La diplomatie tunisienne contre les mensonges de Marzouki
C'est d'une seule voix que les diplomates tunisiens de carrière,
anciens ambassadeurs et consuls généraux réunis dans leur association ont
brocardé les propos politiciens du président provisoire, candidat à sa propre
succession.
Bien que responsable de la haute diplomatie du pays, M. Moncef
Marzouki s'est laissé aller à son péché mignon consistant à dénigrer autrui.
Or, en l'occurrence, il ne réalisait pas qu'il se dénigrait lui-même tout en
rabaissant le pays, salissant son image de marque.
Une diplomatie ternie par la présidence
Car cette image n'a été ternie que depuis son arrivée à Carthage
avec ses choix irresponsables et sa décision de laisser sur la touche des
compétences avérées, leur reprochant le fait d'avoir servi le pays sous la
dictature. Ce faisant, il faisait fi de leur talent certain et de leur
dévouement à servir la patrie, ce même dévouement qui a permis de limiter les
affres des dérives de la dictature, empêcher que la diplomatie tunisienne soit
aussi corrompue que celle des autres dictatures.
C'est un tel manque flagrant d'objectivité que dénonce
l'association des anciens diplomates de Tunisie et auquel je me joins, y
apportant mon propre témoignage.
Car — et je l'ai rappelé ici même (Ces injustices de la
dictature qui n'ont pas été levées au ministère des Affaires étrangères :
http://nawaat.org/portail/2013/07/18/ces-injustices-de-la-dictature-qui-nont-pas-ete-levees-au-ministere-des-affaires-etrangeres/) —, j'ai servi aussi mon pays sous
l'ancien régime, m'élevant contre elle, comme d'autres, dans la discrétion, la
réserve nécessaire et sans le bruit qui nuit à l'efficacité. Cela dura un
temps, profitant au pays et à son peuple, jusqu'à ce que le dictateur décide de
ne plus supporter un militantisme en catimini, mais redoutable, me rayant
injustement du cadre diplomatique.
Au lendemain de la révolution, réclamant mon droit comme
d'autres, j'ai eu la surprise de voir le président opposer son véto, juste au
prétexte que j'avais servi sous l'ancien régime, faisant fi du militantisme
avéré. Dans le même temps, il acceptait l'intégration dans la diplomatie
d'incompétences notoires, juste au vu de leurs états de service, non pas pour
la patrie, mais pour les partis au pouvoir.
Ainsi, quand M. Marzouki fustige le rendement de la diplomatie
tunisienne et de ses performances «tout au long de l’ère de l’État
national», il viole la vérité historique, ne faisant qu’un transfert
psychologique, prenant pour étalon les années de son mandat, sa propre pratique
de la diplomatie.
Une diplomatie au service de la patrie
Il s'agit ici bien
plus que ce que le communiqué de l'association des anciens chefs de mission
diplomatique et consulaire considère une évaluation «en contradiction avec l'histoire de la diplomatie tunisienne
et son registre riche de réalisations réelles et tangibles au service des
intérêts supérieurs de la Tunisie à différents niveaux économique, social,
culturel, éducatif».
De fait, il est
même question d'un grave manque non seulement à l'objectivité, mais à l'éthique
politique et diplomatique, qui est susceptible de poursuites judiciaires, car
on pourrait y voir de la diffamation pour des consciences et des compétences
qui ont souffert et souffrent juste pour avoir fait leur devoir, celui de
servir la Tunisie, et non point de s'en servir.
Aussi,
l'association est-elle bien en droit de noter que «le registre de la diplomatie tunisienne ne peut être
entaché ni ignoré et c’est
grâce à cette diplomatie dévouée et infatigable que la Tunisie a pu jouir d’un
grand prestige et d’un profond respect sur la scène internationale dans ses
différents cercles».
En effet,
contrairement à ce que colporte le candidat Marzouki, dans sa grande majorité,
«la diplomatie tunisienne a toujours été la force douce et active au service
des intérêts de la Tunisie à tous les niveaux ainsi que pour la défense des
enfants de Tunisie à l'étranger».
Il est temps que M.
Marzouki cesse d'user de mensonges pour servir son ambition dévorante du
pouvoir après avoir fait de son supposé militantisme pour les valeurs l'arme
efficace pour le conquérir. Car aujourd'hui, cette arme est enrayée, le peuple
n'étant plus aussi dupe que le croit le candidat à sa propre succession.
Publié sur Nawaat