Dérives de la lutte anti-homophobie
Témoignage du Maghreb,
Tunisie en exemple
Tunisie en exemple
Qui est l'Homo Nationalus demandez-vous ? Les homosexuels sont-ils instrumentalisés (géo)politiquement ? Je réponds, pour le Maghreb et surtout la Tunisie, qu'un certain Occident est Homo Nationalus. C'est la galaxie supposée homophobe et qui y joue une partition axée sur les intérêts de l'ancien colonisateur.
En effet, les lois homophobes actuelles supposées inspirées de l'islam sont une survivance de la morale judéo-chrétienne de la colonisation. Au lieu d'en faire état, apportant un argument supplémentaire et de taille pour l'abolition de cette horreur homophobe dans la bataille qui fait rage au Maghreb, en Tunisie surtout, les associations occidentales empêchent d'en user celles qu'elles soutiennent à bout de bras qui osent en Tunisie agir au grand jour pour les droits homosensuels.
C'est au nom du principe cardinal de ne pas faire usage de de la religion dans la lutte qu'on agit ainsi, quand ce n'est rien qu'un nationalisme dévoyé en islamophobie. Que l'on se prive de la sorte d'une arme efficace contre l'homophobie au Maghreb compte peu pour les associations occidentales ; la sécularité d'abord ! Or, la preuve a été faite qu'en terre d'islam, il n'est pas possible d'abolir l'homophobie si on ne démontre pas qu'elle est contraire à l'islam.
Car cette religion correctement interprétée n'a jamais été homophobe ; la preuve en a été cette riche littérature homoérotique qui imprègne même les ouvrages religieux. De nombreuses figures de jurisconsultes musulmans n'hésitaient pas à faire part publiquement de leur sensibilité à l'amour grec.
Il faut dire que la culture hellénique a eu une place importante en islam et qui ne s'est pas limitée à la logique et à la philosophie, imprégnant le cours quotidien de la vie. De fait, le sexe chez les Arabes, ce que l'islam n'a pas contrarié, est total, holiste comme disent les sociologues, soit bisexuel comme l'impose l'Occident de par ses catégorisations issues de sa propre culture et de la pastorale chrétienne et qui sont apparues depuis le siècle 17 et se sont imposées au siècle 19.
Or, comme les pays arabes ont été soumis à l'impérialisme européen, cela a suffi pour changer la donne et créer un environnement légal homophobe qui a influencé les mentalités en s'alliant objectivement à l'islam rigoriste qui s'est développé à la faveur de cet impérialisme et comme une conséquence directe, cherchant à sauvegarder une foi conçue comme étant une identité.
Le problème est que ce salafisme s'est recroquevillé sur une tradition judéo-chrétienne qui était diffuse dans la société, ayant influencé les savants musulmans dont la plupart étaient non arabes et avaient l'imaginaire influencé surtout par la tradition judaïque.
C'est cette invagination spirituelle qui a favorisé le développement ultérieur du salafisme, qui a toujours été la coqueluche des pouvoirs fantoches institués, colonisateur ou national, et ce au détriment du soufisme qui était bien plus populaire, diffracté dans une population qui a continué à ne pas être homophobe et à pratiquer même le sexe total, mais en catimini afin d'échapper aux foudres de la loi d'abord et ensuite de la morale qu'elle a engendrée. Cela dure encore aujourd'hui.
Je citerai juste un cas précis, celui du test anal. L'association Shams avec un beau soutien occidental l'a dénoncé à l'occasion de la condamnation à un an de prison d'un jeune étudiant. Le procès en appel aura lieu le 10 décembre. Or, les associations n'ont pas voulu ou pu saisir cette occasion pour faire avancer la cause contre l'homophobie en proposant un projet de loi d'abolition de sa base légale qu'est l'article 230 du Code pénal. Il y avait même un texte tout prêt qui leur avait été proposé et communiqué à toutes les autorités concernées depuis la journée internationale de lutte contre l'homophobie.
En effet, leurs adhérents laïcs mais aussi et surtout leurs sponsors occidentaux s'y sont fermement opposés. On a préféré transiger avec le pouvoir, obtenir en premier lieu la libération conditionnelle du jeune étudiant puis, apparemment, sa relaxe définitive le jour du procès en appel. Il reste à savoir sur quelle base cela se fera ; certainement pas sur l'illégalité de l'article 230 que le ministre de la Justice a appelé à abolir avant d'être démis de ses fonctions.
On se dirige vers une libération par pitié, comme cela a été la motivation de l'acceptation par le juge de la libération sous caution et non vers la mise au moins en cause de l'illégalité du test anal. On voit comment le nationalisme d'Occident, ici aux couleurs d'une tradition religieuse, cautionne indirectement le pouvoir qui veut bien d'associations agissant contre l'homophobie, mais sans rien changer au statu quo supposé respectueux d'un mythique conservatisme de la société.
Il faut dire que même au sein des associations, il y a comme une volonté non formulée que l'homophobie dure encore en Tunisie et en terre d'islam, car cela est propice aux affaires. En effet, comme avec la charité et d'autres causes nobles, il y a un véritable business de l'homophobie, les militants en profitant par exemple en termes de divers privilèges (subventions, protection, voyages, etc.). Le tout se faisant sur le dos de l'islam.
Or, il a été prouvé qu'il est possible d'abolir l'homophobie en terre d'islam en démontrant qu'il n'est pas homophobe ; ce qui a été fait ; trois essais au moins sont librement vendus en Tunisie et nombre d'articles y ont été publiés. Il suffit d'une volonté de la part des premiers concernés, les associations, pour obtenir l'abolition tant réclamée ; mais elles n'y sont pas prêtes, ou plus exactement n'ont pas le droit de le faire, n'étant qu'instrumentalisées (géo)politiquement.
Outre la valorisation d’une minorité blanche et bourgeoise déjà signalée par de nombreux observateurs, il y a une valorisation d'une culture occidentale qui est, comme on le sait, issue de la tradition judéo-chrétienne.
Est-ce à dire que l'homophobie est importée ? Pour le Maghreb et les pays arabes, la réponse est oui. Car l'homosensualité (le terme que je préfère, non connoté sexe) étant vécue comme une partie d'un tout, ainsi que déjà précédemment dit, et les lois, si elles ont été adoptées au nom de l'islam, n'avaient fait qu'importer dans le droit des pays colonisés des textes similaires existants dans le droit de la métropole.
À titre d'exemple, rappelons que la France n'a aboli le texte datant de Vichy introduit en Tunisie qu'en 1982, et que ni la Jordanie ni le Bahrein n'ont de texte de loi homophobe, le dernier pays cité ayant aboli son ancienne loi homophobe avant même la France dans les années soixante-dix.
Comme on l'a dit, dans la galaxie anti-homophobie au Maghreb, les valeurs libérales et démocratiques du Vieux Continent, et de son allié américain, sont les seules valables, seules solutions envisageables pour sortir de leur calvaire les homosensuels.le.s persécuté.e.s dans le monde arabe musulman, un univers considéré comme archaïque et liberticide alors qu'il a été plus libéral et en avance tant que ce monde a échappé à la soumission de l'Occident.
Il s'agit bien d'un néocolonialisme rose relevant de cette présentation binaire du monde, un Nord de tradition judéo-chrétienne, libéral et libre sexuellement, et un Sud où prédomine une arriération des moeurs pour cause notamment d'obédience islamique.
Je ne crois pas qu'il y ait universalité des catégorisations obsolètes de l'Occident dont la modernité a usé justement pour son essor qui s'est basé sur l'impératif de catégoriser, simplifier, réduire à l'un, comme disait Ausgute Comte : reductio ad unum.
S'il y a universalité, chez les humains, mais aussi dans la nature plus généralement, c'est bien celle d'un sexe total, vécu en toute liberté et sans complexe ; autrement dit ce que l'Occident appelle bisexualité et qui est le type de sexe le plus répandu dans les sociétés arabes musulmanes. C'est ce que je qualifie d'érosensualité, un ouvrage à paraître en parle pour le Maghreb en prenant la Tunisie en exemple
Il importe donc de sortir l'homosensuel de ce rôle d'outil stratégique pour n'être que la figure emblématique de l'acceptation d'autrui sans stigmatisation aucune, au-delà des spécificités ethniques, culturelles ou nationales, car on est tous les mêmes dans un monde d'humanité que je qualifie de mondianité.
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