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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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mercredi 12 août 2015

Impératif catégorique postmoderne 8

13 août 2015 : la Tunisie faite femme accuse ses élites machistes



Une sociologie au marteau
Je pratique une sociologie à coup de marteau, ce dernier étant celui du médecin écoutant les battements du coeur et renseignant sur l'état de santé du corps social.
En ce jour mémorable, je livre un aspect éminent d'une auscultation au long cours de notre société observée de près comme de loin.
Or, quoique pleine de vie, des charlatans passant pour des médecins la déclarent porteuse de tous les maux, l'internant dans un asile ayant les frontières d'un pays, la soumettant à une législation répressive faisant office de prison. 
Si cette société est ainsi rabaissée, maltraitée et infantilisée, c'est qu'elle est faite femme, y compris dans sa part masculine dont la féminité est une sensualité certaine, un appétit incomparable pour croquer la vie à pleines dents en toute liberté, sans pudibonderie.
Oui, la Tunisie est faite femme, citadine comme rurale, instruite, bardée de diplômes comme analphabète, mais débordant de sagesse populaire, cette docte ignorance.
À l'adresse de ses élites, masculines et féminines aussi, la femme en politique étant vampirisée par l'esprit machiste, voilà ce qu'elle dit en ce jour de la fête de le femme, une fête de la Tunisie (1).  
Un J'accuse féminin 
J'accuse la politique en Tunisie de ne relever que de la politicaillerie  et les élites de n'être que des charlatans politiciens !
La politique est politicaillerie quand elle ne fait que gérer un quotidien figé, taillé sur mesure sur des intérêts mesquins établis par une conception obsolète de la chose publique. Elle ne travaille pas à changer le donné social en révolutionnant les mentalités — celles qui gouvernent en premier — ainsi que l'a fait Bourguiba en son temps.
Or, la mentalité tunisienne aujourd'hui est encore plus propice au changement radical  qu'au temps de Bourguiba. D'où la gravité de la démission d'élites ne représentant qu'elles-mêmes et versant d'autant mieux dans le charlatanisme qu'elles mentent au peuple comme à elles-mêmes.
Leur plus gros mensonge est de prétendre que la société est conservatrice quand elle est libertaire dans l'âme dans sa plus grande majorité à l'exception d'une minorité instrumentalisée politiquement et idéologiquement. 
J'accuse le président de la République de trahir ses électrices et électeurs en collant à la stratégie néfaste de son allié obligé, ce chef islamiste qui ne fait que du tort à l'islam tunisien. 
Notre islam est fait de tolérance et de libertarisme; or, il le défigure en le rendant liberticide alors que notre foi magnifie toutes les libertés dans une soumission exclusive à un Dieu absolument clément et miséricordieux.
J'accuse le chef islamiste de mensonges répétés et trompeurs — un péché en  islam — et de s'opposer à ce que notre religion, qui fut moderniste avant la modernité occidentale, a inauguré en élevant au plus haut le statut de la femme, et ce en des temps misogynes. 
Je l'accuse de refuser, contre tout sens démocratique et éthique, l'égalité parfaite de la femme avec l'homme, violant délibérément de la sorte l'esprit et les visées de l'islam authentique.
C'est anti-islamique ! Et si M. Ghannouchi est un vrai démocrate, qu'il appelle donc solennellement, en ce jour de la femme, à l'égalité des parts successorales entre les sexes. Car ce n'est que l'aboutissement logique et fatal de la dynamique initiée par l'islam qui est foncièrement démocratique.              
J'accuse le gouvernement de ne faire que tirer rente de l'oeuvre pionnière de Bourguiba ne se souciant pas, dans un zèle aveugle à satisfaire les relents rétrogrades de son allié islamiste, des prolongements imposés par cette oeuvre.  Comme d'avoir le courage de non seulement perpétuer une telle ouvre sans caricature ni slogans creux et trompeurs, mais aussi et surtout en la consolidant par des actions pérennes.
Si le gouvernement ne pratique pas le mensonge, qu'il décrète alors la réforme totale et approfondie de la législation liberticide de la dictature toujours en vigueur et qu'il abroge incontinent les lois les plus anti-islamiques et antidémocratiques faisant des citoyens de seconde zone la femme et les minorités.
Et qu'il commence, en ce jour mémorable, par décréter la mise en oeuvre sans restriction dans notre pays de l'ensemble des dispositions de la convention Cedaw !
L'honneur féminin des politiques
Ce J'accuse féminin est une reprise in extenso de ce que je recueille sur le terrain, aussi bien dans nos rues que par écho vérifié des salons que je ne fréquente pas. Aussi, nos politiques ont intérêt à en tenir compte. 
J'avais déjà appelé ici même à une politique arc-en-ciel (2); le présent message de la Tunisie faite femme s'y insère, car qui mieux que la gent féminine peut incarner la beauté d'un tel arc lumineux et surtout ce qu'il augure en retombées bénéfiques ?
Nos politiques doivent se résoudre à tenir compte des exigences de la révolution tunisienne; combien même elle a été d'abord virtuelle, elle est aujourd'hui aoûtée, devenant mûre.
Et c'est le peuple qui l'est, ses élites ne voulant pas se départir de leur infantilisme, s'accrochant à une politique à l'antique où ils aiment tant jouer au lion et au renard. Ainsi finiront-ils par se faire bouffer par le dragon qu'est l'histoire désormais écrite par les foules en leur âge qu'est la postmodernité.  
L'honneur du politique tunisien se décline désormais au féminin (3). Aussi, la Tunisie en ce début de siècle est forcément femme (4). C'est donc réussir une transition fatale que de veiller à honorer réellement et non comme on le fait si piteusement, si honteusement. 
La politique en arc-en-ciel
Le sous-développement est mental comme l'est aujourd'hui en premier le terrorisme qu'on invoque pour ne rien faire ou pour aggraver l'État de non-droit.
On ne peut plus tenir une langue de bois systématique et généralisée comme on le fait; on ne peut plus tromper en simulant une adhésion prétexte à des conventions internationales sans effectivité dans l'ordre interne; on ne peut plus fermer les yeux sur la licence informelle donnée aux abus de mentalités toujours marquées par l'esprit de la dictature.
Surtout, eu égard à la spécificité de l'islam tunisien marqué par une veine soufie libertaire, sensuelle et voluptueuse, on ne peut plus s'adonner impunément, au nom de l'islam, à une idiosyncrasie antéislamique à la manière ancienne d'un fiqh obsolète défigurant cette religion en son esprit même et ses visées en étant trop inspiré par la tradition judéo-chrétienne. 
L'islam tunisien est une exception religieuse et la Tunisie est une exception politique; il importe donc de faire de ces deux exceptions une réussite mondiale en ne se retenant plus de la réforme en termes religieux et politiques qui s'impose et qui doit commencer par le respect intégral de l'altérité. Or, le respect de la femme et de tous ses droits en est la meilleure garantie. 
On a pu parler pour certains pays assumant leur diversité de « nation arc-en-ciel » ou catalogués bicolores; que la Tunisie, avec la diversité réelle quoique méconnue et réprouvée de son peuple, le soit aussi, idéologiquement et politiquement. Arc-en-ciel, elle l'est déjà malgré ses lois scélérates créant un environnement de contraintes, comme l'est la truite dans les enclos terrestres à circuit fermé. 
La Tunisie, aujourd'hui, a beau n'être pas une rivière politique et idéologique aux eaux paisibles; elle ne n'est pas moins porteuse d'un avenir radieux regorgeant de potentialités. Les spécialistes ne disent-ils pas que si les carpes abondent dans les rivières, les truites arc-en-ciel abondent dans les torrents ? 
Le torrent populaire tunisien ne doit pas effaroucher les allées du pouvoir sommeillant comme une rivière où les élites, comme carpes, restent muettes en termes de politique innovatrice au diapason des exigences révolutionnaires du peuple.
Ces élites se doivent de s'adonner à une politique originale renvoyant dans la poussière de leur politique de Mathusalem le vrai visage de leur peuple, tel un arc-en-ciel.
La Tunisie est jeune et mérite une politique où son soleil généreux inondant déjà les coeurs irise les allées du pouvoir de toutes les nuances de l’arc-en-ciel. Ainsi s'enluminera le futur de la Tunisie postmoderne, la Tunisie faite femme; or, la femme est bel et bien l'avenir de l'homme !

NOTES :
(1)
(2)
(3)
(4)