Moncef Marzouki, un oxymore sur pattes
S'il est une figure qui résume le style de la postmodernité, c'est celle de l'oxymore ou oxymoron qui, en rhétorique, consiste à réunir deux mots en apparence contradictoire.
C'est ce qu'incarne à merveille le président sortant Marzouki qui est véritablement un oxymore sur pattes, pour reprendre l'expression utilisée par Michel Maffesoli pour l'ancien président français Sarkozy.
Ainsi, avec M. Marzouki, on n'a jamais fini d'entendre un son de cloche et son contraire, au point de se demander s'il ne fait pas, lui qui aime montrer sa connaissance de l'arabe, une fixation sur ces mots au sens contraire dont notre langue est riche. Cependant, si une telle particularité relève de la richesse rhétorique de la langue arabe, elle n'est en en politique que jonglerie et duplicité.
Certes, dans la pratique politique à l'antique à laquelle semble s'attacher toujours Moncef Marzouki, une des clefs de la réussite consiste à être machiavélique, à jouer de la ruse pour simuler la force et dissimuler ses faiblesses et ses turpitudes. Or, cela est terminé en postmodernité qui est une soif d'authenticité avec un zeste minimal nécessaire de conscience et de sincérité.
À Carthage, M. Marzouki nous a joué la parfaite fausse partition des droits de l'homme, pratiquant ce que j'ai qualifié de « présidence Castafiore », en référence à un personnage du créateur de Tintin, une diva qui chante faux.
Cela met en exergue les aspérités du personnage, les contradictions de sa personnalité et ses incantations des valeurs réduites à des slogans creux.
Le voilà donc avec sa dernière lubie de création d'un nouveau parti pompeusement appelé peuple de citoyens, comme s'il pouvait y avoir en démocratie un peuple sans citoyens. Puis, crée-t-on un parti quand le sien n’a pas achevé sa mission consistant à refonder la République ?
Bien entendu, il a hâte de vouloir s’attacher à sa personne les voix qui se sont portées sur lui. Toutefois, est-ce raisonnable de prétendre capitaliser un électorat hétérogène qui lui est venu moins par adhésion que par refus de son adversaire ? C'est trop prétentieux de sa part, pour le moins.
Le plus grave, cependant, est qu'aujourd'hui, bien que battu à la loyale et ayant félicité son concurrent, déclarant même ne pas contester le résultat, il revient sur les éventuelles bavures du scrutin, déclarant se réserver le droit de les contester judiciairement.
Pourtant, il avait déjà publiquement fait savoir ne pas songer à saisir le tribunal administratif pour hâter la transmission des pouvoirs. Venant d'un homme qui se présente comme un démocrate dans l'âme, cela ne laisse d'étonner pour le moins.
Or, étymologiquement, l'oxymoron n'est-il pas ce dont l'absurdité est flagrante ?