L'ISIE face à la fraude
Malgré de nombreuses critiques et des couacs divers, l’ISIE continue d’afficher sa détermination à s’acquitter de sa tâche en assurant aux élections les conditions les meilleures de transparence et d’honnêteté.
Aussi les observateurs attendent-ils les mesures concrètes prévues pour le jour du scrutin afin de s’opposer efficacement aux tentatives inévitables de fraude auxquelles aucune élection ne peut échapper, même dans les pays de tradition démocratique.
On espère, tout d’abord, que l’ISIE renoncera au leurre de l'encre sympathique dont la preuve a été faite qu’elle n'a aucun intérêt pour la sincérité du vote, ne servant que les intérêts de ceux qui la commercialisent. Ce sera, de sa part, une preuve tangible de son indépendance à l’égard des intérêts derrière ce produit qu’on a vus lors de toutes les élections depuis le Printemps arabe, en faisant un marché idéal pour une prétendue encre utile.
L’ISIE aurait aussi à contrer la tricherie constatée à grande échelle lors de la dernière élection consistant à utiliser des photocopies de bulletins officiels distribués précochés aux électeurs fraudeurs. Une parade efficace consistera à numéroter le bulletin au moment du retrait et de vérifier la présence de ce numéro lors du dépôt dans l'urne.
Une protection encore meilleure serait de confier au président du bureau, sous le contrôle d’observateurs, la charge d’apposer un cachet officiel sur tout bulletin retiré et de vérifier sa présence avant la mise dans l'urne. On pourrait même prévoir que le cachet de confirmation ne serait apposé que si le bulletin est vérifié valide, ne comportant pas de rature, par exemple ; sinon il ne comportera qu’un seul cachet.
Il va sans dire qu’une telle option salutaire, de nature à permettre d’éviter des bavures au dépouillement telles celles relevées en 2013, nécessite qu’on ne lui oppose pas le caractère secret du vote.
Elle serait, en effet, une occasion à saisir pour éviter une éventuelle triche au moment du dépouillement, des bulletins valides se retrouvant invalidés pour une quelconque rature qui ne s’y trouverait pas au moment du dépôt dans l’urne.
Bien évidemment, l'idéal aurait été de se passer dans le code électoral de cette règle aberrante et dépassée du vote secret qui ne se justifie même plus en Occident et qui n'a aucune valeur dans notre culture, se révélant surtout une incitation à la fraude. C'est juste imiter ce qui se fait ailleurs que de garder une telle règle parmi d'autres, obsolètes ou mal adaptées aux réalités de la Tunisie dans un code électoral qu'il urgera d'amender au plus tôt pour tenir compte de nos spécificités.
Assurément, la parade ultime restera la neutralité des participants au dépouillement et des observateurs présents. C’est, en dernier lieu, sur une telle prestation, conforme aussi bien à la légalité qu’à l’honneur, que sera jugée l’ISIE. Toutefois, des indices positifs ou négatifs quant à la qualité de cette prestation seront déjà présents dans la nature des premières mesures évoquées.
Il est ainsi évident que si l’ISIE reconduit le dispositif de l’encre électorale utilisé lors de la dernière élection, cela voudra dire qu’elle privilégiera l’illusion d’une telle encre à la certitude d’une parade sérieuse à la fraude ainsi que détaillée ci-dessus.
Publié sur Leaders