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dimanche 8 décembre 2019

Théâtrocratie et daimoncratie 7

Lettre aux politiques : Sortir de la gouvernance de convenance


  

La convenance est ce qui convient, bienséance même; elle est néfaste en politique quand elle se réduit au mariage de convenance que déterminent les rapports de fortune, de position sociale. Or, l'art de gouverner est réduit à la convenance en Tunisie.

Sous-développement mental

En un monde cacochyme, formaté par les visions obsolètes du passé, les faux principes de gouvernance interdisent le moindre écart de tels schémas. Caducs déjà, ils sont aussi néfastes sauf pour les intérêts minoritaires des forces refusant le monde nouveau. Rentiers de l'ordre ancien, ils s’ensauvagent à défendre leurs acquis, quitte à devenir aussi sauvages que les monstres prospérant durant l'intervalle de bascule d'un monde à l'autre.

En notre pays, les esprits sont plus sensibles aux réalités complexes du monde; ils savent que le chaos y régnant est de celui à l'origine de tout nouveau monde et que la contestation des fausses valeurs du passé est un moyen pour sortir du complexe de sous-développement. Or, il n’est de sous-développement que mental, les pays dits sous-développés étant juste sous-analysés, notamment quant à leur soumission volontaire aux supposés maîtres du monde, mercantiles de tous bords.

En Tunisie, ce sont des capitalistes nationaux asservis à ceux de l'étranger trouvant plus sauvages qu’eux, des intégristes d'un islam caricatural, Antéislam postmoderne. On y assiste à un « capitalislamisme sauvage » faisant ployer notre peuple zawali au joug d’un libéralisme sacrifiant tout à l’argent roi, se faisant au nom d'une légalité formelle trouée d'illégitimités, contraire à l'éthique, étant même illégale.

Pour la « poléthique »

L'éthique est l'arme magique pour sortir la Tunisie de son effroyable crise où certains, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, tiennent à ce qu’il reste, étant la garantie de leurs privilèges. On dit que le chef désigné du gouvernement l'a, étant réputé intransigeant sur les principes. Faut-il que cela ne relève pas du dogmatisme, cette banalité du mal.

Évidente aussi est l'éthique du président de la République pétri d'ambitions iconoclastes à faire triompher en Tunisie le vrai pouvoir du peuple. Mais ce dernier ne peut qu'être une puissance sociétale que traduit une société de droits — au pluriel — et non de droit — au singulier —, dans un État de libertés et de droits aussi, pas seulement de droit, une formule se réduisant au slogan creux en l'absence d'autonomie individuelle réelle vécue par tous, au quotidien.

Cette éthique est le talon d’Achille de tout gouvernement, quel que soit son degré de volonté et de sérieux en matière de gouvernance. Elle impose de quitter les sentiers battus de la pratique politique à l’antique, ne plus s'adonner au pouvoir juste au service des uns contre tous. Surtout, d’y introduire ce qui manque le plus : l’imagination, synonyme d'innovation dont on sait l'anathème qui la frappe chez nos dogmatiques religieux. Cela revient à ce qui doit être fatal : le passage de la politique à la « poléthique ».

On le voit avec le supposé antagonisme des deux partis nourrissant l'opéra bouffe du parlement alors qu'ils pratiquent de la même façon la politique sans éthique tout en feignant s'en réclamer. Ils oublient que la vraie politique éthique est une pratique de parole de vérité et du courage de l’avoir. Par exemple, la vérité de parler de l’état actuel de déliquescence de la Tunisie au lieu de se tromper et tromper sur sa supposée aura; la vérité de reconnaître les contraintes qui s’imposent au pays en un monde globalisé, immeuble planétaire, où il est impératif de tenir compte de l'environnement immédiat et médiat et, du fait de l'absence cruelle de la nécessaire solidarité internationale, de penser global tout en agissant au local.

La patrie, non les partis

Répudier la langue de bois habituelle de la gouvernance de convenance est le point d'orgue de l'éthique signifiant d'arrêter de ne se soucier que des intérêts partisans. Ceux-ci, à la vérité, ne sont que des réalités hypothétiques, illusoires, fruit d’un moment éphémère dans la vie du peuple, ne traduisant pas sa durée sociologique, seule réalité incarnant la psychosociologie populaire. Sa mentalité profonde, son âme est située hors des partis, dans cette majorité silencieuse absente des listes électorales et dont ne rend compte nulle élection, même pas la plus honnête.
De nos jours, y compris en démocratie occidentale, l'acte de voter n'est qu'un mécanisme sophistiqué pour s’approprier le pouvoir, s'en servir. C’est donc de la patrie, non des partis, qu’il faut se soucier en premier, le peuple n'ayant plus besoin d’être représenté par des élus qui se transforment en comiques ou en pantins. En notre époque de la postmodernité, un âge des foules, le citoyen est apte à se présenter lui même, il n'a plus besoin d'être représenté, un mythe éventé. On le voit, d'ailleurs, dans les pays incrustés en démocratie que nous ne faisons que singer, où la démocratie a mué en « démoncratie » (ou daimoncratie), le pouvoir des démons de la politique.

Or, la possibilité d’un modèle politique sui generis est patente en Tunisie qui est bel et bien, grâce à son peuple, une exception, quoiqu'encore en puissance. Aux justes parmi ses enfants, compétences lucides quant à l’esprit de ces temps postmodernes, de répondre à ses attentes ! Elles sont nombreuses, la Tunisie n’ayant jamais été la chose de tous, véritable république. En un mot résumées, on dira que c'est la dignité, celle de posséder des droits réels, non virtuels, d’avoir des libertés vécues au concret que personne ne conteste, notamment dans la vie privée.

Or, près de neuf ans après le coup du peuple de 2011, notre pays n’a eu que le pire, ses élus s'évertuant à prolonger des turpitudes d’ancien régime. Ainsi est toujours en vigueur sa législation scélérate, illégale qui plus est, abolie par la constitution. On ne  sauvera pas la patrie des intérêts voraces des partis si, au préalable, on ne la jette pas au rebut.

Pour la dignité

En une société martyrisée où la législation de la dictature tue à petit feu les gens de peu, sa jeunesse notamment, il importe d’appeler en premier à son enterrement solennel. Le gouvernement, formé ou de gestion ses affaires courantes, doit même se conformer à la constitution sans plus tarder en décidant un moratoire à l'application des textes scélérats, les plus liberticides et inégalitaires.
De cet acte hautement moral, on ne doit pas laisser détourner par les voix qui crieraient au viol de la religion, à l’atteinte aux bonnes moeurs, car ce sont les lois à abolir qui constituent le crime ainsi dénoncé, étant immorales, violant l’esprit de l’islam et ses visées, outre la légalité constitutionnelle. C’est bien réhabiliter cette foi de droits et de libertés que de l’appliquer correctement, y traitant des sujets sensibles habituellement tus qui maintiennent les habitudes imposées par le passé d'oppression et d'hypocrisie, cultivant la sclérose mentale, niant le vivre ensemble.

Au vrai, il s'agira d'en appeler au respect de la religion, auquel renvoie la constitution, mais en tant que foi des Lumières, distinguant les sphères de la vie privée et publique, ce que consacre la notion constitutionnelle d'État civil. Ce qui permettra de faire tomber nombre de  masques chez les faux religieux et pseudos démocrates.

En second impératif catégorique national et international, la Tunisie doit s'illustrer par une initiative diplomatique marquant sa rupture avec le passé en demandant le droit à circuler librement pour ses ressortissants, qu’imposent leur révolution et leur maturité. Il est temps d'en finir avec la honte de la pratique actuelle du visa violant notre souveraineté et le droit international. Cela consistera en sa transformation en visa biométrique de circulation délivrable gratuitement. Ce qui n'altérera point les réquisits sécuritaires, mais réalisera la révolution mentale de prendre conscience que c’est la fermeture des frontières qui est la cause de la clandestinité, et génératrice de drames intolérables. Car la Tunisie ne doit plus accepter d’être complice des horreurs en cette Méditerranée devenue « holocauste moderne » selon la maire de Lampedusa.

L'occasion se présente à la Tunisie pour s'illustrer en l'objet dans le concert francophone dont elle abritera le sommet du cinquantenaire. Osant y proposer et défendre l'idée de visa francophone de circulation, elle y fera preuve de revitalisation de la diplomatie en vue de la sortir de sa stérile convenance. La thématique du sommet s'y prête bien et le terrain d'action ne serait que porteur, faisant de cette action révolutionnaire une arme efficace contre l’autisme actuel des pays du Nord. 

Publié sur Réalités magazine 
n° 1772 du 12 au 19 décembre 2019