. Et il réussira son parti de continuer à gouverner avec l'arsenal répressif de la dictature et satisfaire le souhait de ses membres les plus dogmatiques de voir la constitution rester lettre morte puisqu'elle est pour eux mort-née.
Toutefois, si jamais les élections ne sont pas organisées, Ennahdha sait que le jeu américain changera et d'autres atouts viendraient concurrencer le sien propre. Or, non seulement la réussite de la transition démocratique, mais aussi le bon sens et l'éthique politique commandent que les élections soient reportées après la mise en place de l'État de droit pour ne pas donner un blanc seing à la majorité qui en sera issue.
Les Américains semblent laisser le jeu aller à son terme en attendant son issue comme ils aiment à le faire souvent, assistant en quelque sorte en spectateur à de futurs poulains, les jaugeant, les jugeant. Si c'est encore Ennhdha, on continuera le jeu ancien, et tant pis pour la démocratie et l'État de droit en Tunisie; ils attendront. Si le peuple finit par imposer son refus farouche de la comédie des élections, l'ami américain sera à ses côtés, ayant entre-temps changé d'atouts pour rebeloter.
Aux Tunisiens de savoir s'ils veulent revivre les trois dernières années de déceptions et de drames à la faveur d'élections dont le résultat est joué d'avance, ou s'ils entendent entamer une nouvelle partie où tout restera possible en exigeant le report des élections et l'instauration au préalable de l'État de droit. Les terroristes dont les attaques sont destinées à précipiter l'organisation de la mascarade électorale ne doivent pas avoir gain de cause ! 

Nous employons le terme "machiavélique" sans connotation péjorative. Rappelons que Le machiavélisme est le réalisme politique qui suppose chez le Prince (Il Principe) les qualités essentielles de la "ruse du renard et la "force du lion" ainsi qu'une connaissance de la psychologie humaine lui permettant de se donner une image de nature à séduire les foules en paraissant avoir toutes les qualités. Notons aussi qu'une telle politique, dans l'esprit de son auteur, avait pour but la réalisation de l'unité nationale de l'Itaie.