Et en plus, ils partent en vacances !
Drôle de personnel politique
que nous avons en notre pays ! Non seulement il manipule à merveille la langue
de bois, mais en plus il ne sait même pas sauver les apparences. Car il ose le
luxe de se donner campos au moment où tout le peuple souffre le martyre dans
ses occupations quotidiennes ; quel sens de l'intérêt national il a !
On nous annonce, en effet,
le départ en vacances de nos députés, comme ces potaches, se souciant comme
d'une guigne des devoirs de classe inachevés, s'égayant dans la nature dès le
retentissement de la sonnerie de la fin du cours !
Ne sommes-nous pas en situation
d'exception ? Ne devait-on pas sacrifier notre intérêt personnel pour celui du
pays ? Ne fallait-il pas suspendre tout repos estival, même s'il relevait d'une
tradition bien établie ?
Hontes à vous, députés de la
République !
Pourtant, vous savez
pertinemment avoir accumulé un retard monstre dans vos travaux, que le pays est
en situation ne permettant pas le moindre répit et que le travail avec
abnégation est non seulement recommandé mais obligatoire !
Passe encore que vous n'ayez
pas accepté d'être les soldats de la République en travaillant sans salaire,
acceptant même d'être grassement payés quand le peuple joint difficilement les
deux bouts !
Passe encore que vous n'ayez
pas été assidus dans votre travail, profitant bien plus de votre statut
parlementaire que ne faisant profiter le pays de vos talents !
Mais voilà que vous osez
partir en vacances ! Est-ce que les pauvres hères qui composent la
quasi-totalité de ce peuple travailleur prennent des vacances, eux ?
J'ai rêvé que nos élites,
les députés surtout, allaient faire don de l'essentiel de leurs émoluments à
ceux qui en ont besoin dans ce pays ; et j'ai aggravé le rêve en osant me
montrer naïf de penser qu'elles n'hésiteraient pas à sacrifier leurs vacances
pour un été studieux au service des attentes du peuple.
Or, ni mon rêve ni ma
naïveté n'ont eu l'heur de convenir à nos élus, ni même de les perturber dans
ce cynisme que nous retrouvons chez les plus arrogants parmi les privilégiés.
Comme si le souci majeur de
ces dames et messieurs les politiques, notamment au Palais du Bardo, était de
profiter de la vie quitte à bâcler ensuite leur devoir, se payant ainsi la tête
du peuple qui les a placés là où ils sont!
Faites attention, mesdames
et messieurs les politiques ! À vous payer de la sorte, par trop facilement et
répétitivement la tête de ce peuple intelligent, vous le regretterez bien vite
!
Écoutez celui qui ose rêver
et être naïf, car ainsi il distingue mieux la voix du peuple qui gronde et que
vous entendez pourtant, mais que vous n'écoutez point.
Ce n'est ni le politique ni
le philosophe ni même le sociologue qui vous le dit, c'est tout simplement
l'enfant du peuple. Et il vous assure que ce dernier ne connaît plus le goût
des vacances depuis des lustres et qu'il a fait aussi la révolution pour avoir
un jour le droit d'y goûter, lui-même ou ses enfants.
C'est pour cela qu'il vous a
élus, afin de travailler à son rêve à lui et non pas pour penser à vous-mêmes,
aller en vacances et le laisser en rade.
Votre place est aujourd'hui
à vos postes, car le travail pour lequel on vous a élus est loin d'être fini.
Et vous ne devez penser aux vacances que le jour où le peuple en aurait
bénéficié. Car, vous n'en êtes que les serviteurs !
Voilà ce que commandent
l'honneur et le sens des responsabilités.
C'est d'un politique qui
soit un soldat qui le sert que veut ce peuple et non pas de cet acteur qui sait
si bien s'adonner à la comédie du pouvoir, comme il en a tout le temps vu et
finalement vomi.
Alors, réveillez-vous, suspendez
vos vacances et revenez au travail, c'est ce qu'attend de vous le peuple ! Et
c'est ce que vous commande le devoir.
Soyez dignes de votre peuple,
reprenez votre boulot, mesdames et messieurs les députés !
Publié sur Nawaat