Élections en Tunisie : l'honneur et le défi
The Economist, influent journal britannique, vient de décerner à
la Tunisie le titre de pays de l'année 2014, saluant ainsi la transition du
pays vers une démocratie véritable.
Certes, les relents de la dictature restent dans les têtes, la
révolution mentale tardant encore à gagner certaines de nos élites, mais elle
est déjà dans la tête du peuple. Celui-ci est désormais le véritable garant de
la réussite de sa révolution, son Coup
magistral qui a fait basculer le monde d'un ordre ancien vers un nouveau
paradigme.
Une Tunisie postmoderne
On le voit bien avec le président sortant
qui joue avec les valeurs pour s'accrocher au pouvoir, usant et abusant d'une rhétorique
qui n'a plus de sens, celle de l'homme providentiel, garant du non-retour en
arrière.
Or, les dérives d'antan sont appelées à disparaître, la dictature n'existant
plus que dans la tête de certains qui se comportent en commerçant, faisant de
la révolution un fonds de commerce fructueux. En tout cas, le seul vrai barrage
contre un retour impossible en arrière reste la société civile et les nouvelles
institutions.
Aujourd'hui, dans la Nouvelle République tunisienne, le peuple n'a
plus besoin de pareil avatar des tyrans d'antan, car sont les Tunisiennes et
les Tunisiens qui sont les seuls protecteurs de leurs acquis. D’ailleurs, ils en
ont été les principaux architectes avec leurs valeurs d'ouverture, de respect
de l'altérité et d'attachement aux libertés, toutes les libertés, sans
exception.
De fait, grâce au Coup
d'éclat de son peuple, la Tunisie a marqué l'entrée du Sud en postmodernité,
cette revanche des valeurs ancestrales sudistes contre celles dominantes
jusqu'ici d'un Nord désormais en crise axiologique.
La Tunisie en pays modèle
Aussi, la Tunisie est-elle en mesure d'être non seulement le pays
de l'année en cours, mais aussi et surtout de l'année à venir et même des années
suivantes eu égard aux nécessaires réformes ambitieuses en chantier.
En effet, la transition démocratique ne fait que commencer et il
importe de la confirmer en l'étendant à tous les secteurs où des blocages, dont
surtout les freins dans l'inconscient collectif, empêchant le pays d'être le
modèle qu'il peut prétendre être.
Pour cela, il est impératif
que le pays continue sur sa lancée en innovant dans la pratique politique, y
introduisant la culture des sentiments, la conscience qui manque à une politique
devenue par trop manichéenne, instaurant dans le pays un ordre amoureux en
abolissant toutes les lois scélérates de la dictature.
Une telle « poléthique » — qui n’est qu’une politique
compréhensive — commence ce dimanche par la rupture définitive avec l'ancien
régime représenté par un président sortant plus tourné vers le passé que le
présent, hanté par le fantôme de la dictature, déconnecté des réalités du monde
et de son avenir vers lequel le peuple est déjà tourné depuis sa révolution.
Ainsi et ainsi seulement, la Tunisie continuera sans trop tarder
sa mue démocratique et pourrait même ambitionner à bon droit d'être le pays du
siècle. Sinon, les blessures du passé ne cicatriseront pas et le tribalisme
moderne qui est un communautarisme redécouvrant les solidarités et l’altérité
versera dans les violences inévitables des névroses nationales entretenues par
un retour terrible du refoulé.
Aussi, Tunisienne, ma sœur, Tunisien, mon frère, n’écoutez pas les
sirènes qui vous attirent vers l’abîme ; répudiez donc en ce dimanche
historique Thanatos pour Éros !
Ainsi, notre chère Tunisie poursuivra la mise en œuvre de son
modèle d'excellence politique et culturelle !
Bonne route sur le chemin de l’ordre amoureux, Tunisie, ma
mie !