C’est le moment de passer à ALECCA !
Le nouveau drame au large de Kerkennah est la énième preuve du caractère criminogène de la politique actuelle de l’Europe en matière des migrations et de l’immoralité de notre attitude à son égard.
On ne peut plus continuer à se voiler la face devant un tel phénomène qui est le résultat de la fermeture drastique des frontières.
Or, contrairement à ce qu’on prétend, il est bien une alternative à la situation actuelle, la Tunisie et l’Europe pourront y recourir lors de leurs négociations actuelles sur l’Accord de Libre Échange Complet et Approfondi (ALECA) en y intégrant la libre circulation humaine sous visa biométrique de circulation.
C’est ce qui transformera ledit accord, actuellement injuste pour la Tunisie, en Accord de Libre Échange et Circulation Complet et Approfondi (ALECCA), un peu moins injuste.
Le visa de circulation pour en finir avec les drames
Les réquisits sécuritaires évoqués pour le maintien de l'actuelle fermeture des frontières — qui, rappelons-le, a été instaurée à titre provisoire — ne seront pas remis en cause par l’outil fiable proposé du visa biométrique de circulation.
En effet, le type actuel du visa nécessaire pour toute entrée en Europe restera en l’état avec le relevé des empreintes digitales. C’est juste sa nature qui change, devenant d’un seul type : un visa de circulation pour une durée minimale d’un an délivrable gratuitement, sans formalités, et renouvelable par tacite reconduction.
Un tel type de visa existe déjà, mais n’est utilisé que rarement et pour certaines catégories privilégiées. Il s’agira donc de le généraliser et d’en faire bénéficier les ressortissants tunisiens, en tant que citoyens d’un État voulant devenir de droit et étant en voie de démocratisation.
Cela le sera aussi en compensation du prélèvement des empreintes digitales qui est une pratique illégale au vu du droit international. Ainsi instaure-t-on, avec une telle compensation sérieuse, une sorte de libre circulation sécurisée, puisque rien ne changera avec la pratique du visa actuel sauf la paperasserie inutile et les comportements vexatoires.
Car tout Tunisien n’ayant rien à se reprocher aura droit au visa de circulation d’un an minimal avec reconduction tacite pour circuler entre la Tunisie et l’Europe, n'ayant pour seule obligation que de veiller à ne pas dépasser la durée maximale autorisée de trois mois continus de séjour, au-delà desquels il perd le droit audit visa.
On imagine quel coup de fouet donnera un tel système de libre circulation sécurisée au trafic entre l’Europe et la Tunisie, outre l’effet sur le séjour clandestin qui disparaîtra sans nul doute du moment qu’il n’y aura plus aucun intérêt de se maintenir dans l’illégalité. Or, les clandestins ne se maintiennent en leur situation hors droit que faute de pouvoir circuler; une fois ce droit acquis, ils n’auront plus aucun intérêt à entrer en clandestinité.
Bien évidemment, un tel système devenant la règle du trafic des voyageurs en Méditerranée, pour le moins avec les pays démocratiques ou le devenant, comme c'est le cas de la Tunisie, tarira à la source les vagues actuelles de boat people et les drames qui y sont liés, stoppant donc l'industrie en pleine croissance des organisations maffieuses de passeurs.
Pour un accord moins injuste : ALECCA
Une telle issue aux drames actuels est possible et peut être effective de suite par un simple agrément entre gentlemen de part et d’autre de la Méditerranée. Nos diplomates ont intérêt à le revendiquer au plus vite eu égard à ce qui se passe dans le pays.
En effet, la jeunesse tunisienne, souffrant déjà trop d’une législation scélérate à laquelle s’accrochent ses élites déconnectées des réalités pour sauvegarder leurs privilèges, ira en augmentant dans cette ruée postmoderne vers l’Eldorado européen. Rien ne l’empêchera, sauf la possibilité de circuler librement. Or, elle est sécurisée et sans nuls dangers ni drames avec le visa biométrique de circulation.
Cette bascule vers le fatal futur régime de circulation issu du visa susvisé doit se faire, pour la Tunisie, au plus tard à la signature de l'accord, en cours de négociation, de libre échange des services et des marchandises, devant ainsi être étendu, au préalable, aux humains.
En effet, dans sa mouture actuelle, ALECA est injuste et immoral, il doit par conséquent, pour devenir un tant soit peu éthique, intégrer obligatoirement la libre circulation sous visa biométrique de circulation. Afin d'être moins léonin pour la Tunisie, il doit muer en ALECCA.
Certes, l’Europe s’y oppose; mais c’est la loi de la négociation; on ne peut céder que si le partenaire est coriace; ce qui n’est pas le cas de la part de nos diplomates. La preuve en est que ledit accord n’est pas négocié par le ministère des Affaires étrangères, ce qui est une concession inadmissible aux exigences de l’Europe tenant à en faire un simple accord commercial.
Par conséquent, il est de la plus haute importance stratégique pour la Tunisie de réclamer que l'on débaptise l’Accord en ALECCA et que l’on confie la poursuite de sa négociation en cette nouvelle mouture plus équilibrée à la diplomatie tunisienne qui est elle, en bonne logique, qui est la seule habilitée à chapeauter les pourparlers en cours.
C’est ainsi et ainsi seulement qu’on alliera l’éthique à la politique, cette poléthique à laquelle il devient impératif de déférer au vu de ce qui se passe dans le pays et en tenant compte des derniers propos du chef du gouvernement.
C'est ainsi, au vrai, que l’on se situera dans le sens de l’histoire tout en étant à l’écoute des exigences de l'ensemble du peuple tunisien, tout aussi brimé que sa jeunesse qui s’offre en victime expiatoire en cet holocauste moderne ayant lieu en Méditerranée, sous les yeux indifférents des politiciens des deux rives.
Car il s'agit bien d'un holocauste ainsi que cela l'a été déploré à juste titre par une voix européenne parmi les rares justes qui y demeurent, la maire de Lampedusa, bien placée pour savoir de quoi elle parle.
Publié sur Réalités