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vendredi 7 octobre 2016

Printemps amazigh 6

Quel Maroc après les élections ?


Les légilsatives marocaines du 7 octobre changeront-elles la donne dans un pays qui peine à se libérer de ses contradictions?   

Le 7 est jour de vote au Maroc. Ce qui est supposé être une fête de la démocratie est loin de rallier les faveurs de tous les Marocains. Nombre d'entre-deux ne voient dans l'opération électorale que la foire d'empoigne qu'elle est devenue en Occident où l'on parle même et de plus en plus ouvertement de comédie du pouvoir et d'opéra bouffe de la politique.

Alors, qu'attendre des élections dans un Maroc désabusé ? Et d'abord, de quelle démocratie il s'agit ?

Quelle démocratie ?

Il serait erroné de croire que les Marocains n'aspirent pas à la démocratie, mais plutôt à une vraie, non ce qu'on copie sur un Occident où elle est déjà en crise, un concept épuisé. Or, une telle postdémocratie n'est pas possible en l'état actuel des rapports internationaux dans un monde globalisé.

Les élections, et ce n'est pas propre au Maroc, n'ont désormais pour fonction que de formaliser un rapport de forces, un ordre s'affublant de légitimité quel que soit le nombre d'électeurs au final. Ce n'est plus le pouvoir du peuple, mais des démons de la politique, une daimoncratie, la chose des professionnels de la politique.

Au mieux, en Occident, on a aujourd'hui ce qu'on appelle une démocratie d'élevage où les citoyens sont dociles, soumis à une caste de politiciens faisant métier de la politique et la gérant moins au vu des intérêts du pays que selon leur propre plan de carrière.

Certes, cela se fait dans le cadre des lois et d'une législation assurant le pluralisme et un intérêt général minimum. C'est cela la démocratie occidentale. Elle est dans ce corpus juridique respectueux des normes fondamentales de la société, notamment en termes de droits et de libertés, à l'intérieur duquel se joue la comédie politique.

Or, un tel cadre n'existe pas dans les pays du Sud, ni au Maroc ni ailleurs, puisque les lois sont rarement respectueuses des libertés citoyennes, plutôt au service des élites au pouvoir et du monde. Ainsi, au Maroc, nombre de textes législatifs sont de facto et de jure illégitimes et illégaux étant contraires à la Constitution.

C'est ce que savent les Marocains et c'est ce qui alimente leur désabusement. Ils savent aussi que la question essentielle pour changer les choses consiste moins à organiser des élections qu'à changer des lois liberticides. Ce à quoi les politiciens, quel que soit leur bord politique, ne peuvent ni ne veulent s'atteler.  

De plus, le Marocain n'est pas dupe et sait qu'outre la monarchie et ses serviteurs qui ont leur stratégie,  il y a aussi les intérêts étrangers qui ne sauraient se désintéresser de la situation politique du pays.

Vers un gouvernement d'union nationale ?

Au vu de ce qui précède, quelle pourrait être l'issue du scrutin législatif ? Il est vrai, des sondages qui circulent clandestinement annoncent la reconduction du parti qui conduit la coalition sortante, le Parti de la Justice et du Développement (PJD) qui est au gouvernement depuis 2012. Mais il faut savoir que son chef, le Premier ministre Benkirane, semble n'avoir plus les faveurs du roi, et ce depuis notamment un discours virulent datant de l'été dernier.

Ce qui est nouveau et révélateur de la suite. Ainsi, le palais ne semble plus vouloir de cet homme à la tête du futur gouvernement, estimant son rôle achevé, ayant consisté à neutraliser le mécontentement populaire consécutif à ce qu'on a appelé Printemps arabe. Car s'il n'a pas obtenu la majorité absolue lors des législatives de novembre 2011, le PJD n'a pas moins rallié un peu plus de 27% des suffrages suffisants pour dominer la scène politique.   

On se dirige donc vers l'exclusion du chef de gouvernement sortant sans renoncer à l'usage de la carte islamiste à laquelle tient l'Occident, les Américains en premier. Certes, cela n'empêche pas une victoire du parti majoritaire sortant, puisque la Constitution n'oblige pas le roi de nommer le chef du parti gagnant, mais juste l'un de ses membres qu'il juge le plus apte à diriger le gouvernement. Toutefois, le parti semble avoir fait cause commune avec son chef, refusant d'avance une telle option.

Cela suppose donc que le parti de M. Benkirane, s'il doit ne doit pas gagner les élections, limitera la casse arrivant second après le grand favori, le choix du roi, le Parti Authenticité et Modernité (PAM), voulu par le monarque comme une alternative aux islamistes et qui a eu ainsi le temps nécessaire pour se préparer à gouverner.

Aussi, on ne voit pas la reconduction de celui qui a fait de la critique de la monarchie un argument majeur pour avoir la sympathie des masses (on se rappelle ses récurrentes dénonciations de "tahakkom" ou mainmise du roi sur les rouages du royaume). Mais si M. El Omari semble avoir le vent en poupe pour être le prochain chef de gouvernement du roi, il ne devrait pas avoir les coudées franches, puisqu'il aurait à s'allier au parti de M. Benkirane, et aussi à d'autres.

On s'attend donc à une mosaïque avec l'émergence notamment de forces à tendance populaire ou gauchiste, telle cette liste féminine de Madame Mounib. Elle a réussi la performance d'avoir le soutien de partis de gauche et dispose, du moins symboliquement, de pas mal d'atouts pour ce qui devrait être un cheval de bataille du futur gouvernement, à savoir le sauvetage du royaume moyennant le renforcement de sa démocratisation.

De fait, ainsi qu'on l'a déjà vu en Tunisie, il semble que ce soit l carte du gouvernement d'union nationale qui sera jouée au royaume dans le but, comme le dit d'ailleurs le probable prochain futur chef de gouvernement de " sauver le Maroc économiquement et politiquement". Or, la situation économique et sociale y est catastrophique : croissance négative, chômage élevé, endettement atteignant les 88 %, absence de dialogue avec l'opposition, les syndicats et surtout la société civile et maintien sinon aggravation des lois contre la démocratisation, les droits et les libertés.