Lettre à Madame
Marisol TOURAINE, ministre
des Affaires sociales et de la Santé : Au nom du principe de précaution, alertez sur la nocivité avérée des médicaments contre l'Alzheimer !
Madame
la Ministre,
C'est sur un sujet grave et de portée nationale
que je souhaite attirer votre attention. Il est avéré aujourd'hui que les
médicaments censés traiter l'Alzheimer sont bien plus nocifs qu'on le croit.
Aux États-Unis, la plus grande sommité médicale
en la matière parle même, dans un livre retentissant publié début janvier 2008,
du « mythe de la maladie d'Alzheimer »[1]
soutenant catégoriquement que « les traitements existants sont très peu
efficaces et l'espoir d'un remède basé sur un acte de foi et des extrapolations
non évaluées ». Invitant ses confrères à éviter à leurs malades le piège
du modèle dominant et stigmatisant de la maladie, leur conseillant de leur
dire, en guise de diagnostic, avoir la « soi-disant maladie
d'Alzheimer », il insiste sur le fait de plus en plus acquis que
l'Alzheimer n'est que l'évolution normale du vieillissement cérébral, revenant
ainsi à la conception classique.
Dans un colloque en Sorbonne fin mars, ayant
exposé sur une approche sociologique postmoderne de l'Alzheimer,[2]
j'ai pu écouter le témoignage du plus éminent représentant de cette affection
en France, le Professeur Olivier Saint-Jean dont le service reste une référence
à l'Hôpital Européen. Or, s'il n'ose pas aller de front à l'encontre de
l'establishment médical français, continuant à nourrir l'espoir (fallacieux
désormais, ce qu'il n'ose dire) que le traitement chimique puisse ralentir la
maladie, il confirme toutefois que dans son service l'administration des
médicaments ne dépasse généralement pas une poignée d'années, leur nocivité sur
le malade étant assez tôt prouvée, amenant l'arrêt de toute médication
chimique.
Cela entérine, par l'expérience, le propos des
spécialistes américains qui mettent en garde contre le « couloir de la
mort » dans lequel on fait entrer le malade en le soumettant au traitement
chimique. En lieu et place, ils conseillent le retour pur et simple à la prise
en charge du malade tel qu'elle se pratiquait dans les sociétés traditionnelles
dans lesquelles le malade reste souvent chez lui, entouré des siens, sans prise
médicamenteuse altérant son bien-être. S'adressant aux malades, ils sont clairs
et péremptoires : il faut éviter de prendre le moindre médicament prescrit pour
cette maladie et « faire ce que vous voulez aussi longtemps que vous le
pouvez ».
Car aujourd'hui, on s'accorde à dire, pour peu
que l'on reste indépendant des intérêts des laboratoires pharmacologiques, que
« la complexité des phénomènes rend absurde la notion de trouble cognitif
léger (mild cognitive impairment) situé entre la démence et le vieillissement
normal ». Ainsi, au Japon, le terme de démence est-il désormais banni des
enceintes médicales !
Et partant du fait que « les personnes en
proie à des troubles cognitifs conservent un potentiel de vitalité,
d'épanouissement et même de sagesse tout au long de leurs années de
déclin », on conseille de les insérer dans une société de troubles
cognitifs admis pour y demeurer partie prenante et ce, entre autres, à travers
des projets intergénérationnels.
Or, c'est ce qu'ont toujours pratiqué nos ancêtres
avant que la médicalisation à outrance ne change nos habitudes, bien plus, à
l'origine, sous l'effet d'une course à l'exclusivité que d'une vraie conviction
quant à la validité de l'intérêt d'individualisation de la maladie que n'osa
même pas identifier celui dont elle porte le nom.[3]
Surtout que nombre de voix autorisées attestent aujourd'hui que le ratio
bénéfices / inconvénients qui doit commander toute prescription est désormais
en défaveur du malade.
Certes, la conviction en l'utilité de l'approche
biomédicale est bien incrustée dans la mentalité des gens, mais elle est aussi
prégnante chez les médecins et les autorités sanitaires qui continuent à
entretenir l'illusion de l'utilité des médicaments prescrits pour l'Alzheimer
malgré tout ce qu'ils induisent désormais comme risques certains.
Voici, au reste, ce que dit la conclusion d'une
étude de longue durée, parue dans The Lancet Neurology, montrant qu'il y a une
forte hausse des risques d'effets secondaires graves et de mort chez les
patients recevant ces médicaments en plus de l'accélération de la détérioration
mentale : « Si quelqu’un diagnostiqué avec la maladie d'Alzheimer "se
conduit mal" et manifeste des symptômes neuropsychiatriques, comme
l'agressivité et l'agitation, c’est qu’il a souvent reçu des médicaments
antipsychotiques. Il s'avère maintenant que cette pratique peut être
mortelle. »[4]
J'ai personnellement vérifié la réticence de
nos praticiens à reconnaître cet aspect essentiel et novateur dans leur
activité, y compris de la part de ceux en charge du Plan national d'Alzheimer.
Ainsi, lors de récentes rencontres d'Hippocrate de l'Université Paris Descartes
dédiées à l'Alzheimer, on ne jugea nullement d'intérêt le fait d'évoquer cette
nouvelle approche de la maladie, ne serait-ce que pour la réfuter,
éventuellement.
Une pareille attitude négative venant du corps
médical, qui semble s'intéresser bien plus à la maladie qu'au malade, donne
raison à la critique des auteurs du « Mythe de la maladie
d'Alzheimer » lorsqu'ils expliquent la dérive actuelle vers des
médicaments devenus dangereux par les intérêts des « multinationales
pharmaceutiques et certains experts qui s'emploieraient à entretenir
l'inquiétude et l'effroi pour alimenter le financement de leurs travaux ».
Aussi, au nom de l'intérêt général, je crois
qu'il est du devoir de votre ministère de parler, pour le moins, de cette
approche moins réductrice et plus humaniste du vieillissement cérébral et qui
assume la complexité des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, culturels
et environnementaux impliqués par la soi-disant maladie d'Alzheimer.
Quant à moi, j'ai fait mon devoir dans un livre
que je viens d'éditer chez L'Harmattan[5]
(dont ci-joint un document de présentation) où, invitant à délaisser le
protocole chimique, j'appelle à la pratique d'une thérapie basée sur la science
du cœur, une culture des sentiments que je nomme « bécothérapie »,
s'ajoutant à la musicothérapie par exemple. Résultat d'une expérience
d'accompagnement d'une malade d'Alzheimer qui a duré plus d'une douzaine
d'années, j'y donne des conseils utiles, ces trucs qui sont de nature à faire
que le malade garde totale sa dignité et souffre le moins sinon point, ce qui
est le vrai sens du verbe guérir.
C'est ainsi, je le crois, que se servent désormais
au mieux les intérêts de nos chers malades vaincus par le naufrage de la
vieillesse dans sa plus hideuse facette : le déclin cognitif, et ce sans les
stigmatiser inutilement.
C'est ainsi que vous mènerez, ne serait-ce
qu'au nom du principe de précaution, une politique de la santé en ce pays
désormais bien plus postmoderne que moderne, surtout que la médication de
l'Alzheimer s'avère onéreuse pour le budget national malgré son inutilité et,
bien pis! sa nocivité désormais attestée au plus haut niveau des autorités
médicales mondiales.
C'est ainsi que nous agirons, comme y appelait
déjà un prix Nobel de médecine : Alexis Carrel[6]
pour « la restauration de l'homme dans l'harmonie de ses activités
physiologiques et mentales » ce qui amènera d'après lui à changer
l'univers; « car l'univers modifie son visage suivant l'état de notre
corps » !
Copie
de la présente est adressée à Madame Michèle Delaunay,
Ministre
déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et
de la Santé, chargée des personnes âgées et de la dépendance et
à Messieurs Jean-Yves Grall, Directeur général de la Santé et
[1] Peter J.
Whitehouse with Daniel George : The Myth of Alzheimer's : What You Aren't Being
Told About Today's Most Dreaded Diagnosis, St. Martin's Press, janvier 2008;
traduit et préfacé par Anne-Claude Juillerat Van der Linden et Martial Van der
Linden sous le titre : Le Mythe de la maladie d'Alzheimer. Ce qu'on ne vous dit
pas sur ce diagnostic tant redouté. Edition Solal, décembre 2009.
[2] On peut
retrouver le texte de l'exposé sur mon blog Tunisie Nouvelle République :
http://tunisienouvellerepublique.blogspot.com
[3] Il n'est pas
sans intérêt de rappeler, alors que l'état de démence du sujet âgé était
considéré par la grande majorité des psychiatres comme habituel et lié à
l'usure normale du temps, que c'est le professeur Emil Kraepelin qui a le
premier individualisé la « maladie d'Alzheimer », lui donnant le nom d'Aloïs Alzheimer (son employé
en son laboratoire de Munich) dans son influent Traité de Psychiatrie. Or,
certains soupçonnent celui qu'on considère comme le fondateur de la psychiatrie
scientifique d'avoir agi ainsi moins par souci d'objectivité scientifique que
de prestige pour son institution (et donc pour les inévitables retombées
bénéfiques en apports de fonds de recherche), signalant la surprise d'Alzheimer
lui-même de la rapidité avec laquelle cette atteinte a été reconnue et nommée
comme une maladie distinctive par Kraepelin.
[4] Cette étude est
publiée en ligne et dans l'édition de février 2009 de The Lancet Neurology. Cf.
Natural News.com : Drugs Prescribed for Alzheimer's Disease Increase Mental
Decline and Deaths by Sherry Baker, Health Sciences Editor Friday, January 16,
2009, http://www.naturalnews.com/025345.html
[5]
Farhat OTHMAN, Guérir l'Alzheimer ! Manifeste hors poncifs, L'Harmattan 2012.
[6] Dans son
ouvrage qui reste un classique du genre : L'homme, cet Inconnu, Plon, rééd.
septembre 1999.