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vendredi 19 mai 2017

Politculture, une métapolitique 6

Il faut dénoncer l’injuste réforme de la loi 52 sur le cannabis!



Certains milieux, pourtant parmi les plus fervents militants pour la dépénalisation du cannabis,1 ont salué la fausse réforme intervenue récemment de la scélérate loi 52 sur le cannabis.2

Or, il ne s’agissait que d’une injuste réforme qu’il fallait dénoncer et non accepter, car elle ajoute à la confusion autour d’une mauvaise loi à abolir et non à recycler. C’est ce que commande d’ailleurs l’ONU.3

Ce faisant, les autorités démobilisent les militants et l’opinion publique tout en permettant à la loi de continuer à faire ses ravages.

Le cannabis reste à tort un délit

En effet, la consommation du cannabis, dont on a démontré la moindre nocivité par rapport à l’alcool, et surtout le tabac,4 reste un  délit. Et si la prison n’est plus systématique, cela relève de la pure charité que le juge est libre d’octroyer ou non. C'est une flagrante injustice et un déni de la promesse présidentielle durant la campagne électorale.

Aussi, une telle mauvaise réforme ne doit pas être saluée par les militants qui joueraient alors le jeu des autorités au lieu d’être radicaux et ne point se démobiliser sur la question de la dépénalisation.

Supposés agir pour la dépénalisation de la consommation du cannabis, ils ont intérêt à agir d'une manière intransigeante en demandant le plus pour avoir le moins. Aussi devraient-ils exiger et la dépénalisation et l'indemnisation des victimes.

Effectivement, nombre de nos jeunes ont vu leur vie dévastée par cette loi qui fabriquait en fait l'addiction à la drogue au lieu de lutter contre elle, puisqu'il a été démontré que c'est en prison qu'on devient habitué à la drogue alors qu'avant, fumer un joint ne relève jamais de l'habitude et est donc sans addiction. Le joint étant moins nocif que la cigarette, pour être juste, ne doit-on pas commencer par pénaliser le tabac?

C’est ce discours que devraient tenir les militants pour l’abolition de cette honte d’illégalité a l'apparence de légalité qu’est la loi 52 doublée d’immoralité, étant une parfaite illustration de ce qu’il y avait de plus mauvais dans la dictature.

En parlant, comme d'aucuns, d'avancée alors qu'il ne s'agit que d'une reculade, on satisfait ceux qui font tout pour le maintien de cette iniquité absolue qui arrangerait certaines vues idéologiques et des visées non éthiques, ne se souciant nullement de l'intérêt des victimes. Or, ce dernier impose des actes sérieux et en toute urgence et non de fausses solutions.

En effet, si on n'emprisonne plus ou pas automatiquement nos jeunes, on ne les reconnaît pas moins coupables; de quoi en fait? De pratiquer une liberté essentielle, celle de fumer ce qui est bien moins nocif que la cigarette ! Ensuite, on les condamne toujours à une amende et surtout à avoir leur casier judiciaire entaché d'un crime inventé par la plus mauvaise loi de la dictature. Veut-on donc rétablir l'ancien régime en Tunisie? 

Exiger dépénalisation et dédommagement     

La dernière réforme est une mascarade; si elle n’a pas étonné de la part d’un pouvoir qui semble déconnecté des réalités de la jeunesse tunisienne, elle ne peut qu’être dénoncée par les militants et non saluée.

La société civile doit agir pour faire évoluer le droit, la politique du pouvoir allant manifestement contre le sens de l'histoire. Et comme les autorités renâclent à abolir ce texte qui a prouvé sa malveillance, elle doit proposer le sien et l'imposer même en usant judicieusement des médias.

C'est que la société tunisienne, contrairement à ce qu’on prétend, est loin d’être conservatrice; elle est prête à entendre et aussi appuyer le discours de la dépénalisation. Faut-il savoir le tenir. Que la société civile ose donc sortir de sa léthargie en proposant et défendant son propre projet de dépénalisation du cannabis!

Le pouvoir a prouvé qu’on ne peut rien attendre de lui, jouant l’autiste en la matière; aussi, il importe de se comporter avec lui comme avec un vrai autiste en agissant pour son bien et pour le bien plus large de toute la société.

À noter, à ce propos, que le projet de loi de révision de la loi 52 est toujours en instance au parlement et qu’un amendement éthique a été proposé pour la dépénalisation et aussi le dédommageant des victimes de cette scélératesse.6

Après tout, on a bien dédommagé des personnes s'étant comportées en délinquants en attentant à l’ordre public. Comment donc ne pas faire la même chose avec de vrais innocents ? Car un consommateur de cannabis n’a jamais été un délinquant et ne le sera jamais. C’est donc bien le moment de faire réalité de ce slogan qu’on a vu certains militants agiter et qui est resté sans consistance.

Le militance pour la dépénalisation ne fait que commencer et finira par aboutir si les militants ne se laissent pas démobiliser par l’esbroufe  des politiciens. Il faut sortir de la honteuse situation actuelle qui ne fait que semblant d’aller dans le bon sens. Il ne suffit pas de simuler avoir compris de quoi est fait l’air du temps; il commande d’écouter les foules, notre époque étant bien leur âge.

Or, la jeunesse tunisienne exige ses droits et libertés entiers, en politique certes, mais aussi et surtout dans sa vie personnelle. Le chef du gouvernement, plutôt jeune, doit oser une autre politique pour la jeunesse qui, en attendant d'avoir réponse à ses attentes en matière de travail et de dignité, doit pouvoir vivre en liberté sa vie privée.

M. Youssef Chahed, osez donc dépénaliser la consommation du cannabis dans le cadre d'un toilettage de tous les textes scélérats ! Voici ramadan qui arrive; ayez le courage en y décidant symboliquement les mesures hautement morales en matière des droits et libertés.

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Publié sur Huff Post