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mercredi 28 mai 2014

Démocratie participale 9

Après l'acte terroriste de Kasserine, se rappeler que la dictature est au coin de la rue des faux-semblants




En médecine, un mal en voie de rémission doit souvent atteindre son point culminant; il en est de même en matière de terrorisme. L'attaque scélérate inédite du domicile du ministre de l'Intérieur pourrait constituer ce degré maximal et donc final de la maladie de la terreur dont souffre notre pays.

Il nous faut toutefois prendre garde à ce que le retour à la santé ne soit pas synonyme de solutions radicales, comme celles qui consistent, pour en finir avec la maladie, à tuer le malade au lieu de l'en sauver. C'est ce que risque notre démocratie, faisant retourner notre État à la dictature au nom de la lutte contre le terrorisme.

C'est l'État de droit et une société de libertés qui sont le meilleur antidote contre la terreur. Faut-il avoir une conception de la démocratie qui ne soit pas vidée de sens, étant juste formelle, se focalisant sur un mécanisme électoral qui ne garantit nullement le contenu nécessaire en droits et en valeurs !
 
Aujourd'hui, de par le monde, il est trop évident que ce qui devait être le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple n'est au mieux que celui d'une caste, sinon une clique, de professionnels ou d'aventuriers de la politique érigée en métier servant des intérêts privatifs sinon mesquins.

Or, la politique est tout sauf un métier au sens d'occupation régulière rémunérée, car elle a alors trop vite viré en ce métier qui n'est qu'un cadre rigide servant à tendre l'ouvrage à broder et justifiant donc tous les abus.

Cette notion de métier est loin de ce sens d'habileté manuelle et intellectuelle que donnent la pratique et l'expérience de la vie. Ce qui est la vraie conception de la politique, qui n'est que la saine gestion de la cité; et celle-ci ne peut plus l'être au seul profit d'une minorité, la cité d'aujourd'hui, cité postmoderne, étant désormais la propriété des masses et des foules en leur âge de la postmodernité.

Et les foules si elles ne sont pas canalisées par des lois justes et vertueuses débordent toutes les limites du vivre-ensemble paisible pour verser dans l'innommable, ainsi que comme peuvent le faire des autorités illégitimes, dictatoriales et fascistes.
   
En psychologie, on parle d'anamnèse, qui est l'évocation du passé fait par le patient pour renseigner son médecin sur l'histoire de sa maladie. Il nous faut un pareil effort dans le traitement de la maladie terroriste dont souffre la Tunisie, qui serait en mesure d'indiquer que la solution n'est jamais d'opposer une terreur injuste d'État à la terreur aveugle de la rue. La meilleure garantie d'éradiquer cette dernière est l'instauration d'un État de droit, car sinon la dictature est au coin de la rue. Or, elle est toujours à éviter, même si elle se pare des atours de la lutte contre le terrorisme.

Il ne nous faut surtout pas oublier que le terrorisme se nourrit d'une injustice vraie ou supposée. Veillons donc à ne pas en créer et employons-nous, loin des faux-semblants démocratiques, à mettre en application concrète les acquis de notre nouvelle constitution.

En rappelons que le terme concret suppose en son sens étymologique une action de concert avec autrui, la société civile en l'occurrence, on verra qu'une fois mise en œuvre, notre constitution sera le plus solide rempart contre tout terrorisme. Car cela le sera grâce à l'adhésion de la quasi-totalité du peuple à son nouvel État véritablement démocratique que tout un chacun ne voudra que défendre et protéger.

Publié sur Leaders