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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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mardi 22 janvier 2019

L’islam n’a jamais été homophobe !

https://drive.google.com/file/d/1JTjUb5GK51OC3NvbdfkKsKdx2jCexHoq/view?usp=sharing
Mon entretien avec Hayat Kamal Idrissi
pour le magazine
https://drive.google.com/file/d/1JTjUb5GK51OC3NvbdfkKsKdx2jCexHoq/view?usp=sharing
n° 472 du 18 au 24 janvier 2019*
* Texte intégral


Interview
 L'Observateur du Maroc et d'Afrique
Hayat Kamal Idrissi

            Q 1 — Vous estimez que le Maroc a les atouts et   "la carrure" nécessaires pour être l'un des premiers pays des terres de l'Islam à abolir l'homophobie. Pourquoi le pensez-vous ? 



            FO ­— Le Maroc dispose d'atouts objectifs afin de réaliser ce saut qualitatif qui lui manque encore pour affirmer la dimension spirituelle et humaniste de l'islam qu'incarne son roi, Commandeur des croyants. Qui mieux donc que le Royaume pour honorer l'islam qui est une foi des droits et des libertés et réconcilier les musulmans avec leur foi aujourd'hui défigurée ? Car il n'a jamais été homophobe; et je l'ai démontré dans mes livres dont les deux premiers ont même été publiés au Maroc.   

            Le statut du Roi charge donc le Maroc de la mission de sauvegarder l'islam des dérives actuelles, dont l'homophobie; l'abolir, c'est démontrer l'ouverture de cette foi sur l'altérité, étant une foi oecuménique, et surtout une foi de justice. Or, criminaliser un sexe parfaitement naturel, et étant même le sexe prédominant dans la nature, c'est être injuste avec des innocents nés gays selon la volonté de Dieu. Qui dont peut se permettre de contrarier la volonté de Dieu ?

            Un autre de ces atouts est le terrible drame du jeune Maroco-Belge Ihsane Jarfi tué pour cause de son homosexualité à Liège, en Belgique. Or, non seulement  la justice belge a salué sa mémoire et confirmé qu'il était un modèle de musulman, mais son père, musulman pieux, défend son fils, admettant son droit à être ce que Dieu a voulu qu'il soit dans sa vie sexuelle. Il le fait avec une fondation portant le nom de son fils martyr, célébrant chaque année, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, une Journée Ihsane Jarfi. Comme le drame de ce parfait musulman a ému les Marocains, et comme le Maroc se distingue des la communauté internationale en ne célébrant pas cette journée anti-homophobie, j'ai appelé à ce qu'une telle journée soit adoptée au Maroc pour célébrer, à travers le drame de l'un de ses enfants, cette journée qui sera alors dédiée à la lutte contre la haine et l'exclusion en l'honneur de l'islam.

            À noter qu'étant soufi, j'ai réceptionné un message spirituel du jeune martyr que j'ai publié en Belgique. Il y plaide, au nom du ciel, la cause gay. J'ai d'ailleurs proposé au Maroc un projet de loi au nom d'Ihsane Jarfi abolissant l'article 489 du Code pénal, base légale de l'homophobie. Et j'ai suggéré aux associations anti-homophobie de faire de ce jeune martyr une icône de leur militance; or, elles refusent par laïcisme; ce qui fait que leur stratégie apparaît aux masses être au service de l'impérialisme. 



            Q 2 — L'homophobie n'est-elle pas une question de mentalité plutôt qu'une question de loi ou de croyances religieuses ? Le changement des lois est-il capable seul de limiter le phénomène ?



            FO ­— Seule la loi, dans un État qui se veut de droit, est en mesure d'en faire une démocratie en mesure, à la longue, d'influer sur les habitudes et de former ou changer la mentalité.

            S'agissant de l'homophobie, en terre arabe et d'islam, surtout au Maghreb, elle ne relève pas à proprement parler de la mentalité, car le sexe dominant y est bisexuel et non hétérosexuel. Je l'ai appelé érosensualité en faisant la sociologie de la libido arabe et maghrébine. La mentalité de la société ne semble homophobe qu'en apparence du fait des lois homophobes qui conditionnent le comportement, générant une hypocrisie qui ne traduit qu'une ruse de vivre chez la majorité des citoyens. J'y reviendrai.   

            Dans l'immédiat, le passage par la loi est nécessaire afin d'amorcer le changement. Faut-il, bien évidemment, que cela se fasse au nom, non seulement du droit et des droits de l'Homme dans l'absolu, mais aussi et surtout au nom de notre religion et des traditions de tolérance et du respect de l'altérité de nos pays qui ne sont devenus homophobes que sous le protectorat.

            Au vrai, l'homophobie est une survivance coloniale, comme d'ailleurs l'homosexualité qui a été une création occidentale. On peut, en effet, dire que l'homosexualité n'existe pas chez nous, non pour nier le sexe gay, mais pour l'intégrer dans la conception globale du sexe (ou holiste), qui ne distingue pas entre le masculin et le féminin, soit une bisexualité affirmée ou érosensualité selon mon néologisme.   

            Par conséquent, l'abolition de l'article 489 est nécessaire pour faire bouger les choses; elle doit être précédée d'une information correcte sur le statut de l'homophobie en islam. En effet, nombre de musulmans se trompent ou sont trompés sur la position de leur foi sur ce sexe parfaitement naturel. D'ailleurs, dans la nature, c'est la bisexualité qui prédomine.



            Q 3—  Vous soutenez que l'islam dans sa version originelle et tolérante abolit l'homophobie et reconnait le droit aux libertés individuelles dont l'orientation sexuelle,   quels sont vos arguments pour convaincre le musulman lambda qui est convaincu que l'homosexualité est proscrite en islam? 



            FO ­— L'islam des origines, sans l'exégèse influencée par la tradition judéo-chrétienne, est une foi de paix et de justice; je propose de l'orthographier i-slam ou islam postmoderne. Le seul péché y est celui d'associer un autre Dieu à Dieu, le reste étant pardonnable. Ce qui valorise l'affirmation d'une religion des droits et des libertés, le fidèle ne se soumettant qu'à Dieu, demeurant absolument libre par rapport aux autres humains, quel que soit leur rang.

            Il nous faut avoir ce que les Grecs appelaient Parrêsia : courage de la vérité. Il consiste à dire qu'il n'est aucune prescription dans le Coran condamnant le sexe gay. Dans le Coran, il n'y a que du récit, rappelant ce qui a existé avant l'islam et qu'il n'a pas validé. De plus, il est aujourd'hui avéré que les gens de Loth n'ont pas été punis pour leur homosexualité, mais pour avoir été un peuple de brigands. Certes, Dieu les traite de pédérastes, mais c'est une formule de style de la langue du Coran; elle généralise le trait particulier pour l'éloge ou la diatribe comme c'est le cas ici. D'ailleurs, il serait illogique de parler d'un peuple pédéraste, car il n'aurait pas formé un peuple; or, l'islam est une foi rationaliste. Enfin, rien de véridique n'a été rapporté du prophète dans les deux Sahihs les plus authentiques, les recensions majeures de Boukhari et Mouslem.            

            Ce sont les jurisconsultes, dont l'imaginaire était influencé par la tradition judéo-chrétienne (ce qu'on a appelé Israilyet), qui ont introduit l'homophobie dans le droit musulman allant contre la volonté divine rectifiant le judaïsme et le christianisme en la matière. Création jurisprudentielle, le crime homophobe n'a pas eu véritablement d'effet sur les moeurs populaires, les gays ayant été non seulement tolérés, mais aussi acceptés; d'aucuns même chantaient leurs moeurs particulières, dont d'éminents jurisconsultes du temps abbasside. Notons aussi qu'en droit musulman, le licite et l'illicite ne peuvent découler que d'une prescription expresse, et non par analogie comme on l'a fait avec l'adultère pour l'homosensualité (mon terme pour homosexualité trop connoté sexe bien à tort).

            Dans l'islam d'origine, l'homosensualité (homosexualité) est donc un sexe comme un autre, faisant partie du sexe total, soit bi. Rappelons que le prophète a admis dans son harem un efféminé dont il l'a expulsé non pas pour ce qu'il était, mais pour ce qu'il faisait, ayant eu un comportement pas honorable. De même, il y avait des homosexuels dans la société musulmane du temps du prophète, mais on n'en parlait pas, puisque cela relevait du comportement bisexuel quasi généralisé, et était du domaine privé, dont on ne parlait pas par bienséance et tact et non par cachotterie. De plus, n'oublions pas que les esclaves des deux sexes étaient nombreux à cette époque; or, comme il y a le milk yamin féminin (ces femmes bonnes à tout, surtout au sexe), il ne faut pas douter que le milk yamin pouvait être masculin aussi pour certains. C'est ce qui a fait dire à des jurisconsultes, tel l'éminent imam Tabari, que les jeunes éphèbes du paradis remplissaient aussi le rôle dévolu aux houris.

            Tout cela fait partie de l'histoire de l'islam qu'on ne peut ignorer et dont il importe de parler pour être honnête et crédible en parlant de sexe en islam. Notre religion ne nous commande-t-elle pas d'être honnête, de pratiquer la juste parole, une parole de vérité? Après tout, quelle culture a mieux chanté l'homoérotisme que celle d'islam au moment ou l'on agissait à leur égard en Occident comme on le fait aujourd'hui en terre d'islam? 




            Q 4 —  A votre avis, les sociétés musulmanes, et maghrébines en particulier, sont-elles prêtes à ce changement de loi et de mentalité par rapport à l'homosexualité ? 



            FO ­—Les sociétés musulmanes, surtout maghrébines, sont non seulement prêtes à ce que vous appelez changement de mentalité et qui n'est qu'un changement de lois. Car l'homosensualité (homosexualité) est présente dans le peuple sous la forme déjà indiquée d'érosensualité : une sensualité bisexuelle. Toutefois, eu égard aux lois liberticides, la société ce protège en pratiquant la ruse de vivre que je nomme "jeu du je" : on simule et dissimule, quitte à donner l'impression d'être homophobe.

            Au vrai, il est juste une minorité d'homophobes, la majorité ne l'étant point; au pis, elle peut se montrer hostile aux gays non pour leur pratique sexuelle qu'on admet ne relever que de leur vie privée, mais du fait qu'on croit que cela contrevient à la religion. Ne l'oublions pas, l'islam est plus qu'une religion chez nous, c'est une culture et une identité; et tout ce qui a trait à l'identité est sensible.    

            C'est en osant dire ce qui a été amplement prouvé, à savoir que l'islam n'a jamais été homophobe, que l'homophobie est une survivance du colonialisme, application de la tradition judéo-chrétienne en islam, qu'on verra la véritable réaction de la société dans sa majorité : une absolue tolérance. Je crois que nos sociétés, particulièrement maghrébine, avoir spontanément une conception correcte de l'islam comme foi de tolérance et de libertés. N'oublions pas que la fibre soufie vibre en elles, le Maghreb étant terre ardente, nombre de soufis qui étant enterrés. Or, le soufisme a admis l'homosensualité et l'a même pratiquée; l'un des plus éminents soufis du Maroc est même un saint vénéré par les gays du monde entier. D'ailleurs, dans le message céleste du martyr Ihsane Jarfi, il s'est adressé au Roi pour lui dire que l'intérêt de l'islam marocain serait de ne plus brimer les gays.                         

            Aussi, en osant parler de ce qu'on tait, rappelant les vérités, qu'on rectifiera les erreurs et les injustices commises à l'égard de ce sexe parfaitement naturel, admis par notre religion bien avant les autres religions du Livre. C'est surtout cesser d'être injuste avec l'islam qui a été bien plus respectueux des droits des gays que l'Occident et avant lui. Or, ce dernier ne cesse de donner des leçons aux pays islamiques sur une question où justement ils étaient en avance sur lui du temps où il était homophobe avant d'exporter cette tare, une fois devenu démocratique, chez nous à la faveur de la colonisation. En effet, les gays étaient admis, non seulement tolérés, dans la société marocaine et ailleurs dans le monde arabe, berbère et musulman, avant que des lois coloniales,  d'inspiration judéo-chrétienne n'y sont venues y instaurer l'homophobie. Abolir l'homophobie est donc une façon de parachever notre indépendance tout en honorant notre foi humaniste et tolérante.

           
Voilà ce qu'il importe de dire aux masses qui se trompent ou qu'on trompe sur leur religion. C'est le devoir des associations anti-homophobie qui restent inaudibles, leur stratégie étant calquée sur l'Occident, apparaissant donc aux masses au service de l'impérialisme islamophobe. Par conséquent, il faut bien appeler à l'abolition de l'homophobie, mais en le faisant au nom de l'islam d'abord et ensuite au nom du droit. 


Le texte publié sur L’Observateur du Maroc et d’Afrique