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Mon manifeste d'amour au peuple 3/3


I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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samedi 9 février 2013

Religion d'amour 1

Après le drame : oser l'amour en Tunisie !


Après le drame, que doit changer en notre pays ? Qu'y faire pour que l'indicible ne s'y banalise pas, que la haine de soi et surtout de l'autre n'y devienne monnaie courante, que la violence et la barbouzerie y fassent la loi au nom d'une divinité tutélaire assoiffée de sang, qu'elle soit du ciel ou de l'enfer ?
N'hésitons pas un instant, ayons le courage de le dire, ce courage qui manque cruellement aujourd'hui en notre pays martyrisé : il nous faut de l'amour en Tunisie !
Il nous faut y pratiquer la culture des sentiments vrais sur cette terre de tolérance ancestrale dont le peuple reste hédoniste en son âme profonde. Osons l'amour, ce noble sentiment en tout être humain, le meilleur dont il est capable, non seulement pour qui il peut chérir, mais aussi et surtout en direction de celui qu'il pense légitimement exécrer, et ce en marque suprême de hauteur morale.
Comme on aime Dieu, comme on aime ses parents et ses enfants, comme on aime tous ceux qui nous sont chers, aimons-nous les uns les autres, sœurs et frères dans l'humanité, sans apriorisme et sans préjugés, ces œillères qui nous cachent la lumière qui est en nous, cette sublimité spirituelle.
À la faveur du Coup du peuple, notre Révolution mémorable, la lumière en nous ne cherche qu'à affleurer à la surface de nos personnes, mais nos réflexes viciés et nos idées reçues éculées l'en empêchent. Et seul l'amour est en mesure de triompher de pareille impossibilité qui n'est que de la pusillanimité.
L'amour, c'est une parole vraie : bannissons donc le mensonge de notre vie, ne montons plus ni à autrui ni à nous-mêmes ! Que la démocratie en Tunisie soit synonyme de mise hors la loi de la moindre langue de bois ! Il est inadmissible de continuer à soutenir politiquement des choses qui jurent avec les faits, alors que l'on sait pertinemment que rien ne se cache en Tunisie et dans le monde d'aujourd'hui, que notre peuple, ainsi que les peuples en général en cet âge des foules, ont l'intelligence suffisante pour ne plus croire ce qu'on leur débite à longueur de journée de fausseté.
L'amour, c'est un acte honnête, sans sous-entendu et sans arrière-pensée. Arrêtons d'user de slogans creux, parlant de notre religion en idéal de la foi, sans le démontrer dans le concret ! Notre religion est bel et bien une croyance élevant l'être humain au-dessus de toutes les turpitudes, et c'est l'amour qui permet cela. Or, tant que l'on n'a pas aimé son ennemi, tant que l'on n'a pas aimé le différent, on n'a pas fait acte de foi islamique.
Aimons-nous les uns les autres, ne nous faisons plus la guerre ! Et si la politique doit nous amener à la confrontation, que cela soit sur le strict plan des idées. Ayons le courage de n'envisager la guerre que dans le domaine de la pensée théorique, faisons-en une bataille des idées ! Ayons le courage d'aller les mains nues aux guerres que les plus fous nous imposent, et osons proclamer que nous n'y allons pas pour guerroyer, mais pour y prêcher l'amour.
Prêchons-le et pratiquons-le les mains nues, et si l'on nous fait face avec les armes de la mort et les munitions de la haine, n'en usons surtout pas et contentons-nous de les retourner contre ceux qui les tiennent, sans intention de nuire, juste par réflexe défensif. La meilleure défense, c'est la défense avec les armes les armes de l'ennemi.
Défendons-nous, défendons nos idées avec amour, sans aversion ni haine pour qui que ce soit. Osons l'amour et faisons-le au lieu de faire la guerre ! Puisons dans le meilleur qui est en nous, cet océan sans fond de sentiments d'aménité et de fraternité; plongeons-nous en ses eaux et que ses vagues n'agitent autour de nous que de l'amour.
Osons aimer et laissons les gens aimer et s'aimer en ce pays d'islam qui est synonyme de paix. Osons jeter un regard nouveau sur notre religion, délaissons notre lecture surannée qui a perverti le message amoureux de l'islam pour revenir à son essence qui est exclusivement un amour infini sans exclusive pour qui que ce soit.
Arrêtons de faire d'Allah le Dieu des Hébreux, coléreux, vindicatif, cruel et rancunier. Allah est tout amour; sa miséricorde est sans fin pour toutes ses créatures. Et il honore bien davantage le pécheur que le saint, car le croyant, capable de piété est sur la bonne voie et a moins de mérite qu'un pécheur appelé à finir par croire en ce Dieu tout amour. C'est que pareil Dieu est toujours en mesure de l'aimer, même et surtout dans ses turpitudes, lui pardonnant une fois que l'amour, à force de persévérance, aura fini par effacer ce qu'il y a de plus mauvais en lui, cette perversion humaine inévitable, l'humain étant de l'humus, en continuel perfectionnement.
Allah est bien et n'est que tout amour; nos soufis l'ont bien compris qui en font l'amour même, l'amour absolu. Ils ont surtout compris que la vraie croyance, la foi véritable est moins de se réclamer musulman que de pratiquer l'amour en islam, car notre religion fait de la piété un acte permanent d'amour.
Il est temps que tous ceux qui se croient musulmans sans pratiquer assidûment pareil sentiment amoureux comprennent qu'ils ne sont pas de vrais croyants, puisque Allah commande l'amour en premier comme marque éminente de la piété véritable, sinon la marque exclusive, entraînant toutes les autres.
Il est temps donc qu'ils cessent de haïr ceux qui sont différents d'eux, y compris les croyants ou athées qui ne relèvent pas de leur foi, au nom justement de l'islam qui est une foi universelle. Il est temps qu'ils donnent l'exemple en aimant le pécheur, ainsi feront-ils bien plus de piété qu'en l'anathémisant.
Il est temps qu'ils aiment le chrétien et le juif, qui célèbrent comme eux l'unicité divine, seul critère de la foi en notre religion œcuménique. Il est temps qu'ils aiment l'homosensuel (ou homosexuel), car le respect de sa différence est la vraie preuve de leur respect de la personne humaine consacrée par notre religion d'amour.
Que nos intégristes qui n'ont que la haine et l'anathème pour pratique religieuse comprennent qu'ils ne représentent nullement l'islam, et sils se prétendent être les serviteurs d'Allah, ils ne sont au vrai que les suppôts de Satan, Allah n'étant qu'amour infini.
Le dieu de l'islam n'est pas le Dieu de l'Ancien Testament, il n'est pas le Dieu d'un peuple prétendument élu; dire cela et continuer à le pratiquer tous les jours ce n'est rien d'autre que ressusciter une tradition hébraïque que même les vrais juifs ont fini par répudier étant une conception dépassée.
Il n'est de peuple élu que dans la pratique de l'amour ! Il n'est de foi islamique que la foi amoureuse; une foi amoureuse de Dieu et de ses créatures, toutes ses créatures, sans la moindre exception. Dire le contraire, c'est tout simplement mentir.
Faisons donc acte de foi, mettons l'amour dans notre vie de tous les jours, aimons-nous les uns les autres et, surtout, aimons ceux qui veulent être nos ennemis, faisons-en nos amis, même contre leur gré. L'amour, à force de persévérance de notre part, de sincérité et de bonne foi, finit par triompher, étant la seule vérité de l'homme. Que la Tunisie redevienne la terre de la tolérance qu'elle a toujours été; que la Tunisie soit déclarée enfin terre d'amour !
Rappelons-nous encore les belles paroles du grand Farhat Hached qui, au pire des moments de l'histoire de notre pays, quand on parlait de haine et de vengeance, osait seul parler d'amour, unique langage véritable qui parle au Tunisien, à son cœur et en son tréfonds.
Faisons donc comme lui, quittons nos mines patibulaires de mercenaires de la haine, des sentiments d'exclusion et commençons par mettre de la sincérité, toute la sincérité nécessaire dans nos paroles et nos actes. Soyons tous Farhat Hached, parlons amour comme lui !
En 1952, à un moment de haute tension sur notre terre, en pleine lutte pour la libération politique de la Tunisie, Farhat osait répondre de la plus belle façon à la mise en scène du nouveau Résident Général de Hauteclocque, venu en notre pays sur un navire de guerre pour impressionner les esprits. Il a raillé l'arrogance et la bêtise dans l'un de ses sages et lucides articles en disant : "Il faut dégonfler la baudruche !"
Pareillement, aujourd'hui, en un moment crucial pour la Tunisie dans sa lutte pour l'instauration d'une démocratie authentique, faisons comme lui en disant à tous nos politiciens engoncés dans leur superbe, pratiquant volontiers la politique du pire, une politique des intérêts partisans égoïstes : dégonflons en nous la baudruche !
L'amour auquel nous appelons, c'est cette parole de vérité à laquelle appelle l'islam كلمة سواء , soit ce verbe axé sur un commun accommodement, selon ma traduction !
L'amour, c'est cet ordo amoris de la chrétienté, l'ordre amoureux des soufis auquel j'ai appelé dans le cadre d'une politique qui soit compréhensive, rompant avec les canons dépassés d'une politique antédiluvienne à laquelle s'accrochent désespérément certains esprits cacochymes de nos politiques, pas seulement par l'âge, mais aussi et surtout par la mentalité.
Le Coup du peuple de Tunisie, sa Révolution du jasmin, première saison d'un printemps pour l'humanité entière, est d'abord et avant tout une révolution mentale.
Révolutionnons donc nos mentalités, compatriotes, osons enfin aimer, faites l'amour en politique, pas la guerre ! Transformons, en une Tunisie devenue terre d'amour, la politique belliqueuse en politique amoureuse ! Et que le mot d'ordre du grand Farhat soit dans tous les esprits et à jamais : Je t'aime, ô peuple !