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vendredi 20 décembre 2019

Pour une postdémocratie 6

Il est temps de faire le requiem du visa actuel !


  


Le président de la République a renouvelé son engagement à répondre à la volonté populaire à plus de dignité dans son discours de célébration de la vraie date de la révolution tunisienne, ce coup du peuple dont on a fait juste un coup d’État hypocrite, se réclamant u du peuple sans lui reconnaître ses droits et libertés et répondre à ses attentes.

M. Saïed a ainsi confirmé, le 17 décembre, ses engagements électoraux, base de sa forte légitimité dans le pays, pour que l’on ne se suffise plus, comme on le fait volontiers, du vernis démocratique des élections qui, se tenant dans un État ayant gardé la législation scélérate de l’ancien régime, ne peut qu’être une vilaine tromperie, sinon une forfaiture.

Le droit à la libre circulation humaine

Comment donc y arriver ? On en a largement parlé dans diverses tribunes et on voudrait y revenir pour insister sur un aspect particulier de la dignité de la Tunisie, celle relative au droit à la libre circulation humaine.

Nous le faisons à l’occasion de la récente annonce de nouvelles procédures pour obtenir le visa Schengen qui, au prétexte d’illusoires facilités d’obtention, marque une forte augmentation de ses frais (1). Ce qui pénalise les moins fortunés dans le pays, soit la majorité de notre peuple bien zawali, arrivant déjà à joindre difficilement les deux bouts.

Or, en ma qualité d'ancien diplomate ayant sans cesse milité pour la dignité de ses compatriotes, y compris et surtout à leur droit de circuler librement, je le confirme de nouveau et le plus solennellement : le visa est une marque évidente de l’ordre universel injuste qui règne encore, auquel on tient alors que le monde change et que désordre généré par son injustice impose d’en revoir le mécanisme.

Car ce visa, imposé aux pays du sud, est illégal tel qu’il se pratique, violant aussi bien le droit naturel à la libre circulation de leurs ressortissants que leur souveraineté, outre les principes généraux et spéciaux du droit international.

La pratique actuelle du visa est, en effet, une concession hallucinante dans les relations internationales, une caricature de rapports supposés égaux et souverains, étant sans contrepartie, s'imposant à des pays du Sud asservis aux intérêts égoïstes de ceux du Nord ne leur accordant le visa qu'en se permettant le droit régalien de prélever les empreintes digitales de leurs ressortissants. (2)

Il est vrai et à bon droit, on ne manque pas de soutenir que cela se fait au nom de la sécurité de tous; ce dont nul ne conteste l’impératif catégorique. Toutefois, c'est alors s'arrêter au milieu du raisonnement ! Ainsi, pourquoi donc ne pas se suffire d'un tel prélèvement et faire du visa biométrique ainsi sécurisé, non plus ce qu’il est actuellement pour le commun des mortels : un titre de séjour limité, mais en le transformant en un véritable titre de circulation sûre ? N'est-ce pas alors réaliser, d’une manière rationnelle et sécurisée, le libre mouvement de nos ressortissants dans un cadre sain, détournant de la sorte de la tentation de plus en plus grande de la clandestinité ceux qui y cèdent par réaction à ce qui n'est qu'un refus abusif de leur droit le plus légitime ?

Pour le visa biométrique de circulation

Je le réaffirme ici et de la façon la plus forte possible, l'ayant maintes fois dit et écrit : il est temps pour la Tunisie Nouvelle République de mettre fin à une telle violence morale et matérielle faite à ses ressortissants, les plus jeunes surtout !

Se voulant le pays du peuple qui veut et réalise sa volonté, la Tunisie se doit, sans plus tarder, dénoncer l’iniquité flagrante du visa actuel en refusant son maintien en l’état. C'est ainsi qu'elle commencera à répondre concrètement aux attentes de sa jeunesse s’offrant de plus en plus à l’holocauste moderne en Méditerranée ou cédant aux sirènes postmodernes du terrorisme.

Notre pays est bel et bien en droit — et même dans le devoir moral, au nom de son peuple assoiffé de droits et de libertés — d’exiger de ses partenaires, des Européens particulièrement, que le visa cesse déjà d’être payant et de relever, dans les plus brefs délais, de la catégorie bien connue dans les chancelleries, quoique rarement usité, celle du visa de circulation.

Cela veut dire que l’on ne délivrera plus aux Tunisiennes et aux Tunisiens de visa payant, limité dans le temps à moins de trois mois de séjour. Le visa destiné à remplacer l'actuel, bien obsolète, sera de circulation, d’une validité minimale d’un an, trois ou cinq ans, renouvelable automatiquement pour le droit à circuler librement en Europe sans dépasser la durée maximale de trois mois pour le même voyage. Ce qui suppose, pour maintenir le visa en validité, une sortie d'Europe pour y revenir (aussitôt, s'il le faut) pour un nouveau délai de moins de trois mois.

Voilà ce que M. le président de la République, dont la diplomatie est le domaine réservé par excellence, sera bien inspiré de faire sans délai en donnant les instructions nécessaires afin de saisir les autorités européennes d’une telle volonté populaire qui ne saurait plus faire l’objet des irresponsables et outrageantes méconnaissance et ignorance actuelles.

C’est bien au nom de son peuple que la Tunisie, le plus solennellement, demandera la fin de la pratique actuelle du visa en vue d'instaurer une libre circulation rationalisée en Méditerranée sous visa biométrique gratuit. Ce qui ne touchera en rien aux réquisits sécuritaires; tout au contraire, cela les servira bien mieux que le lourd et inutile dispositif répressif actuel. Surtout, cela permettra d’éradiquer la clandestinité qui n’est générée  — et c'est désormais prouvé ! — que par la fermeture des frontières et l’impossibilité de circuler librement.

Comment donc tarder à le faire quand on sait que le système actuel, aberrant et inepte, est devenu criminogène avec l’entretien de drames récurrents en Méditerranée, et dont la mise en oeuvre dépend de la complicité des autorités des pays du Sud qui privent leurs ressortissants de leur droit fondamental à circuler librement ? Pourtant, c’est un droit constitutionnel en Tunisie qui se veut un État de droit. Qu’elle fasse donc état de sa volonté réelle de l’être, faisant incontinent un requiem au visa suranné tel que pratiqué actuellement pour se conformer enfin véritablement à ses réquisits sécuritaires et à ses visées de paix en Méditerranée.

Alors, M. Kaïs Saïed, en votre qualité d'unique responsable des Affaires étrangères et au vu de la réaffirmation récente de vos engagements à être le garant de ce que le peuple veut, annonceriez-vous bientôt un tel requiem pour la honte de visa, son inique philosophie actuelle de la part de l’Europe et la compromission de notre part à aller dans son sens sans nul égard à ce que notre peuple veut ?
Notes    
(1)

Voir les détails des changements ici. 
(2)

J'ai depuis longtemps attiré l'attention sur cette flagrante violation du droit. cf., par exemple, mes deux tribunes datant de 2012 : 




Publié sur Réalités