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dimanche 22 décembre 2019

Pour une postdémocratie 7

La Tunisie nouvelle a neuf ans :
Du coup du peuple au peuple dans le coup (1)



 

La Tunisie nouvelle vient de boucler ses neuf ans. Un proverbe mexicain résume la vocation libertaire de son peuple, ses attentes déçues de libertés et ses aspirations trahies aux droits : « Ils ont essayé de nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines  ».
Cette tribune, en trois parties, rend hommage à cette résilience démocratique tunisienne. Elle revient sur ce qui fait toujours sa spécificité malgré neuf ans de gabegie, confirmant que la Tunisie est une exception, générant un modèle en puissance, dont la concrétisation est une fatalité. Ce qui impose que tout responsable dans le pays s'attelle enfin à l'oeuvre et salubrité publique et éthique devant consacrer la souveraineté populaire.
Cela ne se fera qu'avec l'instauration d'une société de libertés et de droits citoyens pour un peuple éveillé à sa dignité, pour laquelle sa jeunesse martyrisée s'est sacrifiée et continue à le faire. D'où le nécessaire rappel ici des impératifs catégoriques du coup d'un peuple vaillant, devant signifier qu'il soit véritablement dans le coup de la destinée de sa partie. Ainsi se réaliseront les conquêtes (ou jugements) tunisiennes postmodernes, contribution majeure au renouveau en gestation d'un monde en crise.
Pays en ébullition
L'exigence populaire de droits tangibles et de libertés effectives est vivace partout dans le monde, développé y compris. En Tunisie, cette exigence a atteint son degré ultime, mettant le pays en ébullition, bousculant même ses fondations. Comme un volcan avec lave en fusion, la colère risque d'éclater fatalement de nouveau en contrecoup populaire et sera d'autant plus périlleuse qu'elle est issue d'une confusion de valeurs dont il faut sortir au plus vite.
Le président de la République en est conscient, le manifestant dans son discours de Sidi Bouzid lors de la célébration de l'anniversaire d'une révolution confisquée. Son affirmation que le 17 décembre est la fête de la Révolution et que le 14 janvier est son avortement ne signifie rien d'autre. D'autant qu'il y a réaffirmé son engagement électoral de concrétiser les aspirations des citoyens quelles que soient les manoeuvres qui se trament dans l'obscurité, selon ses termes.
Cela confirme que la Tunisie est appelée à vivre une nouvelle phase de son histoire contemporaine et qui serait décisive, son heure de vérité. Or, on ne peut plus s'y satisfaire de nier le trop plein d'injustices frappant la majorité des Tunisiennes et des Tunisiens avec le discours lénifiant habituel, dénué d'éthique dans le cadre d'une politique à l'antique faite de mensonges et de ruse ne trompant plus personne chez un peuple intelligent, nourri de sagesse ancestrale.
Il est temps d'en finir avec la politique sans lettres de noblesse de cette minorité de privilégiés rejetée en même temps que sa pratique politicienne dévergondée par un peuple épris de valeurs. Et qui, dans une quête inlassable de justice et de justesse, est aussi émotif qu'excessif en une époque postmoderne marquée par les sens en émoi. Or, la Tunisie est une manifestation basique de cette postmodernité du retour des valeurs antiques comme on le dira en seconde partie.
En une telle Tunisie en ébullition, on ne peut plus célébrer une révolution confisquée, détournée de ce qu'elle a été : un coup du peuple pour plus de droits et de libertés et non le coup d'État de profiteurs prenant la place d'autres, maintenant leurs lois scélérates et leur ordre injuste supposé déchu alors qu'on s'y accroche. L'absence de Cour constitutionnelle et l'application à ce jour par les juges de lois nulles et illégales, abolies par la constitution, en sont la plus éloquente preuve. 
L'heure de vérité
Souvent, c'est au bord du gouffre que vient le salut; l'histoire montre bien que les extrémistes se convertissent alors au réalisme d'une modération se présentant en unique et impérative alternative politique pour durer. Paradoxalement donc, si les droits et libertés semblent aujourd'hui plus que jamais menacés avec l'issue des dernières élections et la nouvelle composition de l'Assemblée des Représentants du Peuple, le moment n'a jamais été aussi propice à encourager le parti vainqueur et tous les courants dogmatiques à la mue démocratique qu'ils ne cessent de prétendre vouloir réaliser. Au reste, on l'a bien vu lors des tractations pour la formation du nouveau gouvernement : on est plus conscient des attentes populaires et/ou celles des électeurs.
Cela doit amener, si l'on est enfin sincère, à reconnaître les implications impératives et fatales du coup du peuple qui nécessite que le citoyen en Tunisie soit enfin et véritablement dans le coup, au centre d'une politique dont l'essence est l'éthique. Ce qui signifie de veiller à la dignité de tout Tunisien, quel qu'il soit. Ce qui relève moins de l'emploi ou de la condition sociale, certes importants mais dépendant d'un processus au long cours et d'impératifs échappant à la seule décision nationale. Car cela réside dans la reconnaissance de leurs droits et libertés à toutes les Tunisiennes et Tunisiens en tant que citoyens libres et égaux en droits nonobstant leurs orientations personnelles, politiques, idéologiques et morales.    
Chez certains de nos politiques, les moins hypocrites ou les plus sincères, après leurs amères défaites à réussir le modèle tunisien, reconnaître à son peuple son statut d'exception, on sent enfin en gestation une détermination à y agir au vu de lucides enseignements tirés du passé en vue de ce qui serait une sorte de rampe de lancement pour une Tunisie nouvelle République. Qu'est-ce que cela signifie sinon de commencer par prendre acte du trop-plein d’injustices grevant la vie du commun de toutes et de tous dans ce pays ? C'est bien ce qui a fini par déconsidérer les responsables, jugés irresponsables avec leur déconnexion flagrante des réalités populaires.
Pour cela, la réforme législative est l'impératif catégorique par excellence en Tunisie. C'est elle qui fera tomber nombre de masques et agira sur les freins inconscients dans les mentalités sclérosées par tant de mauvaises habitudes nées de la confusion des valeurs dont souffre le pays et à laquelle on reviendra en troisième partie. Or, c’est la seule voie passante pour être crédible en politique, particulièrement dans la lutte impérative contre la corruption gangrenant le pays.
Par ailleurs, le rejet lors des dernières élections de la classe politique porte bien plus sur la pratique politique en vigueur, héritée de la dictature et demeurée fidèle à une conception obsolète de l’art politique où l'on croit réussir en s'évertuant à jouer au lion et au renard. Comme on l'a dit, le peuple tunisien a soif de justice et d’éthique, la « poléthique » dont je parle, ce qui suppose une transfiguration de la manière de gouverner, hors convenances stériles, en un temps où la démocratie est en crise. En effet, elle est devenue ce pouvoir des démons politiciens, une « daimoncratie » ou « démoncratie ». C’est d’autant plus évident en Tunisie que l’empreinte populaire de l’islam est grande et ne saurait être ni minimisée ni ignorée, mais l'islam culturel et non cultuel. On y reviendra en ultime partie de la tribune pour dire qu'il ne faut pas se laisser tromper par l’activisme d’une minorité intégriste, l’islam tunisien étant plutôt spirituel avec sa veine soufie prépondérante.   
De plus, l’abstention, autre face de la misère électorale, ne manifeste qu’à la surface la défiance populaire, manifestant un désarroi évident chez un peuple injustement traité en mineur par la négation de ses plus basiques droits dans sa vie quotidienne avec le maintien de la législation scélérate de la dictature. Un tel désarroi vient aussi du fait qu’on continue à souffrir de ce qu’on estime être un rejet de l’Occident, d’où le rejet en retour de tout ce qui est supposé servir ses intérêts. Or, en un monde globalisé, tous les intérêts sont interdépendants et encourager une telle défiance sous le label de l’anti-impérialisme emporte de désastreuses conséquences dans l’inconscient collectif, nourrissant l'imaginaire populaire de sentiments néfastes de victimisation ou de légitimité d'une revanche, même outrancière.
Aussi, il serait judicieux de contribuer à restreindre de tels blocages mentaux par des actes justes et éthiques, au symbolisme certain, tout en étant faciles à mettre en oeuvre que les classiques recettes visant l’emploi, l’investissement. L’une des mesures essentielles avec d'immédiates retombées est d'oser révolutionner les rapports internationaux en réclamant le libre mouvement humain sécurisé grâce à l’outil respectueux des réquisits sécuritaires qu'est le visa biométrique de circulation, délivrable gratuitement et automatiquement en compensation du relevé des empreintes digitales.

Publié sur le magazine Réalités
n° 1774-1775 du 27 décembre 2019 au 9 janvier 2020