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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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lundi 13 août 2018

En finir avec l’Absurdie 5

13 août 2018 : Pour la relance du coup du peuple en une Nouvelle République !




On sait désormais que la révolution tunisienne n’a pas été ce qu’on dit, une révolution au sens technique, ne serait-ce que parce que la législation de l’ordre ancien est toujours en vigueur, brimant le peuple, augmentée même d’une dictature morale se voulant religieuse quand elle est une négation de l’esprit véritable de la foi du peuple.

Un coup du peuple à relancer

Qui doute aujourd’hui que ladite révolution a été voulue et réalisée par le seigneur américain du monde pour le service de ses intérêts militaires et économiques dans le cadre de la stratégie d’ensemble de l’Occident au Maghreb, et surtout au Moyen-Orient ?

Toutefois, ce qui s’est passé en Tunisie n’a pas été, non plus, un simple coup d’État, car l’on s’est appuyé sur le vif désir du peuple au changement et pour avoir des droits et libertés de citoyen. Aussi ce qui s’y est passé a-t-il été ce que j’ai qualifié de « coup du peuple ». C’est en quelque sorte un coup d’État postmoderne, le premier du genre, inaugurant une série de même nature ou presque, comme ce qui s’est passé en Égypte, notamment, pour déposer le président islamiste démocratiquement élu.

Il ne reste pas moins que la spécificité du coup du peuple tunisien tient pour beaucoup à ce qui caractérise le peuple de Tunisie et qui est cette volonté indomptable de vivre et d’obtenir son dû avec ténacité, mais aussi souplesse et donc progressivité. C’est sa volonté de vivre qui est, au vrai, un hédonisme libertaire attesté depuis la nuit des temps.

C’est bien cela qui a fait passer le pays par les aléas et méandres d’une politique politicienne incarnée par les gouvernements de triste mémoire de la troïka, puis par ceux issus de ce consensus se voulant historique quand il n’a été qu’anhistorique, ne débouchant que sur une inertie mortifère quand il devait révolutionner les mentalités par une réforme législative d’envergure.

Car la mentalité du peuple  changé; or, celle de ses élites est restée en retard par rapport aux nouvelles exigences de la majorité populaire; d’où le déphasage que l’on constate entre ce qui se fait dans le pays et ce qui se dit, cette hypocrisie qu’imposent les lois scélérates et illégales, toujours en vigueur, et qui donne lieu à ce que je nomme un « jeu du je ».

Le consensus qui prévaut encore de nos jours devait et doit, pour être honnête et utile, aboutir à une revitalisation démocratique du pays au travers d’une véritable révolution mentale des élites au pouvoir, passant forcément par la mise à jour du progiciel religieux, le système opératoire sans lequel rien ne marche dans cet ordinateur géant qu’est le pays. 
Il était urgent et impératif de sortir la Tunisie du dogmatisme islamiste pernicieux, car liberticide pour l’assomption d’une foi libérale, et même libertaire dans son essence, bien plus en harmonie avec l’esprit originel de l’islam et le climat mental populaire en Tunisie.  Ce qui n’a pas été fait malgré les promesses fermes en ce sens d’Ennahdha à ses soutiens d’Occident.

Un deal à parfaire

Le deal, dans le cadre de l'alliance conclue avec les islamistes dans ce que je nomme «capitalislamisme sauvage » était pourtant bien que le parti islamiste incarne à terme dans le pays une démocratie islamique. On en est bien loin, les uns et les autres se satisfaisant de promesses oiseuses. Il n’empêche qu'il il y a bien lieu de concrétiser la libéralisation de la société sans plus d’hésitation à l'imposer de la part des soutiens indéfectibles du parti religieux tunisien.

Au vu de la mauvaise foi des islamistes, c’est bien à l'Occident et à lui qu’il faut donc s’adresser pour exiger de ses alliés de le faire instamment, car ce sont bien ses valeurs, au nom desquelles il agit dans le pays, qui sont en cause. Ses intérêts sur le long terme, en Tunisie et ailleurs dans tout le monde arabe islamique, dépendent de la réalisation de ses promesses de libéraliser la société sur tous les plans et pas seulement économiques, surtout en matière des libertés individuelles et des moeurs. 
On ne peut vouloir le beurre et l’argent du beurre, dit le proverbe; or, c’est ce que veut Ennahdha. Le parti islamiste ne peut être au pouvoir et vouloir y rester sans oser enfin abolir effectivement la législation scélérate de la dictature, se contentant d’en parler pour tromper sur ses intentions; or, les actes seuls comptent !  D’autant plus qu’il s’agit non seulement d’une législation de la dictature, mais aussi du colonialisme puisque des pans entiers datent du protectorat. 
Concrètement, cela veut dire que nombre des lois encore appliquées par nos juges sont faussement inspirées par la religion du peuple comme on veut le faire accroire, tel ce honteux article 230 du Code pénal qu’on ne veut abolir. Pourtant, il a été bien démontré que l’homophobie ne date en Tunisie que du protectorat, la société tunisienne n’ayant jamais été homophobe avant. Comme le serait-elle puisque le sexe populaire est bisexuel, tout comme il l’est dans la nature?

Voilà un exemple concret des faussetés dont on ne pourra plus se satisfaire en Tunisie au lendemain de cette fête du 13 août qui sera bien plus que la seule fête de la femme, mais bien celle de toute la Tunisie, car ce pays est féminin, car il est fait femme.

Une fête de toute la Tunisie

Non seulement depuis Bourguiba, la femme tunisienne a toujours été à la proue de la lutte pour la dignité en son pays; elle a ainsi incarné, depuis la nuit des temps, l’âme altière du Tunisien. Que l’on cite des figures emblématiques, comme Didon ou la Kahena, ou la simple femme de Kairouan imposant au calife de Bagdad au temps abbasside la monogamie (ce qu’on a appelé mariage kairouanais), la femme de Tunisie a été et reste la Tunisie même, garante de la liberté de tout le peuple pour ce qui est de sa vie privée. 
Pour cela, la fête de ce 13 août sera ou ne sera pas celle de la Tunisie dans son entièreté. Ce qui veut dire qu’il ne suffira plus, en ce 13 août, de tenir une promesse présidentielle de réalisation de l’égalité successorale. Il est impératif désormais de l’accompagner par l’abolition de toutes les entraves aux libertés et aux droits privatifs, à commencer par les textes administratifs et les circulaires illégales, comme ceux ayant trait au test anal ou aux restrictions diverses en matière d’alcool, attentes devenues inadmissibles à la vie privée des Tunisiens.

En ce jour donc devant être historique encore plus que simplement mémorable, le président de la République ne peut nullement se suffire de faire la femme l’égale de l’homme; il se doit de prendre une initiative pour que l’égalité parfaite soit la règle dans le pays; ce qui impose de s’attaquer à toutes les manifestations des inégalités dans tous les domaines et concernant tous les Tunisiens, les deux sexes confondus, la femme symbolisant la Tunisie incarnée.

Outre d’ordonner l’abolition des textes administratifs précités, cela pourrait se faire en proposant au parlement le code de la Colibe en tant que texte ayant une particulière urgence, supposant donc d'appeler, par exemple, à des assises parlementaires pour les droits et les libertés.

Cette affaire étant de la haute importance, le chef du gouvernement ne devrait pas demeurer en reste. Aussi, et dans le cas de la moindre défaillance dans la réalisation de ce qui ne saurait plus tarder au niveau de la présidence de la République, il pourrait et devrait même prendre la relève pour agir, ne faisant qu'assumer entièrement ses responsabilités de chef effectif du gouvernement. Et il pourrait le faire d’autant plus facilement qu’il dispose de l’administration et que l’abolition des textes subalternes relève de son ressort, venant ainsi renforcer spectaculairement la cause des libertés en Tunisie, et ce plus efficacement même qu’une loi.

Alors, M. Youssef Chahed, dans le cas d’une déception de la part du président de la République pour les humanistes, fêteriez-vous, pour ce qui vous concerne, la Tunisie faite femme? Ainsi relanceriez-vous le coup du peuple tunisien en vue d’une nouvelle République qui soit véritablement démocratique, et surtout humaniste, parée aux défis futurs d'une démocratie qui se respecte.

   
Publié sur Huff Post