4e anniversaire du drame d'Ihsane Jarfi, musulman modèle : Honorer l'islam par l'abolition de l'homophobie contraire à ses valeurs
Le 22 avril marque le quatrième anniversaire du drame du jeune belgo-marocain Ihsane Jarfi, martyrisé et assassiné en Belgique pour cause de sa foi islamique et son homosexualité. Pourquoi ne donnerait-il pas l'occasion d'un débat salutaire sur l'abrogation de la tare de l'homophobie, cette survivance de la colonisation ?
Ihsane Jarfi, musulman modèle honoré en Belgique
Depuis le drame, ce jeune homme pieux et pratiquant a reçu ample justice en Belgique, ses autorités judiciaires y ayant sévèrement condamné ses agresseurs, reconnaissant en lui un modèle de jeune musulman, bien dans sa tête et sa peau, assumant dignement sa nature placée en lui par son créateur.
Il a aussi reçu le soutien toujours renouvelé de la société civile belge qui célèbre chaque année son martyre par une marche solennelle qu'ouvre son papa. Ce dernier a toujours défendu le droit de son enfant chéri à être ainsi que l'a voulu Dieu; et il honore sa mémoire au travers d'une fondation qu'il a créée portant le nom d'Ihsane Jarfi.
Or, M. Jarfi père, qui est soufi, sait pertinemment la vérité sur l'islam nullement homophobe. Ce qu'il a rappelé dans son livre écrit après le drame, racontant à quel point la société marocaine était tolérante envers les homosexuels avant que des lois coloniales ne viennent instaurer la morale judéo-chrétienne en terre d'islam, tradition désormais abandonnée en Occident, mais préservée au Maroc bien que tolérant depuis toujours. Ainsi ces lois violent-elles l'islam, rendant le Maroc intolérant !
De fait, le peuple marocain a été très sensible au drame d'Ihsane Jarfi et lui a manifesté sa peine pour l'atrocité de l'injustice qui lui a été faite. Aussi, assurément, il saluera avec gratitude une initiative des autorités qui viendrait réhabiliter au travers de ce musulman pieux et gay la cause homosensuelle par l'abolition de l'article 489 dont on a démontré amplement sa violation caractérisée de l'esprit et de la lettre de l'islam.
Ce serait même salutaire pour cette religion à la base humaniste au moment où elle est attaquée de l'extérieur comme de l'intérieur par ses ennemis conscients ou inconscients, ces derniers en faisant une fausse exégèse, la réduisant à un pur culte obscurantiste.
Ainsi renouerait-on, sur un tel sujet sensible ô combien symbolique, avec l'islam des lumières ! Ce ne serait que plus judicieux, la thématique de l'homophobie concentrant les errements en matière d'interprétation du Coran et de la Sunna.
L'homophobie viole le Coran et la Sunna authentique
Car l'islam correctement lu et interprété n'a jamais été homophobe. Ainsi, avant la colonisation, la société marocaine était homophile à l'instar de toutes les sociétés maghrébines et arabes. A-t-on mieux chanté l'homoérotisme qu'en islam ? Au reste, la permissivité qui est le propre des sociétés occidentales aujourd'hui a bien marqué les sociétés islamiques du temps de la splendeur de la civilisation de l'islam.
Certes, une fausse conception que l'islam interdirait l'homosexualité (le terme est une invention occidentale du siècle 17) s'est imposée dans le fiqh; mais ce fut sous l'influence de la tradition judéo-chrétienne (les fameuses israilyet). D'ailleurs, cela ne se fit pas sans contestation de la part de larges pans de la doctrine, notamment soufie et dhahirite, le courant d'Ibn Hazm l'Andalou.
On sait, à ce propos, que le fiqh est clair et strict pour la définition de la catégorie de l'illicite qui est d'exception en islam : il la conditionne par l'existence d'une prescription expresse et précise en l'objet. Or, il n'est aucune prescription dans le Coran prohibant le rapport sexuel avec le même sexe; on n'y trouve que du récit relatif au peuple de Loth rappelant la condamnation expresse de la Bible. On a mal interprété ce récit et on en a extrapolé la prohibition qui n'existe pas en partant du cas de l'adultère.
Pareillement, la Sunna authentique ne rapporte aucun dire prophétique en matière d'homosensualité puisque ni Boukhari ni Mouslem n'en rapportent; tout ce qui est raconté sur le prophète est effectivement parfaitement inauthentique.
Il est donc temps de lever cette tare de l'homophobie de la législation marocaine en abrogeant l'article 489 du Code pénal. Et pourquoi ne pas donner à la loi qui marquerait les retrouvailles avec l'islam des lumières le nom de ce fils modèle du Maroc que fut Ihsane Jarfi ?
Le peuple marocain ne saurait qu'être reconnaissant à ses autorités de renouer avec ce qui l'a toujours caractérisé : son humanisme et sa tolérance en voyant sa législation cesser d'être injuste avec des innocents. Ce qui ne ferait qu'honorer l'islam dans ce qui est sa marque majeure : son sens de la justice, de l'équité et de la justesse. Un islam toujours de son temps.
Publié sur Je suis Ihsane