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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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jeudi 5 février 2015

Anthroposoufie, spirite anthroposophie 9

Les origines objectives et subjectives de Daech




Il ne se passe pas de jour sans que Daech ne se rende coupable de nouvelle ignominie inhumaine; pourtant l'État fantoche se présente comme le parfait exécutant d'un islam sunnite majoritaire. Le plus grave est qu'une telle prétention ahurissante rencontre un certain écho auprès de larges couches de musulmans, y compris ceux qui sont loin d'adhérer à ses monstruosités.

Au mieux les entend-on dire que de telles abominations ne sont rein par rapport à ce que se permet l'Occident à l'égard des musulmans dans le monde, ajoutant que Daech est une création israélienne, ainsi que l'a fait l'ancien ministre des Affaires étrangères Othman Jerandi.(1) Le vrai problème est que Daech fait du tort à l'islam et qu'on doit le combattre; c'est violer notre foi que de lui trouver la moindre excuse, quelle qu'elle soit. 

La lucidité commande certes de connaître les tenants et les aboutissants de ce que d'aucuns n'hésitent pas — sans trop de déraison — à qualifier de complot contre les Arabes et les musulmans. Toutefois, cela ne libère pas du  devoir de savoir le degré de notre responsabilité dans un tel complot, non seulement en termes de complicités objectives, mais aussi en tant qu'auteurs.

Car prétendant appliquer à la lettre l'islam sunnite majoritaire, Daech se prévaut de faits historiques attestés, bien que sortis de leur contexte et surtout de l'esprit du temps. En effet, les musulmans, dont les plus illustres Compagnons, ont bien brûle vif, décapité ou jeté de hauteur des suppliciés comme les daéchiens. 

Cependant, cela se faisait en un temps de cruauté pouvant, à la limite, justifier une sévérité qui était moins la marque d'une religion, par ailleurs humaniste et tolérante, que l'expression de moeurs humaines communes à l'époque.

Or, on  trouve aujourd'hui des musulmans qui ne réprouvent pas de telles pratiques, ne les justifiant pas seulement, mais allant jusqu'à aider leurs auteurs financièrement. Et le plus grand soutien à de telles monstruosités vient indirectement des dispositions de lois liberticides dans les législations des pays arabes et islamiques.   
   
Les origines  objectives de Daech

Dans un article détaillé, le Guardian a raconté dernièrement dans un article en ligne de Martin Chulov les origines du supposé État islamique à partir  du témoignage d'un de ses leaders, Abu Ahmed.(2) Il y apparaît que sa genèse a eu lieu dans un camp de prisonniers américain en Irak, Bucca, similaire à d'autres camps, tels les célèbres Guantanamo et Abou Ghraib. Cela s'est-il fait sous le nez des geôliers américains ou avec la complicité de certaines de leurs autorités agissant dans l'ombre au nom de l'intérêt supérieur du pays ? D'autres témoignages l'ont soutenu.

Le camp en question était situé près de la frontière koweïtienne et a abrité jusqu'à 28 000 détenus privés de tous droits, véritables esclaves dans ce qui était considéré comme un camp de concentration, finalement fermé en 2009.

Abu Bakr raconte ainsi comment le chef actuel de Daech, Abu Bakr al-Baghdadi, était l'interlocuteur privilégié des geôliers américains pour régler les conflits du quotidien entre prisonniers. Ce dernier avait déjà l'aura d'avoir dirigé un groupe d'insurgés sunnites dressés contre les forces américaines et la majorité chiite en Irak après la chute de Saddam Hussein. De plus, il était proche d'Abu Musab al-Zarqaoui, principal dirigeant des djihadistes à l'époque.

C'est en décembre 2004 que le futur calife Baghdadi fut libéré. On peut estimer qu'il ne le fut qu'avec de sérieuses garanties américaines qu'ils ne lâchaient qu'un missile téléguidé.

Abu Ahmed est d'ailleurs catégorique : le camp de Bucca a été l'usine ayant fabriqué l'idéologie de Daech. Une stratégie y a été montée avant la libération de Baghdadi par les prisonniers, ayant pour but de bâtir un État islamique. Qu'il soit une sorte de tampon affaiblissant les États arabes et protégeant Israël en profitant des dissensions en matière religieuse ne pouvait que tomber sous le sens. C'était introduire en islam les guerres de religion de la chrétienté. D'après Abu Ahmed.

C'est à partir de 2009 que la plupart des détenus, opportunément libérés, se sont retrouvés ensemble pour reprendre leurs activités terroristes. Et comme le précise Abu Ahmed, on le faisait mieux qu'avant, certainement dans le cadre d'une stratégie occulte désormais mise en place.

C'est probablement dans ce même cadre que certains des prisonniers ont été transférés des États-Unis, et que d'autres ont bénéficié d'évasions qui avaient tout l'air d'être un simulacre, à l'instar de celle d'Abu Ghraib en 2013 qui a vu 500 détenus prendre la poudre d'escampette, notamment de nombreux djihadistes aguerris. Autant dire qu'on lançait sur le terrain la colonne d'une véritable armée.

Le gouvernement irakien confirme de tels faits en estimant que 17 des 25 principaux leaders de l'Etat islamique menant la guerre en Irak et en Syrie sont passés par les prisons américaines entre 2004 et 2011. Selon le général Ahmed Obeidi al-Saedi, pas moins de 80% des anciens prisonniers du camp de Bucca ont rejoint les rangs des différents groupes terroristes de Daech.

Les origines subjectives de Daech

S'agissant des motivations des guerriers daéchiens, Abu Ahmed précise que leur principale raison était de combattre les chiites, non pour leur foi religieuse, mais  parce qu'ils ont été à l'origine de l'agression américaine, un biais pour s'emparer de l'Irak. 

S'agissant des traits caractéristiques des djihadistes, il note qu'ils sont très sanguinaires, inhumains et sans pitié, usant formellement de la religion dont ils ont une connaissance fort médiocre. C'est ce qui motive Abu Ahmed à quitter ses anciens amis, jugeant que sa plus grosse erreur aura été de les avoir rejoints, et ce malgré sa conviction djihadiste demeurant intacte. Toutefois, il est lucide, jugeant que s'il prenait la décision de partir, il se condamnerait de lui-même à la mort, sinon lui, du moins sa famille.

C'est dans un engrenage qu'il juge se trouver ainsi que la plupart de ses compagnons djihadistes qui croyaient lutter contre une armée d'occupation et se sont trouvés dans le cercle vicieux de l'horreur absolue se refermant sur eux . Il avoue ainsi que la plupart des activistes djihadistes sont loin d'être idéologues ni sauvages, mais ils sont dépassés par une situation devenue hors contrôle. 

C'est ici que la sagesse peut triompher et les actions qui peuvent apparaître sans relation directe avec ce qui se passe sur le terrain doivent être tentées pour préparer un avenir plus serein. Il est vrai que dans l'immédiat, certaines mesures à effet sont recommandées, étant impératives, comme de cesser d'apporter le moindre financement à Daech, que ce soit directement ou en leur achetant du pétrole. C'est loin de pouvoir se réaliser facilement dans l'état actuel d'un monde fragmenté à l'extrême et dominé par la loi du profit égoïste et immédiat.(3)  

D'autres actions à effet moins immédiat ni spectaculaire, mais aux retombées certaines consistent pour les États arabes comme le nôtre, pourvoyeurs de munitions humaines à Daech, d'en finir avec certaines incongruités conceptuelles.

C'est le cas de l'hérésie du califat nécessitant l'interdiction de tout mouvement politique y appelant. C'est que le programme de tel parti ne fait qu'entretenir l'amalgame et semer les raisins de la division, le califat ayant pris fin avec la mort du prophète. 

D'ailleurs, historiquement, il est loin d'être sûr qu'Au Bakr, le premier calife, en ait usé; en tout cas Omar, son successeur  imposa officiellement le qualificatif de Prince des croyants dont se réclamèrent ses deux successeurs immédiats. Ce ne sont que les Omeyyades qui ont ressuscité le titre pour  des raisons politiques, osant en plus se qualifier — suprême hérésie ! — non pas califes du prophète, mais de Dieu. Puis, ce furent les Ottomans qui eurent recours au titre pour asseoir leur légitimité après que le titre ait disparu avec la chute de la dynastie abbasside.(4)

Surtout, il y a lieu d'abolir toutes nos lois se réclamant à tort de l'islam sans en être tout en contribuant à vicier les sentiments des musulmans, les dressant les uns contre les autres, cultivant les sentiments de haine et non d'amour et de fraternité. J'entends par là, par exemple, toutes les restrictions et pénalisations de la supposée atteinte au sacré ou aux bonnes moeurs et qui ne sont qu'une négation de la liberté des citoyens et de leur droit à la différence comme, concrètement, la législation inique sur les stupéfiants, sur les rapports homophobes, sur l'atteinte au sacré ou encore les restrictions quant à la vente d'alcool dont les Tunisiens sont les plus grands consommateurs dans le monde arabe, alcool nullement interdit en islam.(5)

Des mesures homéopathiques

C'est ainsi et ainsi seulement, par de telles mesures homéopathiques, qu'on redonnera goût à la vie à nos jeunes en les détournant des sentiers de la guerre pour ceux de la vie afin qu'ils aient la possibilité de donner libre cours aux trésors de créativité dont ils recèlent et  qui sont contrariés et brimés aujourd'hui par des lois scélérates les empêchant de vivre.

On doit aussi envisager — et le président de la République a eu la sagesse de l'évoquer hier — des mesures concrètes à destination de nos jeunes trompés par la propagande djihadiste, se retrouvant à Daech avec l'impossibilité de devoir courir le risque d'en réchapper sans une perspective sérieuse de rédemption dans leur pays.

Toutefois, tout cela ne saurait advenir sans une stratégie concertée avec nos partenaires occidentaux, notamment européens, en vue d'envisager sérieusement l'ouverture des frontières de l'Europe à nos jeunes, seule en mesure de représenter un pendant prometteur de nature à le détourner de la mort vers la vie. Et comme on le sait, nos compatriotes sont les plus nombreux parmi les daéchiens tout en étant la communauté arabe musulmane la plus réduite en Europe, ce qui ne peut qu'encourager les instances européennes à essayer la formule que je propose de visa biométrique de circulation à moindres frais ? 

Ainsi, la communauté tunisienne en Europe jouera le laboratoire pour une nouvelle donne en Méditerranée comme la Tunisie le fait pour l'islam politique.
Cela doit toutefois s'intégrer dans un package impliquant deux actions éminentes de nature à contribuer efficacement à l'évolution des mentalités, une sur le plan interne et une autre sur le plan international, qui nécessitent toutes deux du courage. Mais qu'est-ce la politique vraie sinon le courage d'aller à l'encontre du conformisme logique ambiant ?

Il s'agit pour nos religieux d'oser déclarer l'illicéité du djihad mineur clos avec la fin de la hijra.(6) En effet, tant qu'on n'aura pas réalisé que le seul combat autorisé est désormais celui livré à soi pour se libérer des turpitudes de la nature humaine imparfaite, l'islam cultivera à tort un complexe de peuple élu qui n'est en rien islamique et ne sera point la religion qu'il est, une foi cultivant d'abord la paix de l'âme ainsi que démontré par le soufisme des origines

Pour nos politiciens, cela consistera à s'attaquer au noeud du problème nourrissant toues les horreurs de notre monde actuel, à savoir le conflit palestinien. Or, aucune solution pour ce conflit n'est possible si l'on persiste à refuser officiellement de considérer Israël comme un État, ce qui s'il lui donne des droits, le soumet aussi à des obligations. C'est donc en osant reconnaître l'État d'Israël dans le cadre d'un retour à la légalité de 1945 qu'on contribuera à trouver une solution à un casse-tête devenu pour d'aucuns un simple fonds de commerce politicien.


 NOTES :


(3) Ainsi une députée européenne a bien osé dénoncer une complicité commerciale de l'Europe avec l'État fantoche. S'agissant de l'implication de certains États pétroliers du Golfe, la complicité est plus qu'évidente dans le cadre de leur guéguerre à l'hégémonie régionale. 
(4) cf. mes articles en arabe à ce propos :
(6) cf. mon article : Contrer le terrorisme en déclarant seul licite le jihad akbar 


Publié sur Leaders sous le titre : 
Pourquoi Daech rencontre un écho auprès de certains musulmans