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samedi 20 décembre 2014

Une transcendance immanente 4

Élections en Tunisie : l'honneur et le défi



The Economist, influent journal britannique, vient de décerner à la Tunisie le titre de pays de l'année 2014, saluant ainsi la transition du pays vers une démocratie véritable.
Certes, les relents de la dictature restent dans les têtes, la révolution mentale tardant encore à gagner certaines de nos élites, mais elle est déjà dans la tête du peuple. Celui-ci est désormais le véritable garant de la réussite de sa révolution, son Coup magistral qui a fait basculer le monde d'un ordre ancien vers un nouveau paradigme.
Une Tunisie postmoderne
 On le voit bien avec le président sortant qui joue avec les valeurs pour s'accrocher au pouvoir, usant et abusant d'une rhétorique qui n'a plus de sens, celle de l'homme providentiel, garant du non-retour en arrière.
Or, les dérives d'antan sont appelées à disparaître, la dictature n'existant plus que dans la tête de certains qui se comportent en commerçant, faisant de la révolution un fonds de commerce fructueux. En tout cas, le seul vrai barrage contre un retour impossible en arrière reste la société civile et les nouvelles institutions.
Aujourd'hui, dans la Nouvelle République tunisienne, le peuple n'a plus besoin de pareil avatar des tyrans d'antan, car sont les Tunisiennes et les Tunisiens qui sont les seuls protecteurs de leurs acquis. D’ailleurs, ils en ont été les principaux architectes avec leurs valeurs d'ouverture, de respect de l'altérité et d'attachement aux libertés, toutes les libertés, sans exception.
De fait,  grâce au Coup d'éclat de son peuple, la Tunisie a marqué l'entrée du Sud en postmodernité, cette revanche des valeurs ancestrales sudistes contre celles dominantes jusqu'ici d'un Nord désormais en crise axiologique.
La Tunisie en pays modèle
Aussi, la Tunisie est-elle en mesure d'être non seulement le pays de l'année en cours, mais aussi et surtout de l'année à venir et même des années suivantes eu égard aux nécessaires réformes ambitieuses en chantier.
En effet, la transition démocratique ne fait que commencer et il importe de la confirmer en l'étendant à tous les secteurs où des blocages, dont surtout les freins dans l'inconscient collectif, empêchant le pays d'être le modèle qu'il peut prétendre être.
Pour cela,  il est impératif que le pays continue sur sa lancée en innovant dans la pratique politique, y introduisant la culture des sentiments, la conscience qui manque à une politique devenue par trop manichéenne, instaurant dans le pays un ordre amoureux en abolissant toutes les lois scélérates de la dictature.
Une telle « poléthique » — qui n’est qu’une politique compréhensive — commence ce dimanche par la rupture définitive avec l'ancien régime représenté par un président sortant plus tourné vers le passé que le présent, hanté par le fantôme de la dictature, déconnecté des réalités du monde et de son avenir vers lequel le peuple est déjà tourné depuis sa révolution.
Ainsi et ainsi seulement, la Tunisie continuera sans trop tarder sa mue démocratique et pourrait même ambitionner à bon droit d'être le pays du siècle. Sinon, les blessures du passé ne cicatriseront pas et le tribalisme moderne qui est un communautarisme redécouvrant les solidarités et l’altérité versera dans les violences inévitables des névroses nationales entretenues par un retour terrible du refoulé.
Aussi, Tunisienne, ma sœur, Tunisien, mon frère, n’écoutez pas les sirènes qui vous attirent vers l’abîme ; répudiez donc en ce dimanche historique Thanatos pour Éros ! 
Ainsi, notre chère Tunisie poursuivra la mise en œuvre de son modèle d'excellence politique et culturelle !
Bonne route sur le chemin de l’ordre amoureux, Tunisie, ma mie !