C'est en
m'inscrivant dans la droite ligne du coup du coeur de Farhat Hached, notre
inspirateur et modèle à tous, amis amoureux du peuple et du pays, compagnons de
la lutte de tout Tunisien patriote pour une Tunisie paisible et prospère, que
je vous adresse ce message qu'aurait pu vous livrer notre amour de grand
patriote dont je porte fièrement et le prénom et les idéaux, outre l'origine
insulaire. Puissé-je honorer son combat !
Il nous
dit à tous que le combat de l'UGTT est juste, mais que la justice est toujours
en butte à de l'injustice, surtout en temps de confusion des valeurs, comme
c'est le cas partout dans le monde, et chez nous en particulier.
Aussi,
l'UGTT de Hached ne doit pas opposer à la violence illégitime une autre
violence; car toute violence — même légitime, même juste morale, comme celle
qui vous tente par l'appel à la grève générale — nourrit la haine et alimente
le terreau bien fertile de la désespérance.
Fidèles du
grand Farhat, vous venez de vivre une douloureuse expérience qui vous rend plus
forts, car ce qui ne nous tue pas nous renforce assurément. Aussi, ne faites
pas comme ceux qui vous contestent votre réelle représentativité du peuple,
cultivez plutôt l'espoir en ces temps de désespoir ! Faites don du meilleur en
vous ! Soyez comme notre Farhat dans son amour infini pour ce peuple qui
souffre!
Et vous le
savez comme lui, quand on n'a que l'amour pour unique combat, on force le
destin, faisant taire canons et tambours de guerre par la science de nos
sentiments.
Amis du
peuple, votre courroux est légitime aujourd'hui; il vient du déni de votre
identité même et de votre combat avéré au service de ce pays. Mais si vous
opposez à ce déni indigne l'arme absolue de la grève générale, vous donnerez
raison au tissu de mensonges de vos ennemis et quelque prise à leur mépris et
leur méprise.
Amoureux
du peuple, vous avez déjà gagné la bataille de la vraie légitimité, celle de
l'amour du peuple. Aussi, n'opposez à ceux qui vous offensent que ce que mérite
toute insanité, soit juste le même mépris en retour, ignorant superbement tout
le reste qui doit se réduire à vos yeux d'adultes rien qu'à de l'agitation, de
la gaminerie. Que la raison vienne donc de votre côté; vous êtes la conscience
du peuple !
Ce peuple,
intelligent comme vous le savez mieux que quiconque, vous en saura gré; et
demain il vous le rendra au centuple. Car, aujourd'hui comme hier, seul le
peuple compte avec ses masses humbles et laborieuses, et il a besoin que le
pays ne se divise pas davantage, que son économie ne se désagrège pas plus, étant
donné que c'est lui qui en souffre le premier et non ceux qui alimentent ses
difficultés. Et ils le font d'autant plus allègrement, occupés à bétonner leurs
privilèges bien plus attrayants pour eux que leurs devoirs, qu'ils pensent
juste compenser des privations passées, avérées sans aucun doute, mais exagérées
eu égard à la situation présente du pays.
Comme hier
sous une dictature honnie, et même plus qu'hier eu égard à l'espoir immense
suscité par sa révolution, le peuple souffre aujourd'hui dans sa quasi-totalité
des turpitudes de ceux qui sont censés le représenter et le servir, mais qui ne
font que se servir sur son dos, pensant à leurs émoluments, indemnités et
privilèges avant de penser à lui assurer de quoi survivre, faire vivre ses
enfants.
Le peuple
souffre et il a besoin de qui soit réellement celui qui parle en son nom, de
ses peines et de son malheur quotidien, qui le comprenne pour panser ses
blessures et mettre, pour le moins, du baume à son âme par une empathie réelle.
Or, aujourd'hui, avec la faillite des gens au pouvoir, c'est vous qui incarnez
le peuple et ses aspirations légitimes; c'est vous qui êtes l'âme de ce peuple
!
Ce peuple
n'est ni bête ni indigne; il est fier et il ne dit rien ou si peu; il observe,
scrute les agissements des uns et des autres et il réserve à l'amour véritable
qu'on lui porte la rétribution méritée.
Levez donc
le mot d'ordre de grève au nom de votre amour pour ce peuple adulé par le grand
Farhat ! Faites acte du courage des grands qui sont toujours magnanimes face
aux pires offenses, ce courage des moments capitaux, que commande l'intérêt du
pays !
Et
n'attendez pas d'excuses, car c'est la marque d'un honneur blessé; or, le vôtre
est au-dessus de toute ignominie, y compris la plus scélérate, juste parce
qu'il est au cœur même de ce peuple, préservé par son amour infini.
Amis en
lutte, refrénez l'inimitié qui est l'argument du faible et faites plutôt la
culture des vrais sentiments d'amitié, d'aménité et d'amour ! Les bons
sentiments qui sont à la source de toute volonté agissante ont une force inégalable
pour soigner le mal le plus insidieux. Or, celui-ci galope aujourd'hui dans nos
rues, emporté par les ailes du désir du pouvoir absolu et de l'arrogance
aveugle de ceux croient avoir la science infuse pour gouverner un peuple bien
trop intelligent pour leur docte ignorance.
Opposez à
vos détracteurs la vraie science — celle du cœur amoureux du peuple et des
talents inépuisables de l'humilité à son service, tels que nous les a appris
Farhat Hached — et vous dompterez, en cavalier émérite, le cheval fou qui se
cabre et s'agite. Car il est une force inouïe et indomptable dans l'amour, et
elle est de nature à venir à bout de toute force d'inertie, de tout machiavélisme.
Au nom
donc de cet amour merveilleux, celui que Hached vouait à son peuple au
lendemain de la célébration de son sacrifice pour son pays, faites don de vos
meilleurs sentiments, soyez ceux qui agissent pour soigner et guérir; ne
relevez pas de cet Alzheimer politique qui gangrène nos élites ! Or, le
meilleur antidote pour une telle maladie incurable est une thérapie faite de
caresses et de bécots à foison, une bécothérapie, une culture des sentiments.
Et que
vive l'amour du peuple de Tunisie, peuple humble et vaillant qui a fait et
continuera à faire l'histoire en cette ère postmoderne des foules où le pouvoir
n'appartient plus à aucune transcendance, fût-elle divine, la souveraineté étant
celle du peuple, seul représentant véritable de Dieu sur terre !
Publié sur Nawaat