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mercredi 26 juillet 2017

Éthique sexuelle 5

Incohérence et insuffisance de la loi sur la violence faite aux femmes

  
La loi adoptée ce mercredi au parlement est un texte certes important et à saluer, mais qui ne manque pas moins d'incohérence et d'insuffisance flagrantes. C'est même une victoire pour les intégristes et les conservateurs et non pas une avancée majeure pour la protection juridique des femmes contre les violences exercées contre elles.

Incohérence quant à l'inégalité successorale

Comment donc prétendre s'attaquer aux violences faites aux femmes sans évoquer la plus grave des violences qui leur sont faites en Tunisie, à savoir l'inégalité successorale? N'était-il donc pas venu enfin le temps d'en finir avec cette injustice flagrante qu'on fait tout autant à la femme qu'à la religion?

S'agissant de l'islam, on prétend ainsi le respecter alors qu'on le viole dans ses visées, les seules à retenir et qui s'imposent au texte formel. Car on évoque un texte en la matière supposé explicite pour l'inégalité alors qu'il ne s'applique plus tout comme ne s'applique plus celui, tout aussi explicite, sur l'ablation de la main du voleur.

Ceci pour la première incohérence. La seconde est dans ce tropisme consistant à se focaliser sur ce qu'il y avait de moins scélérat dans la législation abolie, à savoir la possibilité de mariage offerte au violeur de la mineure consentante. C'est qu'on oublie, ou on fait mine d'oublier que tout le sexe est interdit en Tunisie, pour les mineurs comme pour les majeurs, en dehors du mariage pour ces derniers.

S'il est logique de considérer que le consentement d'une mineure à un rapport sexuel n'a pas valeur juridique du fait de sa minorité et vaut donc viol, on ne peut pas ne pas tenir compte de deux choses capitales : le consentement de la mineure et la maturité sexuelle de plus en plus précoce, dès 13 ans généralement.


Aussi aurait-il été plus juste dans le texte retenu d'exclure les mineurs garçons de la sanction retenue dans le rapport consenti avec une mineure. Cela aurait consacré le droit au sexe, que personne ne peut nier, aux mineurs matures, filles et garçons, notamment leur majorité civile qui ne peut se substituer à leur majorité sexuelle.

Insuffisance quant à l'abrogation de l'homophobie


Le texte finalement adopté est non seulement aberrant, mais même mesquin, s'arrêtant à l'article 229 dans l'énumération faite en son article 15 des textes scélérats du Code pénal à abolir. Pourquoi donc ne pas ajouter le honteux article 230, base légale de l'homophobie?

Peut-on oublier que c'est ce qui permet le test de virginité qui est bien une violence faite aux femmes à ne pas négliger? Peut-on ignorer aussi que ce texte ignoble, une survivance de la colonisation et de la dictature, justifie aussi l'autre examen moyenâgeux qu'est le test anal?   
 
Et puis, est-ce que l'homophobie, d'une façon générale, ne violente pas les femmes? Pourquoi donc une telle insuffisance flagrante et incompréhensible? N'est-ce pas impensable de la part d'un texte qui se prétend rendre justice à la femme, cette noble moitié de la Tunisie en négligeant les lesbiennes parmi elles?

On aurait bien aimé qu'à l'occasion de cette loi une avancée majeure fût réalisée en Tunisie au niveau de l'égalité successorale et de l'homophobie pour faire enfin honneur à l'État de droit encore par trop troué d'illégalités comme un gruyère.

Or, on n'a fait que se satisfaire de ces faux-semblants auxquels nous a longtemps habitués la dictature qu'on dit déchue en Tunisie. Or, il est une dictature morale aussi néfaste, sinon bien pis !

C'est à elle que devait s'attaquer un texte plus moralisateur en cette matière des violences faites à la meilleure part d'une Tunisie faite femme au lieu de ce texte poudre aux yeux.
Publié sur Huff Post