S’il est un danger aussi grave que l’islam intégriste pour menacer nos pays maghrébins, notamment la Tunisie et le Maroc qui se veulent ouverts sur l’Occident, c’est bien un certain capitalisme sauvage, aussi dogmatique et terroriste que l’islamisme salafiste.
Nous le voyons en Tunisie où la maffia de Carthage s’est démultipliée pour générer des capitalistes « terroristes » n’ayant en tête que le goût du profit quitte à asservir le pays, mettre en péril sa paix civile. La partie est d’autant plus facilitée pour eux qu’ils se sont alliés à des commerçants de la religion, nos religieux n’étant au fond que des adeptes du capitalisme le plus immoral.
C’est pareillement le cas au Maroc où la relative stabilité sociale permet d’occulter les menées quasiment maffieuses de ces brigands aussi religieux que profanes. Nous en donnons ici une illustration qui est loin d’être anodine ou isolée afin de dénoncer ce qui est une dérive vers l’état de non-droit alors que nos pays cherchent vainement à édifier un État de droit.
Une négligence caractérisée
Dimanche 19 avril, à Casablanca, une piqure d'abeille a volé la vie à un jeune homme, serviteur dans un café-restaurant huppé (Paul) sans que l'on ait fait le nécessaire que commandait l'urgence pour lui sauver la vie. Une telle mort injuste a suscité le plus large émoi.*
Alors que l'établissement entretient des ruches, sa boîte à pharmacie ne possédait pas le nécessaire pour traiter une éventuelle allergie à la piqure, empêchant qu'elle ne devienne tragique.
Bien pis, la direction a semblé ne pas estimer que la vie de son employé méritait de l'emmener sans plus tarder à la clinique privée se trouvant juste à côté de l'établissement, préférant le diriger vers un hôpital public plus éloigné, lui faisant ainsi courir un risque certain de mort.
Elle a pourtant vu l'état de gravité dans lequel se trouvait le jeune homme allergique, mais n'a pas estimé que la loi, outre la morale, commandait de lui porter secours sans perdre une seule seconde.
En l’occurrence, c'est d'une infraction sérieuse qu'il s'agit pour défaut d'assistance à une personne en péril aggravée par le lien de dépendance de l'employé à l’égard de son employeur.
Le jeune serveur est mort injustement et la direction de Paul ne doit pas échapper à ses obligations en invoquant la fatalité.
Sa responsabilité est engagée pour négligence grave et il serait salutaire que les autorités marocaines saisissent cette occasion pour en faire un exemple en rappelant aux capitalistes qui cherchent la fortune au Maroc que cela ne peut se faire au mépris de la dignité de ses citoyens.
Sévir pour l'exemple
Un minimum de compassion de la part de la direction du café-restaurant aurait été pour le moins bienvenu pour attester de sa bonne foi, comme d'arrêter symboliquement le service, rendre hommage à la victime et à sa famille, célébrer sa mémoire et surtout dédommager sérieusement les siens pour alléger leur malheur. Il n'en fut rien !
L'établissement se doit de reconnaître ses torts, réparer ses erreurs et surtout se conformer à ses obligations légales et morales à l'égard de ses employés et du pays.
Car une franchise au Maroc, pas plus qu’ailleurs, n'est pas le droit à une licence pour tout faire comme si le royaume était une jungle où seule la loi de l'argent et du plus fort doit régner.
Une telle mentalité existe malheureusement chez beaucoup de ces franchisés qui affluent sur le Maroc — comme en Tunisie — et qui, s'ils doivent y être les bienvenus, ne le sont qu'à la condition de respecter son peuple et ses valeurs.
Le royaume a son honneur à défendre, où figure en bonne place le respect de la vie humaine, ce principe intangible devant passer avant toute valeur et plus-value.
Le ministre de la Justice et des droits de l'homme marocain serait bien inspiré de rappeler à la direction de Paul et à tous ces affairistes qui croient au capitalisme sauvage au Maroc que cela ne saurait être toléré.
Car un tel péril menace le Maroc de plus en plus et les autorités se doivent d’y concentrer leur attention au lieu de se focaliser sur une réforme du Code pénal qui s'immisce dans la vie privée des gens y étouffant encore plus leurs libertés en rognant leurs droits.
C’est un danger pareil qui menace également la Tunisie et dont ont doit se garder en veillant à préciser le plus solennellement que si l’investissement est le bienvenu et à encourager dans notre pays, il se doit de respecter un minimum de règles éthiques, ne faisant point de la loi du profit son unique religion.
Cela concerne aussi nos religieux dont les supposés principes religieux sont obérés par une logique capitaliste surannée, n’étant qu’une vision la plus dévergondée du libéralisme, un capitalisme sauvage.
Publié sur Nawaat