Variations iconoclastes sur la fête du sacrifice en islam
La fête du sacrifice (aïd-el-kebir) cette année ne saurait passer sans laisser des traces. Elle doit attirer l'attention des musulmans attachés à un pur islam qui est loin d'être celui qu'on vit aujourd'hui, ni à plus forte raison la criminelle abomination qu'on voit au Levant.
L'aïd, une tradition biaisée
Au nom de l'attachement aux traditions, ce qui en soi est un gage de maintien et de renforcement du lien social et du vivre-ensemble en islam, on a dans chaque maison ou presque le premier quidam se transformer en boucher.
Or, au moment où l'acte d'égorger est médiatiquement mis en scène en tant qu'horreur suprême, une insulte non seulement à l'islam au nom duquel on égorge des innocents, mais aussi et surtout à l'humanisme tout court.
On nous excipe l'argument religieux consistant à reproduire le geste du prophète. On, cet argument ne tient plus et la tradition du prophète est biaisée, étant sortie de son vrai contexte.
D'abord, du fait que le sacrifice est intimement lié au pèlerinage, dont il est l'un des aspects essentiels; d'ailleurs, on appelait le jour du sacrifice Grand pèlerinage. Aussi, sacrifier en dehors du pèlerinage n'st nullement une obligation islamique.
Il faut rappeler, à ce propos, que le pèlerinage lui-même n'est imposé aux croyants que dans la mesure où ils en ont les moyens. Or, ce qui peut le plus peut le moins, à savoir que ceux qui n'ont pas vraiment les moyens ne doivent pas sacrifier en s'endettant.
Le sacrifice, une fausse obligation
Ensuite, il s'agit moins de la tradition du prophète que de celle d'Abraham et qu'honore le prophète de l'islam qui est le sceau de la prophétie, reconnaissant les messages qui l'ont précédé.
À ce propos, il nous faut rappeler que les premiers musulmans étaient bien conscients que le sacrifié dont il s'agissait n'était point Ismaël on veut e croire aujourd'hui, mais bel et bien Isaac comme le précise la Bible.
Ce n'est que bien plus tard que l'on a prétendu le contraire, substituant Ismaël à Isaac en contradiction avec la logique sociale de l'époque qui ne donnait aucun droit, surtout pas d'aînesse, au fils de l'esclave.
De fait, si on continue à s'attacher à ce rite de par le monde, c'est souvent au nom de la nécessité de faire la joie des enfants; ce qui n'est qu'u prétexte fallacieux, les enfants d'aujourd'hui ayant d'autres moyens de s'amuser que d'apprendre à égorger un mouton. À moins qu'on ne cherche justement un tel apprentissage en vue de futures visées machiavéliques !
Revenir à l'humanisme islamique
Il ne faut pas se tromper ! À moins d'arrière-pensées coupables que tout esprit libre doit dénoncer, il n'y a pas de sacrifice obligatoire en islam en dehors du pèlerinage. Tout le reste c'est de l'ergoterie. De plus, il y a une terrible confusion en matière de célébration des traditions, ce qui facilite leur instrumentation idéologique.
Il est temps qu'on arrête de se faire boucher un jour de l'an, car qui égorge un jour, égorge toujours un autre jour ! Les traditions doivent certes être honorées, mais en n'arrêtant pas de les utiliser pour réinventer l'art du vivre-ensemble et qui est aujourd'hui celui d'une foi qui soit oecuménique.
C'est ce que mande et commande la situation apocalyptique du Levant qui ne sert personne, mais ceux qui en profitent, desservant à terme toute l'humanité, car il s'agit d'une négation des valeurs humanitaires.
Aussi, célébrer l'humanité commande de revenir aujourd'hui, pour les musulmans, à leurs valeurs authentiques d'humanité en toilettant leurs traditions de tout ce qui les altère, l'acte d'égorger capillarisé dans tous les foyers en premier. Que la fête du sacrifice à venir ne soit donc plus celle du sacrifice des valeurs humanitaires en islam !
Qu'on arrête de sacrifier, et si on tient à célébrer l'aïd à l'antique, que cela soit comme on commence à le faire de plus en plus, y compris par les plus croyants : en faisant une simple grillade. Ainsi mettra-t-on aussi à ce honteux commerce religieux qu'on voit à l'occasion de cette fête, une aubaine pour les marchands de moutons, véritables marchands du temple.
Publié sur Contrepoints