Ces gestes d'incompétence de nos compétences au gouvernement
Qui n'a pas remarqué, rien qu'à regarder les photos officielles de notre gouvernement de compétences, cet aire de gravité extrême, qu'on ne distingue pas de l'affection, qui marque l'attitude de la plupart des ministres : bras croisés, mains crispées l'une contre l'autre, poitrine creusée, tête dans les épaules, dos à peine droit s'il n'est voûté, chevilles croisées... Or, contrairement au message de sérieux et de compétence qu'on cherche à donner ainsi au peuple, la première impression qui se dégage d'une telle attitude est un mal-être certain, sinon un terrible sentiment d'impuissance.
De l'importance des gestes du quotidien
Ce qui est prouvé scientifiquement aujourd'hui, c'est que dès que l'on se replie sur soi-même, un sentiment d'impuissance s'installe, qui influe sur notre imaginaire et celui de ceux avec qui on est en relation. Aussi conseille-t-on de s'étaler dans l'espace de par notre corps même, nos gestes et nos postures; cela revient à conquérir notre environnement, y compris humain, les esprits surtout. Les spécialistes qui conseillent les plus grands communicateurs du monde insistent sur la nécessité pour briller et convaincre d'adopter ce qu'ils appellent la «posture de puissance». Celle-ci n'est que le fait bien connu dans la sagesse populaire d'être bien dans sa peau; en effet, élargir nos gestes, comme nos affects, est imparable pour transformer positivement notre état intérieur, nous faire sentir des ailes nous pousser.
Les scientifiques explorent plus que jamais l'effet certain de la pensée et de l'esprit sur le corps. Ils en concluent qu'il existe une dialectique faisant, en retour, le corps influer sur l'esprit moyennant l'adoption de quelques gestes simples, à l'apparence banale, mais gros des conséquences psychologiques des plus importantes.
Ainsi, des chercheurs psychologues de la prestigieuse université de Harvard ont démontré que l'hormone qui fait naître en nous la confiance — la testostérone — décroît du quart quand on adopte une pareille posture contractée. Pis ! dans le même temps, le cortisol —hormone responsable du stress — monte quant à lui de 10%.
Une posture de puissance
Ce qui manque manifestement aux membres de notre gouvernement de compétences, c'est une telle attitude de puissance qui influe sur cet aspect impondérable de la vie humaine. Or, pour être inconsciente, relevant de l'imaginaire, elle n'est pas moins déterminante dans l'attitude consciente les décisions qui nous semblent ne relever que de la volonté. On ne doute plus aujourd'hui de la part des structures imaginaires de l'inconscient, aussi bien collectif qu'individuel; l'inconscient étant une structure anthropologique éminente.
Certains spécialistes conseillent même de s'exercer quotidiennement à adopter des attitudes de nature à renforcer la confiance et la diffuser autour de soi, comme un flux électrique qui émanerait du chef vers ses troupes, galvanisant leur ardeur pour le moins. C'est ce qui fait le charisme des grandes figures de l'humanité.
D'ailleurs, des hommes et femmes politiques s'exercent à choisir le mode le plus adapté pour convaincre, faire bonne impression. Notre président provisoire y cède aussi, mais en choisissant la plus mauvaise manière, une vêture qui ne fait nullement l'homme et n'a même plus prise sur l'esprit de ses compatriotes. Il serait bien plus inspiré d'être habité aussi par le prestige de la fonction et les devoirs qu'elle lui impose. Ce serait bien plus gratifiant pour lui que de continuer à vibrer au rythme de l'ambition dévorante de durer au pouvoir qui le consume, faisant disparaître les unes après les autres ses anciennes valeurs militantes, se révélant de simples biais pour être au pouvoir.
Recettes de grands communicants
En illustration de l'imaginaire gouvernant nos vies à travers des gestes anodins, voici quelques recettes de ce que conseillent des scientifiques américains. Nos compétences politiques pourraient s'en inspirer pour une prestance de nature à diffuser plus de confiance chez le peuple et chez leurs interlocuteurs :
Garder les bras déployés : en veillant, en position assise, à avoir cette attitude exprimant le pouvoir, on ne peut qu'influencer nos pensées, en faire des idées positives et volontaristes.
Ne pas hésiter à placer les poings sur les hanches : des études scientifiques montrent que tenir une telle position au moins deux minutes par jour augmente la confiance en soi et rend même bien plus audacieux qu'on ne croît l'être. Une telle posture influe sur la psychologie de nos interlocuteurs en diffusant l'image subliminale de force et d'invincibilité. Ainsi jouerait-on à Superman et à l'être à bien peu de frais !
Ne pas hésiter à lever les bras en haut : ce signe de victoire que nous retrouvons chez de Gaulle est responsable d'un sentiment de succès qui ne manque pas de se manifester au niveau du cerveau, entraînant la mobilisation de tout le corps vers une victoire anticipée en quelque sorte. Faut-il ne pas le faire à tort et à travers, car sinon cela devient de l'agitation puérile. Un fond d'idées solides doit constituer le socle de la victoire ainsi proclamée par une pensée désormais en mesure de plier la matière.
Pencher le buste en avant, tête haute et mains en appui sur une table ou le dos d'une chaise : psychologiquement, le gain de confiance en soi est instantané. On le voit chez les professeurs, un vendeur ou même un serveur; ce qui est pour beaucoup dans leur capacité à convaincre et plaire. Loin de rebuter ou d'offusquer, cette attitude décontractée crée un sentiment de proximité; or, celle-ci demeure la meilleure clef pour les portes cadenassées.
Adopter l'attitude du Big Boss, n'hésitant pas en étant assis à allonger les jambes, à placer les pieds sur le bureau : cette attitude assez commune chez les Américains est de celles qui ont le plus d'impact sur le cerveau, le conditionnant dans le sens de l'irréductibilité. De plus, elle en impose, intimidant les moins solides des interlocuteurs.
Ne pas hésiter, assis, à rejeter la tête en arrière en plaçant les mains derrière la nuque : C'est la posture de la personne bien de sa peau, assez solide dans ses vues et ses principes. Elle maximise l'élan de sympathie et d'ouverture aux idées qui sont plus facilement exprimées.
Publié sur Al Huffington Post