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Mon manifeste d'amour au peuple 3/3


I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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mardi 12 février 2013

Un espace de démocratie 2

Un espace méditerranéen de démocratie en solution de la crise 

Dans un monde globalisé comme le nôtre, qui n'est plus un village planétaire, mais un immeuble, il urge de raisonner autrement, abandonner nos catégories de pensée dépassées, devenues inopérantes. Or, les fondations de notre immeuble commun sont à revoir pour vice de construction. Il ne suffit plus de procéder par de menues réparations, un rafistolage de façade; il faut expertiser les fondations et y apporter urgemment les mesures de sécurité indispensables.
J'ai la prétention de croire, et j'ai les preuves nécessaires pour attester de la validité de ce que je dis, que la solution de la crise actuelle — qui n'est pas que celle de la Tunisie, mais aussi de tout le bassin méditerranéen — est dans la création d'un espace de démocratie en Méditerranée.
Cet espace commence par l'établissement de la libre circulation des citoyens des démocraties ou des pays en train de le devenir, comme la Tunisie. Il faut passer de l'espace Schengen actuel à un espace de démocratie, première étape vers une intégration complète à l'Europe.
L'Union européenne, qui est née d'une ambition de paix et de concorde, doit assumer pour cela ses responsabilités éminentes, et que l'obtention du prix Nobel rend encore plus grandes dans un monde où les frontières les plus pertinentes sont celles de la démocratie.
J'y reviendrai après avoir fait un détour par ce qui se passe en Tunisie et dans la tête de ses élites, y compris les plus brillantes.
Un long chemin pour M. Jebali, de gloire ou de croix?
La semaine promet d'être longue pour le Président du Conseil des ministres; son chemin sera-t-il fait de gloire ou juste ce qu'il est actuellement, un chemin de croix pour le croyant sincère qu'il est ? Il a tous les atouts pour en faire ses Champs Élysées, ayant démonté dans l'épreuve sa sensibilité aux vraies valeurs.
Il a été, en effet, pratiquement le seul à comprendre le sens véritable des événements secouant la Tunisie; et son éthique, sa conception morale de la politique, l'ont amené à prendre la seule décision qui s'imposait en de telles circonstances, celle qu'il a prise courageusement, quitte à violenter son parti, quitte à heurter ses amis, assumant le risque de se retrouver seul, être pris pour un traître, puisant dans son courage la lucidité de voir l'éclaircie du bon port.
Il n'est pas exagéré de dire, et je le fais d'autant mieux que je ne suis pas de son bord politique, n'étant que de celui du peuple qui ne se reconnaît en aucun parti, je dis donc que M. Jebali a été le seul politique, au soir de l'assassinat du martyr Belaid, à montrer un sens de l'État.
Il honore la Tunisie et mérite la confiance du peuple. Et celle-ci lui sera d'autant plus précieuse que les partis se sont déconsidérés en se montrant, à des degrés divers, plus soucieux de leurs intérêts égoïstes que de ceux du pays dont rend parfaitement compte l'initiative tout courage de celui qui s'est mis, de fait, hors de son parti et même hors de tout esprit partisan.
Même le CPR semble renier ses valeurs, ce parti d'un Président de la République qui fut naguère un farouche défenseur de la cause des opprimés et des droits de l'Homme. Or, je viens justement de le rallier pour ses valeurs initiales, en décidant d'entrer en politique; ces valeurs dont notamment l'adhésion à un islam des Lumières dans une démocratie véritable. Certes, on l'a dit noyauté par des partisans d'EnNahdha, et il le prouve en jouant docilement la partition de son partenaire, devenant même son supplétif sans état d'âme, ou presque.
À M. Jebali, je dis donc mon estime d'autant plus que j'ai bien précisé dès le départ que mon adhésion au CPR était sur les valeurs premières du parti et non celles d'emprunt qu'il affiche aujourd'hui sur la suggestion du parti de Cheikh Ghannouchi.
Le Président Marzouki peut continuer à raison à débiter son antienne sur la nécessaire aide à apporter au parti islamiste pour réussir sa mue démocratique inévitable; seulement, cette aide ne doit pas être l'alignement sur les intérêts stratégiques actuels d'EnNahdha, encore marqués par la mainmise des plus obscurantistes dans le parti à la courte vue sinon à la raison infantile. Et surtout au moment où cette mue est incarnée par M. Jebali. S'il était vraiment fidèle aux valeurs de sa vie, à son combat pour les droits de l'Homme, M. Marzouki aurait saisi sans hésitation l'occasion inespérée que lui a donnée M. Jebali.
Qu'il le veuille ou non, celui-ci représente actuellement l'aile minoritaire de son parti, mais une aile ouverte au changement et à l'évolution démocratique que toute démocratie véritable appelle de ses vœux. C'est en elle que nous croyons toujours malgré tout, et surtout les jugements précipités de certains, y compris les plus avisés habituellement, comme le patron de Jeune Afrique, dont je parlerai plus loin.
Or, que fait le parti du Président ? Il abandonne seul, en rase campagne, M. Jebali. Bien pis, il fait tout pour saboter son initiative, la seule qui vaille aujourd'hui, répétons-le encore ! Alors, Messieurs les démocrates, réveillez-vous et soutenez tous l'homme juste qui s'est levé parmi vous; apportez-lui le soutien qu'il n'a pas trouvé en son parti où il reste fragile.
Et ne l'oubliez pas, le peuple est avec lui; il l'est, car on a affaire à un homme qui a su innover grâce justement à ses convictions religieuses, entre autres celles de ne pas avoir sur la conscience la responsabilité d'encore plus de sang de victimes innocentes sur cette terre devant rester à jamais paisible.
C'est cet islam dont en rêve pour la Tunisie; en tout cas, c'est la religion postmoderne à laquelle je crois, une religion d'amour. Et c'est pourquoi je ne suis pas d'accord avec mes amis adeptes d'une sécularité positiviste, caricaturalement scientiste.
J'en veux pour preuve le dernier « Ce que je crois » de M. Ben Yahmed auquel je me permets de m'adresser directement ici et, à travers lui, à toute une façon académique de penser bien française qui a le tort de ne plus rien représenter dans le monde des idées postmodernes d'aujourd'hui.
Vous avez tort, M. Ben Yahmed !
Pour illustrer les errements de nos élites, politiques ou non, dans l'appréciation du donné social, je prends donc volontiers la chronique de M. Ben Yahmed dans la dernière livraison de Jeune Afrique et je me permets, eu égard à tout le respect que je lui dois, de m'adresser directement à lui, comme je le ferai pour terminer avec M. Jebali.
Monsieur Ben Yahmed,
Quand vous jetez l'anathème sur les islamistes, ne faites-vous pas comme eux, fustigeant l'adversaire ? Quand vous les comparez aux anciennes dictatures déchues, vous faites bon marché de leur lutte avérée contre ces dictatures ainsi que de l'adhésion incontestable qui leur est acquise d'une bonne partie de leur peuple.
Non, M. Ben Yahmed, quand votre prochain est lépreux, il urge de le soigner et non de le stigmatiser, et encore moins de l'ostraciser. C'est justement à cause d'un tel ostracisme que les islamistes ratissent large dans une opinion publique marquée par une communion émotionnelle, que vous exacerbez ainsi que vous le faites.
Ne pensez-vous pas, étant affirmatif et catégorique comme un dogmatique, manquer justement à l'objectivité ? Ne prenez-vous pas, de la sorte, votre conception des choses pour le nombril du monde, un monde fini qui plus est ?
Jetez plutôt un regard sur la périphérie de ce monde qui souffre, et vous êtes bien placé pour le connaître mieux que personne, n'y est-on pas exclu de tout, et surtout du droit de vivre ? Comment alors, sans hésitation, reprocher à ceux qu'on empêche de vivre de chercher à se tuer et à tuer ?
Ne croyez-vous pas, par exemple, que si l'on ouvrait les frontières cadenassées, nous verrions assurément changer radicalement les réalités que vous dénoncez ? Pourquoi donc ne voir que l'écume des choses ? Et qui irait aux creux des apparences trompeuses si vous ne le faites pas, vous l'observateur habituellement sans œillères ?
Commençons à parler autrement de l'islam, sans le dénigrer, mais sans rien céder aux valeurs de la démocratie et des droits de l'Homme, et on verra alors s'il y aura ou non des musulmans véritablement démocrates !
Je viens de le dire au ministre de l'Intérieur français, en réponse à son récent propos sur la Tunisie, et je vous le redis ici : vous n'avez pas raison, car vous n'allez pas au bout de votre logique. Or, celle-ci, pour M. Valls, est de faire suivre les paroles par des actes. Et pour vous, de ne pas prendre pour quantité négligeable le sérieux changement ayant cours en Tunisie.
On ne peut bâtir une démocratie dans une réserve, le pluralisme politique ne naissant pas à huis clos; on l'a vérifié avec le triste exemple malien. Est-ce bien l'islam, qui a été pour certains une théologie de la libération, qui est la cause du chaos actuel ou plutôt l'absence d'horizon ouvert pour une jeunesse condamnée à vivre en vase clos, ruminant son ressentiment contre l'arrogance et l'égoïsme de l'Occident ?
 Une circulation libre, tout en étant respectueuse des réquisits sécuritaires, dans le cadre d'un visa biométrique de circulation notamment, n'aurait-elle pas permis d'éviter l'asphyxie de la société civile et de prémunir les jeunes de basculer dans l'extrémisme ?
La démocratie est une valeur éminente parmi d'autres et qui a ses exigences, dont justement ce droit de l'Homme qu'est la libre circulation, essentielle comme constante anthropologique de tout progrès humain.
Quand on enferme des jeunes dans des réserves, les réduisant à des enfants éternels, on ne doit pas s'étonner de les voir verser dans le comportement d'attardés, nourrissant la plus terrible haine pour leurs geôliers.
Monsieur Ben Yahmed,
Vous nous avez habitués à des analyses bien plus pertinentes, frappées au coin de la lucidité, de la finesse et de la mesure. Dresser comme vous le faites un lit de Procuste de l'islam, c'est user, non seulement de figures de pure mythologie, mais faire aussi une analyse à l'antique de réalités qui ne relèvent même plus de la modernité, se situant désormais au-delà, en une postmodernité où le possible est derrière le réel, au-delà de l'utopie.
Il est possible de parler de l'islam autrement, et je le prouve. Demain, il sera également possible de vivre un islam différent en Tunisie, ouvert et humaniste. Faut-il pour cela y croire, avoir une foi à toute épreuve, la foi soulevant des montagnes, faisant des miracles, transformant l'illusion en réalité tangible.
C'est l'impératif catégorique en notre pays qui vous semble à la dérive et qui n'est qu'en pleine mutation, en ascension vers l'assomption de son identité véritable, celle d'une Tunisie authentique, tolérante et paisible, une terre d'amour et de fraternité.
Elle sera la tête de pont d'un âge nouveau, postmoderne, où la fin du monde ancien, cette irrépressible faim d'un autre monde, prendra les couleurs de l'islam rénové, renouvelé, un islam d'amour, à la manière soufie, un islam œcuménique, un islam rationaliste et universel, un islam postmoderne.
Dans un article récent, j'ai dit, en jouant avec les voyelles du mot, que le Vis-à-vis, la Qibla dans la Tunisie du Coup du peuple doit être le baiser au peuple qui est hédoniste dans l'âme, ce même baiser que lui donna sans hésiter le grand Farhat Hached, osant paraître ridicule en un monde de brutes.
Dans une thèse en cours, ainsi que dans une série d'articles disponibles sur mon blog, j'administre la preuve de la possibilité véritable d'une lecture renouvelée de l'islam. J'y démontre, par exemple, que l'homosexualité (que je préfère qualifier d'homosensualité) n'y est nullement interdite contrairement à la conception erronée qui s'est imposée à tort sous l'influence de la tradition judéo-chrétienne. J'y prouve aussi que l'apostasie, non plus, est loin d'y être criminalisée. Et le reste est à l'avenant.
Monsieur Ben Yahmed,
Ceci n'est qu'une illustration de ce qu'on peut dire de l'islam aujourd'hui, en Tunisie, loin du discours convenu éculé, prétendument objectif et scientifique quand il n'est que subjectif et scientiste.
Or, le retrouver chez vous m'a bien surpris et me fera dire ici qu'il s'agit, de votre part, moins d'une erreur que bel et bien d'une faute. C'est ce que je crois, quant à moi.
Comme vous dites, dans ce que vous croyez, essayer de répondre à la question de savoir que faire des islamistes, j'espère vous avoir apporté quelques éléments de réponse. Notamment la nécessité de laisser les musulmans vivre leur propre devenir sans préjugés inutiles ni condamnations prématurées.
Les plus belles œuvres mettent du temps à s'épiphaniser, vous le savez bien. Il suffit d'avoir la foi, la volonté; et il n'y a que cela en Tunisie d'aujourd'hui.
Ne donnez donc pas votre opinion, Monsieur Ben Yahmed, comme on jette la pierre à qui faute, car vous fautez alors bien plus que lui !
Je préfère vous garder intacte mon admiration; et surtout, ne vous méprenez pas sur l'intention de cette lettre, elle n'est qu'une marque d'absolu respect.
Lettre d'amour à Monsieur Jebali :
Monsieur le Président du Conseil,
Ce n'est pas parce que vous êtes aujourd'hui presque seul contre tous, que vous êtes solitaire. Le peuple est avec vous et vous le savez. Vous réaffirmez votre fidélité à votre parti, mais ce dernier ne sait qu'ergoter, vous privant de son total soutien; tenez bon et continuez à essayer de le rénover, et s'il le faut au forceps ! Sinon, partez avec ceux qui vous sont fidèles, créez un autre parti qui soit une véritable renaissance de ce parti sclérosé qu'est encore votre parti, risquant de fossoyer la résurrection de l'islam des Lumières en Tunisie.
Monsieur Jebali,
Vous cherchez des compétences pour le pays et je vous offre la mienne, bien avérée dans le service de notre communauté expatriée, mais aussi dans celui du pays en général et de l'islam rénové en particulier.
Diplomate écarté abusivement du corps diplomatique pour avoir osé incarner les droits de l'Homme et les servir à l'intérieur même d'un Administration pourrie, et bien que je n'ai demandé aucune réparation, juste la régularisation de ma situation et mon droit de servir mon pays avec ma modeste compétence, j'attends toujours qu'on donne suite à ma requête, le ministère des Affaires étrangères la renvoyant au premier ministère et celui-ci à la Justice transitionnelle, et le ministère des Droits de l'Homme aux calendes grecques. Pourtant, le service du pays, seul qui compte à mes yeux, n'attend pas !
Je viens de m'engager en politique et d'adhérer au CPR pour donner corps à mon investissement politique, devant passer forcément par une structure partisane. C'est que j'ai jugé le parti du militant Marzouki, combattant connu et apprécié des droits de l'Homme, le plus proche des valeurs que je porte. J'ai d'ailleurs indiqué sur mon blog, dès le premier jour, mes motivations bien clairement fondées sur des principes bien précis, ne taisant pas que je venais avec des valeurs qui me feront repartir le cas échéant.
Le CPR semble hélas fouler au pied ces principes ainsi que le démontre l'actuelle crise au pays qui, comme je l'ai répété à plusieurs reprises, n'a que du bon, mettant à nu la réalité des choses, permettant d'avancer vers le meilleur.
Je me permets, à cette occasion, de noter que je place mon action sous la devise du service véritable du peuple et d'un islam dont je fais une lecture rénovée. Le patronyme que je porte le permettant, j'ai d'ailleurs choisi pour nom de mon action politique celui de Hached Ibn Affen.
Je prétends porter à mon peuple l'amour qu'il est en droit d'exiger de tout politicien, comme osa le lui donner mon corégionnaire, natif de mes îles kerkennah et dont je porte aussi le prénom.
Et, à l'islam, qui est pour moi une culture avant d'être un culte, j'entends apporter une réforme de cette lecture qui tarde, et qui serait de nature similaire à l'acte majeur du troisième Calife Majeur, à savoir le sauver de la disparition inéluctable s'il reste en l'état, soumis à une interprétation obscurantiste et xénophobe. C'est bien sûr l'islam des Lumières retrouvé, un islam dont l'approche est rénovée selon ses deux principes fondamentaux que sont sa scientificité et son universalité.
Aussi, je me mets à votre disposition, et s'il le faut, je me retire incontinent d'un parti que je viens juste de rejoindre avant qu'il ne donne les signes actuels de la flagrante remise en cause de ses fondamentaux.
J'y suis prêt comme je le suis pour un sort similaire à celui du dernier martyr de la Révolution, Chokri Belaid. Dois-je le rappeler, il fut aussi la destinée des personnes dont je me réclame pour mon nom de guerre politique ? Nom de guerre, certes, mais qui n'a rien de belliqueux, étant un appel à un ordre amoureux dans le cadre d'une conception compréhensive de la politique.          
On a besoin aujourd'hui, plus que jamais, de fonder un espace de démocratie en Méditerranée auquel notre pays, avec son Coup du peuple magistral, a appelé tous ses partenaires. J'entends y travailler, avec vous ou non.
En postmodernité, on n'est plus soi, avec un « s » minuscule, ce qui correspond à une individualité dépassée; on est Soi, avec un « S » majuscule, ce qui veut dire qu'on est fait et défait par l'attitude de l'autre; on ne pense même pas, on est pensé par nos conditions de vie.
Mais, avant tout, bon courage M. Jebali ! Que la chance vous accompagne. Vous êtes un homme juste et la voie des justes est l'empyrée terrestre.

Publié sur Leaders