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vendredi 26 novembre 2021

Un visa pour la circulation 4

Vaines promesses et désarroi des jeunes : jusqu'à quand ?

 

  

Le président K. Saïed ne peut plus nier que sa cote de popularité s'amenuise auprès des jeunes qui ont été l'essentiel des votants en sa faveur lors de son élection surprise, mais triomphale à la présidence de la République. Et elle ne tardera pas à passer, auprès de la jeunesse, de la peau de chagrin actuelle au néant sidéral qui est la destinée de toutes les vaines promesses et les slogans creux  qui ne cessent de consteller les discours présidentiels sans l'ombre d'un acte concret. Or, les jeunes ne croient qu'aux actes !

Aussi, ce ne sera pas le fumeux dialogue (encore un !) qui rétablira le niveau élevé de sa cote, s'il ne précipite pas sa chute aux abysses, car nos jeunes en ont marre de ces dialogues toujours bidon, ne débouchant sur rien de concret, n'étant que le subterfuge pour ne rien faire, s'abstenir d'agir, mentir avec une conscience tranquille.

Pourtant les possibilités d'action de manquent pas. Nous en avons déjà et souvent parlé et, pour la bonne cause, nous en détaillerons encore certaines tout en rappelant ce qui doit les motiver en issue incontournable.       

Raisons de la colère d'un désarroi entretenu

Rappelons d'abord les raisons principales de ce qui ne fait qu'amplifier un désarroi qu'on ne fait qu'entretenir. Elles sont multiples, mais peuvent être résumées par deux éléments génériques, condensant chacun divers aspects : la législation nationale liberticide et la misère généralisée, tant économique que morale.

S'agissant de la législation, nul n'ignore qu'elle est toujours celle de la dictature et le reliquat des lois en vigueur sous le protectorat. Autant dire qu'elle est scélérate, empêchant les jeunes non seulement d'innover, ce qui nécessite des libertés publiques, mais aussi de vivre en paix leur intimité, ne serait-ce qu'en disposant de leurs droits personnels basiques et leurs libertés individuelles privatives. Inutile de donner ici des exemples, il suffit d'ouvrir le Code pénal, une survivance de la colonisation, pour réaliser à quel point ses dispositions sont obsolètes et violent les acquis de la Constitution en matière de droits et de libertés.

Quant à la misère, économique et morale, elle est généralisée, de plus en plus aggravée par l'absence de modèle défini et socialement juste pour contrer les dérives capitalistiques issues du modèle libéral s'imposant au pays et imposé au peuple dont la majorité joint difficilement les deux bouts.

Cette misère est bien elle qui fait les chômeurs, le travail au rabais, les services publics en déliquescence et la fuite en avant en discours démagogique et intégriste, qu'il soit à connotation religieuse ou mercantile. C'est qu'on ne peut plus ignorer l'existence de cette religion civile qu'est devenue le modèle économique néo-libéral avec ses excès et abus similaires à ceux des intégristes religieux. Il n'est d'ailleurs pas surprenant de voir les deux dogmatismes s'allier dans ce que j'ai qualifié de capitalislamisme sauvage.     

De telles raisons d'une colère de plus en plus grande et diffuse dans la population sont tout à la fois ignorées, ou relativisées, et niées par les lobbies des minorités au pouvoir ou en posture de guet pour s'en saisir. Aucun d'eux ne se soucie du peuple, ou alors juste pour s'en réclamer en feuille de vigne afin de cacher quelque peu ses turpitudes. Car, tous, agissent à entretenir la situation de désarroi actuelle, étant le meilleur marchepied vers le pouvoir pour les uns ou l'argument justifiant l'inertie des autres qui sont au pouvoir et ne font rien pour mettre fin à un tel désarroi ou le tenter sérieusement pour le moins.       

Noyade en Méditerranée et nébuleuse terroriste

Que font-ils donc pour mettre fin à l'option de plus en plus privilégiée des jeunes qui préfèrent la noyade dans les eaux de la Méditerranée à une condition, non seulement miséreuse, mais de quasi-esclavage dans un pays où ils ne cessent d'être harcelés, niés en tant que citoyens devant avoir autant de droits que de devoirs, mais pas seulement des devoirs exorbitants toujours en expansion. C'est ce qui fait que ces jeunes se radicalisent de plus en plus ; et ils le manifestent déjà par des actes d'incivilité dans le pays et le démontrent aussi en cédant aux sirènes de la nébuleuse terroriste.

De cet état catastrophique où végète notre jeunesse au vu et au su de tout le monde — et en premier celui qui ne cesse de lui tresser des lauriers, le président de la République —, nous nous limiterons à un seul exemple, pertinent ô combien, ayant trait à ce qui est censé réunir la plupart des jeunes : le football. Il suffit en effet de voir dans quel état ce trouve ce secteur sinistré, où les responsables ne cessent de faire montre d'une irresponsabilité dépassant toutes les limites sans que rien ne vienne les arrêter à faire le mal, donner le plus mauvais exemple aux jeunes.   

Ce qui se passe régulièrement sur nos stades n'est-il pas représentatif de ce qui est devenu la règle en politique ? Ne l'a-t-on pas vu se reproduire au parlement où l'on a atteint le plus bas degré des turpitudes au point d'être retenu comme élément constitutif du péril imminent menaçant le pays ayant justifié l'initiative présidentielle du 25 juillet ?

Mais qu'a-t-on fait depuis pour donner au peuple ce qu'il attendait : ses droits et ses libertés ? Rien de concret, notamment pour les jeunes qui continuent à se noyer en mer et à rallier les rangs des terroristes quand ils ne s'offrent pas aux flammes ; même l'immolation n'a plus le même effet qu'il y a près de onze ans !

Ainsi, les lois de la dictature sont toujours en place et qu'appliquent avec zèle des juges dont le président Saïed ne cesse pourtant de dénoncer les travers. Pourquoi n'a-t-il pas alors décidé aussi le gel des textes de loi les plus liberticides, ceux qui ruinent notamment l'avenir de nos jeunes, comme ce symbole des turpitudes de la dictature qu'est la fameuse loi n° 52 qui a été à peine ripolinée et n'arrête donc de harceler les jeunes, les brimant, les détruisant même ?

Il est vrai, il est des voix, de têtes bien faites pourtant, pour s'élever et crier qu'on ne peut tolérer un vide juridique, comme s'il valait mieux être injuste, barbare même, que surseoir à punir ! Or, les projets de réforme juridique ne manquent pas dans les tiroirs du ministère de la Justice ; et il suffit de les sortir des cartons, de les mettre en application si la volonté de bien agir n'était pas absente !

Agir à bon escient et immédiatement !

Il faut dire que cela ne convient pas au lobby de l'inertie précité, pour qui l'autorité de l'État est synonyme du maintien de ces lois, car il y aurait péril à y toucher, tant pour le prestige de cet État que sa mainmise sur les mentalités, religieuses surtout. Les dogmatiques de ce lobby inertiel ne savent-ils donc pas qu'il n'est de prestige réel pour l'État que tant qu'il se traduit par un État de droit, lequel suppose des lois justes et légitimes, non illégitimes et même illégales comme les nôtres ? Et qu'un tel État de droit n'est avéré que s'il se traduit pas une société de droits où tant les libertés publiques basiques que les libertés privées sont garanties ?

Voilà le vrai prestige de l'État qui n'est encore qu'un mythe chez nous du fait de la prégnance des mentalités dogmatiques. Celles constituant le lobby inertiel en sont la quintessence ; et c'est d'autant plus fâcheux qu'elles se recrutent dans diverges obédiences, des plus modernistes aux plus archaïsantes.

La situation étant ce qu'elle est à l'intérieur du pays, on peut comprendre que le président de la République se sente obligé de ne pas trop contrarier un tel lobby dont il serait sinon l'otage, du moins partagerait certaines de ses thèses. Aussi pourrait-il toujours dire ou prétendre ne pas devoir ou vouloir précipiter les réformes dans le pays, que l'essentiel est déjà de les amorcer avec les plus lourdes à réussir au vu des contraintes diverses.

Soit ! Mais alors, pourquoi ne pas veiller à agir malgré tout, sur un autre plan que national, et ce dans le sens des attentes des jeunes, osant prendre une initiative sur le plan international qui ne saurait que les satisfaire et les ferait patienter quelque peu encore pour le reste de leurs exigences ?    

C'est en osant réclamer la transformation du visa actuel en visa de circulation, tout autant au nom du respect du droit international que de la souveraineté de la Tunisie et de son peuple, que le président de la République, en chef ultime de la diplomatie tunisienne, ferait ce coup d'éclat de nature à être plébiscité par les jeunes, et tous les Tunisiens même.

En effet, outre les drames qu'il génère, le visa biométrique actuel, qui suppose le relevé des empreintes digitales des ressortissants tunisiens par une autorité étrangère, est contraire au droit international en l'absence de contrepartie conséquente qui ne saurait être que la libre circulation. Ce qui est possible par sa transformation en cet outil qui est bel et bien connu et utilisé par les chancelleries occidentales quoiqu'au compte-gouttes le visa de circulation auquel on appelle.

Or, un tel outil est parfaitement sécurisé, strictement respectueux des réquisits sécuritaires. Outre de permettre une circulation rationalisée, il donnerait un coup de fouet au trafic des voyageurs entre la Tunisie et l'Europe, éradiquant la moindre tentation d'immigration clandestine. En effet, avec la possibilité de circuler librement sous ce visa donnant le droit de ne pas rester plus de trois mois continus et l'obligation de quitter le territoire pour y revenir pour une nouvelle période maximum de trois mois, plus personne munie de ce visa ne serait tentée de se maintenir illégalement sur le territoire d'un pays où l'on peut entrer et sortir librement avec un tel visa de circulation renouvelable tacitement à l'expiration de sa durée initiale de un, trois ou cinq ans.

Voilà ce qui est assurément appelé à devenir la norme de la circulation en Méditerranée dans le futur tant que les frontières n'auront pas été ouvertes comme c'était le cas auparavant. Il importe de s'en convaincre et d'y agir ; et cela s'impose aux pays du Sud s'ils veillent vraiment à l'intérêt de leurs ressortissants. Il importe surtout de ne plus se suffire des aides prodiguées par les pays du Nord pour s'assurer notre concours à leur lutte stérile contre une immigration clandestine n'existant qu'à cause de la fermeture des frontières.

Aussi faut-il ne plus hésiter à demander le recours à ce type de visa afin de faire cesser les drames actuels et hâter l'occurrence de la voie légale et sécurisée de circulation humaine en Méditerranée. C'est aussi l'éthique qui le mande au moment surtout que ce qui fut un lac de paix commun est devenu un charnier pour nos jeunes ! Jusqu'à quand doit donc durer notre aveuglement aux malheurs de nos jeunes, nouveaux damnés de la terre ?