Un remède de cheval pour la Tunisie
Le verdict est
tombé. Les finances publiques sont dans un état critique et la situation
économique est fort dégradée. Cette banqueroute économique est d’abord
politique. Si elle impose un remède de cheval, il ne peut d’abord être que
politique.
Taxer le politique, ni le social ni
l’économique
C’est le politique
qui doit être rendu coupable de cette catastrophe. Aussi, comme la Tunisie se
veut être une démocratie où le droit n’est pas instrumenté par la politique,
mais l’inverse, la première mesure qui s’impose doit être que le reliquat au
pouvoir de la coalition sortante — comptable de la situation actuelle — assume
ses responsabilités et quitte la tête de l’État. Qu’il y laisse la place à des
compétences techniques ne s’adonnant pas à la politique; c’est l’intérêt du
pays qui l’exige !
Ensuite, que les
hauts fonctionnaires et les commis du peuple fassent enfin la preuve de leur
patriotisme en commençant par s’appliquer les inévitables mesures d’austérité
que l’État doit appliquer à ses services avant de les imposer au peuple déjà
trop éprouvé par la crise. L’État n’a plus besoin de solennités ou de
somptuosités pour son prestige. C’est dans une gestion saine et éthique d’un
pays pauvre, donc sans ostentation inutile ni étalage de richesses, que réside
son autorité véritable et un tel prestige. C’est dans les cœurs qu’il sera
alors célébré et non par la force qui n'a jamais l'autorité des sentiments
acquis.
Enfin, l’Assemblée
nationale qui n’est plus légitime juridiquement depuis longtemps ne peut se
maintenir en place que si ses membres veulent bien se sacrifier pour le service
national en renonçant à toutes leurs indemnités et traitements exorbitants. Que
ceux qui n’y sont que pour ces privilèges quittent donc l'Assemblée, car étant
celle d’un peuple pauvre, elle se doit de refléter sa condition !
L’importance du symbole
Certes, on dira
que de telles mesures ne suffiront pas à faire revenir la santé économique;
elles n'en indiqueront pas moins la voie et remettront le peuple au travail.
Car le symbolique est un levier qui ne peut plus être négligé; tout est
symbole, aujourd’hui. Quand le plus mauvais exemple est donné à la tête de
l’État, le peuple ne peut que le suivre; tels gouvernants, tels gouvernés
dit-on.
La seule
légitimité qui compte aujourd’hui est celle du Dialogue national. Qu’il prenne
donc ses responsabilités et qu’il agisse dans le sens que l’intérêt du peuple
et du pays commandent, à savoir l'arrêt immédiat de la comédie actuelle du
pouvoir avec l’organisation projetée d’élections législatives et présidentielle
pernicieuses qui coûtent cher au pays et ne servent que les intérêts des plus
grands partis au vu du scrutin retenu. Que le dialogue national décide d’y
substituer des élections locales
et régionales selon le seul scrutin valable en Tunisie, uninominal rationalisé supposant un contrat de mission de
l’élu. Ainsi, la Tunisie s’engagera-t-elle véritablement dans le sens du
rétablissement de sa santé aussi bien économique que sociale et politique.
Quelle gageure, si facile à gagner, pourtant !
Publié sur Leaders