Monsieur Baccouche, la levée du visa c'est pour maintenant ou jamais
!
Monsieur le ministre de Affaires étrangères,
Vous venez de déclarer sur les ondes, vendredi
3 avril 2015, que a Tunisie était en négociations avec l’Union Européenne en
vue d’annuler le visa d’entrée dans l’Espace Schengen pour les ressortissants
tunisiens. Vous n'avez fait, en l'occurrence, consciemment ou inconsciemment,
que participer à la désinformation européenne en la matière.
Car, et vous le savez bien, l'Europe n'a nullement
l'intention de lever le visa d'entrée sur son espace quitte à ce que la
Méditerranée reste le lieu d'une "shoah moderne", selon l'expression
de la maire de Lampedusa.
J'ai déjà dénoncé ici une telle désinformation
européenne qui, violentant l'éthique,
en use juste pour forcer la Tunisie à signer son accord honteux de réadmission.
Le partenariat pour l'immobilité de
l'Europe
Dans le cadre de leur politique migratoire
devenue criminogène, les instances européens, avec apparemment la complicité objective
de notre diplomatie, entend mieux bétonner le mur érigé sur les eaux de notre
mer commune avec son prétendu partenariat pour la mobilité. Le mensonge éhonté
sur une improbable levée du visa est ainsi instrumentalisé pour obtenir de la
Tunisie la signature de l'accord scélérat dont elle a déjà eu le tort de signer
un protocole.
De fait, il ne s'agit pour l'Europe que
d’obtenir coûte que coûte la signature de l’accord pour l’immobilité, supposé abusivement
être un partenariat et qui n'a pour seule visée que de faciliter la réadmission
des clandestins, y compris les non tunisiens, entrés en Europe à partir de
notre pays.
Or, on ne peut envisager raisonnablement de
faciliter la réadmission sans une admission préalable. Or, le système actuel du
visa — qui est contraire déjà au droit international, faut-il encore le
rappeler, et nous l'avons signalé ici — empêche une admission normale.
Aussi, tant que le système actuel du visa est
en place, toute réadmission relèverait d'une iniquité aggravée à l'égard des
droits légitimes des ressortissants tunisiens en termes de droits de libre
circulation.
Certes, l'Europe a en souci premier la
sécurisation de son territoire; or, il existe un outil performant de nature à
respecter de tels réquisits sécuritaires sans sacrifier au légitime droit de
libre mouvement; c'est celui du visa biométrique de circulation proposé pour la
première fois ici même.
Il est temps, d'y recourir sans plus tarder,
car on n’a plus besoin de le prouver : le terrorisme est alimenté par la
fermeture des frontières devant nos jeunes, qui rejettent l'Europe comme elle
les rejette et le manifestent en se laissant embrigader par les terroristes.
Il n'y a plus d'immigrés, il n'y a
que des expatriés !
La fermeture des frontières constitue une des
causes éminentes du fléau terroriste. C'est l'exclusion d'autrui, le refus que
les jeunes puissent mener leur vie en toute liberté en voyageant et en voyant
du pays, qui les amène à chercher un sens à leur vie en allant le quêter sur
les sentiers de la guerre.
C'est ainsi que l'Europe participe à propager
le terrorisme avec son actuelle politique insensée en matière migratoire. Car
il n'y a plus d'immigrés; il n'y a que des expatriés !
Si la pauvreté est une des causes majeures du
terrorisme, l'exclusion en est une autre et la meilleure façon de lutter contre
les deux c'est d'encourager la mobilité des jeunes dans une recherche de moyens
légitimes pour gagner leur vie et lui donner un sens; ce que la fermeture des
frontières interdit.
Une telle ouverture avec le moyen absolument
sûr du visa biométrique de circulation est le meilleur moyen pour l'Europe de
se soucier efficacement de sa sécurité au lieu de se limiter à une fermeture de
ses frontières jamais sûre.
En rouvrant les frontières, en permettant aux
jeunes d'un pays en voie de réussir sa transition démocratique de circuler
librement avec un visa de circulation délivrable gratuitement et pour une
duré minimale d'un an, on assèchera une
source importante qui se nourrit de la désespérance des jeunes,
instrumentalisés pour porter la haine que suscite l'arrogance d'un tel autisme.
La politique européenne actuelle est devenue
non seulement inefficace, mais elle est aussi dangereuse pour la paix dans la
région et dans le monde. Or, l'Europe est prix Nobel et son devoir est d'agir
pour la paix.
Il lui faut donc anticiper le fatal mouvement
d'ouverture des frontières en décidant de suite la levée du visa et non el en
agitant la perspective comme on le ferait du chiffon rouge dans une corrida.
Si l'Europe est sincère, qu'elle profite des
négociations actuelles avec la Tunisie en liant la réadmission à la libre
admission et en décidant la levée du visa actuel et l'adoption du visa
biométrique de circulation qui sera délivré gratuitement pour des entrées et
sorties multiples et durant une période minimale d'un an pour les
ressortissants de pays démocratiques du sud de la Méditerranée dans le care
d'un espace de démocratie méditerranéenne.
Ainsi l'Europe fera-t-elle d'une pierre deux
coups : assurant sa sécurité en consolidant la démocratie à ses frontières. Or,
la Tunisie est assez avancée en démocratie désormais !
Que l'Europe ne joue pas aux apprentis sorciers
en faisant tout pour en enrayer l'engrenage.
Car son projet actuel de faux partenariat pour
la mobilité es est la plus parfaite
illustration. C'est ce que vous devriez dire à vos partenaires européens,
Monsieur le Ministre, au lieu de vous faire l'écho de leurs mensonges diplomatiques.
Et je vous signale, Monsieur Baccouche, que
c'est le peuple qui a parlé par ma plume; à bon entendeur !
Publié sur Nawaat