L'association Shams vient d'annoncer la triste nouvelle de la tentative de suicide de son vice-président Ahmed Ben Amor.
Samedi à 10 h, il a osé le geste de désespoir en ingurgitant une énorme quantité de médicaments pour en finir avec une vie que des criminels ont transformée en enfer.
Pourtant, ce jeune sémillant, attaché à ses traditions, n'a été, comme bien d'autres comme lui, que juste coupable de son innocence à vouloir vivre libre en une Tunisie libérée.
Ahmed, une Tunisie militante
Ahmed a vingt ans, l'âge où la jeunesse est la plus belle avec ses qualités et ses défauts, mais surtout son envie de vivre vite et aimer vite, car la vie est bien courte. Et le geste de désespoir d'Ahmed vient le rappeler.
Dieu sait si je n'étais pas d'accord avec ses choix stratégiques dans le militantisme des valeurs qui nous lie; mais j'ai toujours dit mon admiration pour son ardeur à défendre son droit quitte à verser dans l'excès auquel l'acculaient ses adversaires.
Ces criminels portent aujourd'hui la responsabilité de son acte de désespoir; car rejeté par sa famille, juste soutenu par une poignée d'amis sincères, Ahmed était fragile, comme toute la jeunesse tunisienne, comme toute la Tunisie, jamais aussi martyrisée que le jour où son peuple a réclamé sa dignité.
Ahmed est actuellement dans un état comateux, il est hospitalisé et sa vie est en danger. Et c'est toute la Tunisie qui l'est, sa jeunesse en premier, car la jeunesse tunisienne est aujourd'hui Ahmed Ben Amor.
Sauver Ahmed et la jeunesse de Tunisie
Comme l'a dit l'association Shams dont il a l'honneur d'être vice-président, c'est bien l'homophobie d'une partie de nos élites délitées qui a acculé Ahmed à son acte extrême; aussi, l'homophobie ne harcèle pas seulement, elle peut tuer aussi en Tunisie comme elle tue ailleurs.
La responsabilité du geste d'Ahmed est à mettre à la charge des décideurs politiques et religieux d'une société qui n'a jamais été homophobe que du fait des contraintes légales et morales.
Elle est à mettre aussi à la charge de la famille du jeune homme qui, sous l'influence de religieux haineux, l'a répudié, le donnant en proie toute trouvée à des irresponsables qui ne savent qu'user de menaces de mort pour faire peur à ceux qui n'acceptent pas leur dogmatisme criminel.
Aujourd'hui, en souhaitant à Ahmed de s'en sortir sain et sauf afin de reprendre son combat pour la dignité, la Tunisie libre ayant besoin de lui, il faut le dire haut et fort : c'est toute la jeunesse de Tunisie qui est dans le coma.
La Tunisie est Ahmed, sauvons-le ! Abolissons cette homophobie qui tue ! Ainsi sauvera-t-on du coma Ahmed et redonnera-t-on du coup vie à toute la jeunesse de Tunisie qu'il symbolise.
Tous Ahmed Ben Amor !
Publié sur Al Huffington Post