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jeudi 10 juillet 2014

De Daimoncratie à Postdémocratie 6

Commémorer le souvenir et le combat de Mohamed Brahmi





C’est le 25 juillet 2013 qu’est tombé le député Mohamed Brahmi sous les balles de lâches criminels, ennemis de la démocratie dans ce pays. Ses plus fidèles amis, mais aussi les démocrates du pays, s’apprêtent à célébrer ce premier anniversaire de l’assassinat du martyr.

On sait que le regretté Brahmi a voué son combat politique à la coupure avec le système de l’ancien régime de la dictature par l’instauration d’un État de droit en Tunisie.

Or, cette oeuvre est inachevée. Il ne suffit pas que la Constition, grâce surtout à l’action de la société civile, ait consacré dans son texte des droits et des libertés; faut-il que cela soit mis en oeuvre. Pourtant, ce n’est pas le cas, et on ose dans un État encore de non-droit organiser des élections qu’on prétend pourtant libres et transparentes.

État de droit avant élections nationales 

Il est désormais évident qu’aucune liberté, aucune transparence ne sont possibles dans un environnement répressif; et c’est le cas de la Tunisie qui est toujours régie par le système juridique de la dictature. C’est ce qu’a compris par sa sagesse populaire immémorielle le Tunisien qui refuse de participer à la comédie des élections que les grands partis veulent lui imposer. Aussi refuse-t-il de cautionner d’avance une légitimité renouvelée de la classe politique islamiste au pouvoir, alliée pour la circonstance aux nostalgiques de l’ancien régime , dont le but est de juste renouveler une légitimité perdue et qui ne sera pas moins obérée que la précédente par la désaffection populaire à son égard.

Honorer le souvenir du regretté Brahmie en ce premier anniversaire de son lâche assassinat consistera donc, pour les forces réellement démocratiques, d’exiger la suspension de la comédie actuelle et l’engagement, au sein de ce qui est devenu de fait une assemblée législative, de la refonte immédiate de l’arsenal juridique de la dictature, rejeté par la Révolution.

Juridiquement, rien n’empêche l’Assemblée, qui doit renoncer à son projet farfelu de prendre des vacances, de décider solennellement dans l’intérêt de la patrie leur remplacement par des élections municipales et régionales, les seules de nature à intéresser aujourd’hui le peuple et qu’impose la situation catastrophique dans nos villes et villages. Le rejet manifesté par le peuple des élections nationales est déjà suffisant en lui-même pour fonder une telle décision.

L’Assemblée doit aussi voter sans plus tarder l’abolition de toutes les lois scélérates de l’ancien régime avec lesquelles on continue pourtant, ô scandale ! de gouverner et qu’on voudrait maintenir indéfiniment. Dans l’attente des textes nouveaux, elle édictera en assemblée manifestant la volonté révolutionnaire du peuple qu’il appartiendra aux juges de la République de faire effort de conception par anticipation des lois futures, selon les cas posés, et ce en interprétant au plus près les acquis de la constitution dans le sens le plus libéral et le plus conforme aux droits universels de l’Homme et à l’humanisme le plus parfait.

Voilà comment le combat du martyr Brahmi et de tous ceux qui sont tombés sur le champ de la bataille démocratique sera continué ! 

La Fondation du Martyr Mohamed Brahmi (MBF) aura intérêt à insérer cette exigence dans le programme qu’elle prépare pour commémorer l’assassinat du député. Les  composantes de la société civile, dont surtout l’association du Martyr Chokri Belaid, premier martyr politique de la Révolution, ainsi que les formations démocratiques, dont le propre parti du défunt, le Courant populaire et aussi le Front populaire, doivent faire de ces exigences les arguments nécessaires pour le maintien de l’esprit de la Révolution par la relance de sa dynamique en train de faire du sur-place sinon de reculer vers le passé honni.

Élections locales avant élections nationales 


Il faut se rendre compte que la situation au pays est au bord de l’explosion et ne saurait qu’empirer si l’on continue avec ces élections nationales d’aller dans le mur comme on le fait.

Au lieu d’aider à assurer la réussite de la transition démocratique souhaitée, au lieu de réduire l’écart immense séparant le peuple de ses élites, elles ne feront qu’entretenir le fanatisme religieux qui se complaît de la situation actuelle de non-droit. On voit bien un parti reconnu rejeter la Constitution et appeler à la haine et au meurtre sans la moindre réaction des autorités du pays !

Il serait vain de parler de la genèse du fanatisme et ses implications si l’on ne fait rien pour assécher ses vraies causes qui sont cette confusion dans les esprits encouragés par l’absence de lois garantissant les libertés démocratiques, toutes les libertés nécessaires à un vivre-ensemble paisible.

Il ne sera pas mis fin à la violence que par des lois  justes; ce qui n’est pas le cas en Tunisie aujourd’hui ni demain si les lois de la dictature ne sont pas abolies aujourd’hui avant les élections nationales.

On se rappelle d’ailleurs à quel point le martyr s’est investi pour le développement régional. On prête d’ailleurs à la MBF, la Fondation Mohamed Brahmi  d’organiser, début août prochain, à Sidi Ali Ben Aoun, un séminaire sur le développement régional. 

Or, cela ne suffira pas, car le temps des colloques et des séminaires est révolu; il faut aujourd’hui au peuple du concret. Et quelle meilleure façon de lui en donner que d’exiger ici et maintenant des élections locales où la parole lui sera rendue pour choisir ses élus afin de remettre de l’ordre dans sa vie quotidienne allant à vau-l’eau?

La constitution n’insiste d’ailleurs pas peu sur le développement rural, l’abolition des déséquilibres entre régions et sur la décentralisation et le pouvoir accru dans les municipalités. C’est aujourd’hui qu’il faut le faire en substituant aux élections nationales les seules élections susceptibles d’appliquer les acquis de la Constitution sur le terrain : des élections municipales et régionales, qui sont en mesure d’accélérer tout de suite la nécessaire dynamique du développement du pays à l’échelle régionale et locale. Or, les potentiels de développement dans nos régions et localités sont immenses et ne leur manquent que les instruments de mise en oeuvre et la volonté politique pour leur réussite. Et de telles élections y pourvoiront.

Que la commémoration de l’assassinat de Mohamed Brahmi honore donc son esprit en continuant son combat; qu’elle relance la donne politique en Tunisie en la sortant de l’impasse des élections nationales. Qu’elle permette à la Révolution de reprendre en remplaçant des élections purement formelles, sans enjeu réel pour le peuple,  par des élections essentielles, qui sont la base de la fondation de l’État de droit, étant l’assise de la pyramide des pouvoirs dans un État où le peuple est souverain.


Publié sur Leaders